La Chambre ivoirienne des experts-conseil en évaluation environnementale et sociale (Civexes) sera investie le 28 juin au ministère des Affaires étrangères. Et lors de l’annonce de cette information, hier, au cours d’une conférence de presse, les experts en Environnement ont saisi l’occasion pour se prononcer sur les inondations à Abidjan.
Les raisons des inondations à Abidjan avec son corollaire de morts sont connues selon la Chambre ivoirienne des experts-conseil en évaluation environnementale et sociale (Civexes). La première raison, est celle du changement climatique lié aux activités de développement menées par les populations et qui sont mal maîtrisées sur le plan environnemental. Toute chose qui a pour conséquence la non-maîtrise des régimes pluviométriques qui se manifestent par des quantités importantes de pluies. La seconde raison est le facteur humain lié aux plans d’aménagements urbains actuels qui montrent des limites. Car, les habitats sont construits dans des zones inondables et orageuses qui s’inondent lors des grandes pluies. Ces informations ont été données hier par le Président de la Civexes, Namory Traoré, lors d’une conférence de presse sur l’investiture du Bureau exécutif et du lancement des activités de la Chambre qui aura lieu le 28 juin. Il a poursuivi en révélant que le système de drainage des eaux pluviales est aussi un autre facteur. «Le ministère en charge de la Construction et de l’assainissement veille à ce que nos cités soient toujours drainées. Et on construit des caniveaux pour recueillir uniquement les eaux pluviales mais malheureusement les caniveaux deviennent des poubelles. Et lorsqu’ils sont bouchés par les ordures ménagères et particulièrement par les sachets plastiques, l’eau pluviale censée être dans ces caniveaux stagne et ceux-ci ne jouent plus leur rôle. Comme l’eau ne peut pas rester en place, elle déborde dans les concessions et occasionne les drames que nous connaissons. Malheureusement, chaque année, c’est la même chose. Tous ces projets immobiliers qui se multiplient dans la ville d’Abidjan assez souvent ne sont pas précédés d’une étude d’impact environnemental et social. C’est pour cela que la Chambre des experts est importante. Et lorsque vous faites un projet qui n’est précédé de cette étude, vous ne maîtriserez pas les conséquences», a-t-il déploré.
Ce que préconisent les experts
Le Président de la Civexes a ajouté que le rôle des Experts-conseil en évaluation environnementale et sociale, est de conseiller les promoteurs immobiliers sur les dispositions environnementales et techniques à prendre pour éviter ce genre de situation : «Mais encore, il faudrait que les promoteurs immobiliers fassent réaliser des études d’impact chaque fois qu’ils ont un projet à réaliser. La Chambre vient justement en appui aux Autorités du secteur de l’environnement pour amener les populations à prendre conscience de la nécessité de faire précéder tous leurs projets de développement par des études d’évaluation environnementale et sociale. C’est l’une des raisons de création de la Chambre parce que ce métier n’est pas connu de tout le monde et faire connaître à tous les opérateurs économiques l’importance des études environnementales est notre objectif. Les évaluations environnementales sont relativement récentes dans notre pays. Et aujourd’hui on ne peut entreprendre un projet sans qu’il ne soit précédé d’une étude d’impact environnementale et lorsque vous arrivez à la mise en œuvre du projet, vous avez la surveillance environnementale du projet et aussi un audit environnemental. Le gouvernement ivoirien a pris conscience de la nécessité de protéger l’environnement quelle que soit la nature du projet». Mais bien avant, Namory Traoré a fait l’historique de la création de la Chambre des experts. «Le projet d’organisation du milieu de l’Évaluation Environnementale et sociale a été initié depuis 2002 après le retour d’un séminaire international de formation en Évaluation Environnementale qui s’est tenue à Namur en Belgique et auquel ont participé certains cadres du domaine. Ce séminaire recommandait, entre autres, aux participants venus de divers pays du monde, de créer dans leurs pays respectifs une filiale de l’Association internationale pour l’évaluation d’impact (Aiei). C’est dans ce contexte qu’une association des experts en évaluation environnementale et sociale a été créée au Bnetd en Septembre 2002 mais cette tentative n’a pas prospéré dans la mesure où en dehors de la rencontre de l’AG constitutive de l’association, aucune autre réunion n’a eu lieu », a-t-il révélé. Avant d’ajouter : «Il a fallu attendre 11 ans, soit en 2013 pour avoir une nouvelle initiative d’organisation du secteur sous l’impulsion d’un groupe restreint. Qui a préparé le projet de statut de la Chambre. En 2015, suite aux différentes interpellations de représentants d’institutions internationales face aux lacunes et manquements observés dans le domaine de l’Évaluation Environnementale, des réflexions vont être de nouveau menées en vue de la création de la Chambre.
C’est ainsi que depuis le mois de mai 2016, des rencontres s’appuyant sur un petit comité de réflexion sont organisées. Le projet de création de la Chambre vise à minimiser l’anarchie et faciliter la liberté de constitution de ses corps professionnels. Il s’agira donc pour la CIVEXES de contribuer à la régularisation du secteur de l’Expertise en Évaluation Environnementale et Sociale par la mise en place de la Chambre. Ce qui passe par l’organisation des différents professionnels exerçant dans le secteur de l’environnement. L’Assemblée générale a eu lieu le 12 août 2017 à l’hôtel Belle-côte ». Namory Traoré a indiqué que la cérémonie d’investiture du Bureau exécutif et de lancement des activités du Civexes du 28 juin à la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères, sera sous le parrainage du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly et la présidence du ministre de l’Environnement, Anne Ouloto.
Napargalé Marie