Les exploits réalisés par Ta Lou Marie Josée sur les différentes étapes de la Diamond League ne surprennent guère Anthony Koffi. Qui a travaillé d’arrache pied avec son athlète avant ce rendez-vous.
Ta Lou Marie Josée enchaîne les performances ces derniers temps. Quels commentaires ?
Cette saison, il n’y a pas de gros challenges en tant que tel. Nous avons les championnats d’Afrique qui débutent en août. Les athlètes de haut niveau arrivent à gagner leur vie à travers leur classement mondial. Donc tout le monde est focalisé sur la Diamond League et la World Challenge parce qu’il faut bien vivre. Ta Lou a été préparée pour ces compétitions. Pour faire les championnats du monde l’année prochaine il faut être costaud. Elle a été préparée dans cet objectif. Pour le moment ça marche et on espère que ça va continuer ainsi.
Qu’est-ce que vous avez ressenti lorsqu’elle a remporté les premières courses ?
Je n’étais pas surpris. Parce que Ta Lou a ses points forts et ses points faibles. On a travaillé les points faibles. Dieu merci ça commence à marcher. Elle joue aussi sur ses points forts, c’est-à-dire finir très fort ses courses. C’est à ce niveau qu’elle fait la différence.
Sur quel aspect avez-vous concrètement travaillé à Sassandra ?
On est parti à Sassandra au mois de décembre. On était en phase de préparation de base. On a travaillé l’endurance spécifique sur les côtes, on a peaufiné la préparation sur les pistes à Abidjan. On a travaillé la vitesse avant d’aller au championnat du monde en salle. On a bossé dans la tranquillité à Sassandra et l’environnement était adéquat.
Est-ce à dire que s’il y a de gros moyens on peut avoir des performances beaucoup plus meilleures ?
Bien sûr. Nous sommes partis à San Pedro avec un budget réduit. J’ai une maison dans cette ville. Tous les 4 athlètes logeaient chez moi. La plage on ne la paye pas pour s’entraîner. On a payé que le carburant et la nourriture. Si on nous donne les moyens on n’a pas besoin d’aller en Europe. On peut tout faire et bien faire ici. On peut faire une préparation à Man, Assinie etc. Le fait de varier les lieux de préparation est très bon psychologiquement.
Etes-vous en contact avec Ta Lou ?
Tout à fait on s’appelle régulièrement. J’étais à Shanghai avec elle. Je suis rentré parce que j’avais une formation au Cno. Je n’ai pas pu être à Eugène et à Rome. Mais elle m’appelle et je lui dis ce qu’il y à faire.
Peut-on dire que toutes les concurrentes ne font plus désormais peur à Ta Lou ?
Aujourd’hui, c’est Ta Lou qui fait peur à toutes ses concurrentes. Les choses ont changé. Lorsqu’on regarde sa taille elle n’effraye pas mais sur la piste elle impressionne. Aujourd’hui elle a beaucoup plus d’assurance. Nous sommes fiers d’elle.
Engagée sur la Diamond League, Murielle Ahouré a du mal à s’imposer. A quoi est-ce que cela est dû ?
Elle n’a pas de mal à s’imposer. J’ai dit que Murielle Ahouré allait revenir à son meilleur niveau. Au championnat du monde en salle à Londres, elle est revenue à son meilleur niveau. Elle a gagné. Depuis elle n’est pas loin du podium. Il n’y a pas de compétition entre Ta Lou et Murielle Ahouré. Ce sont deux Ivoiriennes qui courent pour le même drapeau mais dans deux couloirs différents selon les règlements de la compétition. Quand Serena Williams et sa sœur sont en compétition, il y a forcement une qui gagne. Aujourd’hui, Ta Lou gagne, demain Murielle Ahouré va gagner.
Qu’en est-il des autres athlètes ivoiriens ?
Cissé Gueu Arthur est entrain de progresser. Il a battu son record en France sur 100 m. Aujourd’hui, il est à 10’’18. Il est à deux foulées de 9s au 100 m. J’avais dit qu’il sera le deuxième ivoirien après Méïté à courir sous les 10 s. S’il ne prend pas la grosse tête, il va aller très vite. Ben Youssef a eu un retard dans sa préparation parce qu’il a eu un souci de famille. Il a repris. Il a couru à Eugène parce qu’il n’avait pas le choix. C’était la Diamond League de son sponsor Nike. Il n’a pas couru à Rome parce qu’il n’a pas été invité. Wilfried s’était préparé. Mais c’est l’un des cerveaux en matière de finances. Il devait courir à Eugène mais il a eu une opportunité de travail. On a fait un choix. Depuis un mois il est au Luxembourg où il travaille dans une société internationale.
On ne le verra donc plus sur les pistes ?
Il est toujours athlète. Il sera présent au championnat d’Afrique. Seulement qu’il ne peut pas courir chaque semaine comme les autres.
Réalisée par Moïse N’Guessan