Avant son départ pour le Liban, le Nonce Apostolique, Mgr Joseph Spiteri, confie à l’Expression ses impressions sur la Côte d’Ivoire et son souhait de paix pour ce pays. Il donne les recettes afin que les prochaines élections soient paisibles et transparentes.
Vous quittez la Côte d’Ivoire pour le Liban. Après plusieurs années dans ce pays, quelles sont les impressions qui vous animent à l’aube de votre départ ?
C’est avec un peu de tristesse que je quitte la Côte d’Ivoire. Après quatre ans et demi de grâces, de dons partagés, je rends grâce à DIEU pour tous les dons que j’ai reçus, que le SEIGNEUR m’a fait à travers les rencontres avec mes frères Evêques et toutes les personnes rencontrées en Côte d’Ivoire. Je garderai toujours un souvenir très fort de la Côte d’Ivoire, des régions que j’ai eu la possibilité de visiter et de connaître. Et surtout les personnes que j’ai visitées. Les visages des enfants, l’espoir de la jeunesse, la sagesse des personnes âgées et la beauté de cette expérience du vivre ensemble. C’est tout ce qui constitue la Côte d’Ivoire dans sa diversité.
D’aucuns disent que ce sont vos critiques à l’égard des autorités politiques qui auraient provoqué votre départ et que vous auriez même reçu des menaces de mort. Que répondez-vous à ces commentaires ?
J’ai déjà apporté des éclaircissements, j’ai fait des démentis. J’ai toujours reçu un soutien et une oreille attentive de toutes les autorités. C’est normal. Pour nous, après deux, trois voire quatre ans, nous changeons de lieu et nous recevons de nouvelles missions. Ce qui est normal. D’ailleurs, j’ai déjà à plusieurs reprises démenti cette information.
Dans tous vos discours, vous ne cessez d’interpeller les hommes politiques et les Ivoiriens sur la cohésion et l’importance de la fraternité…
Je pense que c’est la chose la plus fondamentale pour nous tous en tant qu’êtres humains. Si le Bon DIEU nous a créés comme frères et sœurs, notre grand défi est de découvrir la signification la plus profonde d’être une seule famille. Les différences font partie de notre être, DIEU nous a créés uniques, IL ne crée jamais de photocopie. Les différences font partie de nous, de notre vie. C’est comme dans une famille où la fille ou le fils aîné est différent du plus jeune mais ils sont appelés à vivre ensemble. C’est ainsi dans la société, les partis politiques sont nécessaires pour le fonctionnement normal social, civil du pays mais cela ne signifie pas que l’on doit toujours être en guerre. Je veux dire que la rivalité politique est normale et aide aussi à développer un pays mais ne doit pas être un risque pour la fraternité. Mais bien au contraire, la fraternité aide à grandir ensemble, à trouver des solutions adaptées, réelles et partagées par tous et pour tous.
Et quelles sont les recettes pour y arriver ?
Les prochaines élections sont un moment très important. Dans une vision de démocratie partagée, décentralisée, pouvoir choisir des représentants de communes et de régions, c’est très important. C’est la démocratie qui est toujours en contact avec la base de la population. C’est un défi très important pour tout le monde et une possibilité pour tous les partis politiques d’y participer. Cela dépend aussi de la société civile et de toutes les autorités afin de créer l’esprit nécessaire pour le déroulement d’élections paisibles, transparentes, paisibles et justes. Dans la vie démocratique d’un peuple, il est toujours important de rappeler les trois piliers de la révolution française que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Pour la liberté et l’égalité, les structures démocratiques et juridiques ont fait beaucoup de progrès dans le sens que nous avons la reconnaissance de l’égalité de chaque citoyen dans tous les pays du monde, la reconnaissance de la liberté privée, individuelle et sociale mais on oublie toujours la fraternité. Et pourtant, la liberté et l’égalité trouveront plus de force si elles sont vécues dans un esprit fraternel entre tous les citoyens.
Peut-on avoir une idée de votre successeur et de la date de sa venue ?
Non, malheureusement. Il faudra attendre un peu.
Napargalé Marie