L’actualité récente liée aux VTC (Voitures de Transport avec Chauffeur) a suscité l’éclosion à Abidjan d’applications mobiles dans le domaine des transports. ‘’Treiize Taxi’’, ‘’Mon Woyo », « e-Warren »… Pour ne citer que celles-ci. Mais cette floraison se heurte à des contraintes, comme nous l’explique Wapary Diarrassouba, dans cet entretien accordé à L’Expression.
Vous êtes la présidente fondatrice de Nov’Act, un cabinet de conseil dédié à la conduite de l’innovation et du changement créé en 2014. Comment cet engagement se matérialise-t-il dans le secteur du transport public ?
Nov’Act accompagne effectivement les institutions à intégrer dans leur système de fonctionnement les outils de l’ère du numérique. Dans le cas des Transports publics d’Abidjan, nous avons initié dès 2017 des propositions concrètes auprès du ministère des Transports, et de la SOTRA. La mise en place de l’Amuga, qui a justement vocation d’amélioration de la mobilité urbaine du grand Abidjan, a donné le coup d’envoi d’une réflexion stratégique sur l’apport des nouvelles technologies. Trois axes prioritaires ont été retenus, à savoir un Plan des transports urbains de la ville d’Abidjan, un guide pratique des transports publics d’Abidjan et une application d’aide au choix des modes de transport «Amuga – Mon trajet» dédiée au grand public nouvellement accessible sur les Stores.
En dehors du secteur du transport, est-il possible de quantifier les applications mobiles déjà entrées dans les mœurs des Ivoiriens ?
Il n’est pas aisé de s’aventurer sur des hypothèses. En revanche, je peux saluer le fait qu’il y ait effectivement une multitude de créativités qui devraient se démarquer lors d’utilisations spécifiques sur le terrain. Les offres multiples reflètent l’expression de besoins réels. Finalement, c’est l’usager qui va donner la valeur à l’objet, ce qui devrait permettre à l’initiateur de rentabiliser son projet.
La floraison de ces applications n’engendre-t-elle pas des contraintes ?
Pendant un certain temps, les applications peuvent se chevaucher sur le marché, mais, sur la durée, la sélection se fera de manière naturelle. En cas de demande de requête payante, rares sont les personnes qui auront un budget à disposition. Une application gratuite attire naturellement davantage. Je veux souligner que, seuls le temps et le nombre d’utilisateurs peuvent déterminer la durée de vie d’une application.
Tout un chacun peut-il concevoir son application et la mettre en exploitation sur le marché ?
Aujourd’hui, on constate un nouveau type de fonctionnement sur le Web avec les Open Data, c’est-à-dire les données ouvertes à l’utilisation du grand public. A l’aide de ces données ouvertes, chacun peut faire l’exploitation souhaitée. Cette formule de libre accès est même encouragée par certaines organisations qui souhaitent voir amplifier cette liberté d’accès aux informations. Dans le domaine du transport, il y a divers éléments disponibles sur Open Street Map. Libre à chacun de s’en servir, mais sous la tutelle du ministère qui a pour rôle d’assister tous ceux qui conçoivent ces applications pour mieux avancer et surtout prévenir les tensions qui pourraient exister entre eux de sorte à favoriser un meilleur service.
En parlant de tension. Du fait de leur guéguerre avec les VTC, les chauffeurs de taxi-compteurs ont décidé eux aussi de créer leur application. Ce type de projet peut-il réussir ? Si oui, que doivent faire les concepteurs pour qu’elle survive ?
Je dirai qu’il faut essentiellement rester centré sur les besoins des usagers. C’est la valeur ajoutée qu’ils apporteront à cette application qui sera importante. Cela va au-delà des petites frustrations éventuelles entre eux. S’ils créent cette application pour améliorer l’offre de transport, ce serait effectivement une bonne chose. Une fois cet objectif défini, la valeur ajoutée constituera le noyau auquel pourront s’adjoindre d’autres éléments. A vrai dire, que vont-ils apporter aux usagers ? Les questions «pourquoi», «comment» et «quoi» sont les trois fondamentales. Le pourquoi reste le noyau.
Réalisé par Isaac K.