Dans une note le 15 septembre 2020, je manifestais ma joie de voir notre Conseil Constitutionnel dire le droit de manière pédagogique et limpide au moment de l’annonce officielle des candidats retenus pour la prochaine élection présidentielle d’octobre 2020. Au lendemain de l’annonce officielle des candidatures retenues, j’avais espéré que ceux qui se prétendent chantres de la démocratie et experts en Droit Constitutionnel allaient enfin montrer un peu de respect pour notre prestigieuse Institution, le Conseil Constitutionnel. Non ! Même certains candidats retenus ont osé remettre en cause l’existence du Conseil Constitutionnel. C’est comme s’ils disaient : j’ai été reçu à cet examen mais je suis contre la décision d’admission d’un tel. Cela est tellement puéril et enfantin qu’il y a à désespérer de cette catégorie d’hommes politiques ivoiriens qui veulent une chose et son contraire.
Je l’ai dit et je le répète, les jérémiades et les gesticulations politiciennes après la décision du Conseil Constitutionnel ne pourront rien changer. Il nous faut aller aux élections dans la sérénité malgré les menaces et autres intimidations que nous observons et entendons par ci et par là.
Concernant les menaces et intimidations, je voudrais signaler celles proférées par notre ancien Président de l’Assemblée, Monsieur Kigbafori Soro Guillaume, au cours d’une conférence de presse qu’il a prononcée le 17 septembre 2020 à Paris en France, sur les bords de la Seine à plus de 6000 Km de la Lagune Ebrié.
Je voudrais, avant d’aller plus loin dans mes propos, dire que j’ai toujours eu du respect pour notre ancien Premier Ministre, même si je ne partage pas ses méthodes de tentative d’arrivée au pouvoir. Cependant, le contenu de ses propos publics et l’irrévérence dont il fait preuve chaque fois qu’il parle de notre président de la République, Son Excellence Alassane OUATTARA m’obligent à constater que j’ai eu tort de lui accorder du respect.
En l’écoutant, je me suis demandé s’il s’agissait du même Soro Guillaume
En effet, tous ceux de ma génération qui ont eu un tant soit peu d’éducation donnée par nos parents ne s’autoriseront jamais à tenir des propos injurieux sur nos aînés à plus forte raison sur le Président de la République. En plus de 10 années de prise de parole publique, je me suis toujours interdit d’être injurieux ou irrévérencieux ; j’ai toujours dit ce que je considère comme ma conviction en évitant, autant que faire se peut, de m’éloigner de la morale sociale.
Ceci étant dit, revenons aux dernières déclarations de Soro Guillaume. Il dit en substance que tant que lui Soro Guillaume n’est pas candidat, il n’y aura pas d’élection en Côte d’Ivoire et il ajoute qu’il n’ira pas à une élection tant que le président Ouattara sera candidat. Il a insisté au cours de sa conférence de presse sur le fait qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle le 31 octobre 2020.
En l’écoutant, je me suis demandé s’il s’agissait du même Soro Guillaume que nous avons connu. Le constat est que contrairement à la bonne éducation de Senoufo qu’il a reçue, il s’est mis dans une posture d’arrogance et de suffisance incroyable. Son ego personnel exacerbé a pris le pas sur l’humilité qui s’impose quand on est ou on veut rester un grand homme, un véritable leader. Le véritable leader ce n’est pas celui qui considère que sans lui rien ne peut se faire sur la terre des hommes. Nos vies sont tellement éphémères que j’ai toujours demandé que nous terminions nos propos et nos pensées par « Ni Allah Sonan » : si Dieu le veut.
Dans ses propos, Soro Guillaume, en compagnie de ses pseudo juristes à la peau blanche (comme si la peau blanche était synonyme de connaissance et d’intelligence) se permet d’insulter l’intelligence de nos éminents juges Constitutionnels qu’il traite avec des mots irrévérencieux que la décence ne m’autorise pas à reprendre ici. Il prétend même que ses amis de la Cour Africaine de Droits de l’Homme d’Arusha sont plus qualifiés que nos juges Constitutionnels. Cette Cour qui certainement a dû recevoir quelques avantages et promesses de Monsieur Soro Guillaume n’est pas au-dessus de l’Etat souverain de Côte d’Ivoire. La décision de nos Juges Constitutionnelle avec à leur tête Monsieur Koné Mamadou est sans recours. Il est insultant de la part de Soro Guillaume et de ses amis de prétendre que cette Cour va se substituer aux Institutions ivoiriennes.
Je voudrais pour terminer dire ceci. LES IVOIRIENS NE VEULENT PLUS REVIVRE LES ERREMENTS POLITIQUES DES DEUX DERNIERES DECENIES.
En 2002, par incompétence notoire, le pouvoir d’alors a laissé se perpétuer une tentative de coup d’état qui s’est muée en rébellion.
2020, ce n’est pas 2002. Oui ! En 2002, par incompétence notoire, le pouvoir d’alors a laissé se perpétuer une tentative de coup d’état qui s’est muée en rébellion. Nous connaissons la suite de cette rébellion. Des dizaines de milliers de morts inutiles. Nous sommes en 2020 : il n’y aura plus de femmes danseuses d’Adjanou qui se feront assassinées comme ce fut le cas au moment du déclenchement de la rébellion en septembre 2002. Il n’y aura plus de gendarmes ni d’enfants de gendarmes qui seront froidement abattus. Il n’y aura plus de centaines de civils tués à Daloa. Il n’y aura plus de chefs de guerre qui vont enfermer des individus dans un container et y jeter des explosifs comme ce fut le cas à Korhogo pendant les premiers moments de la rébellion. Il n’y aura plus de KAS ni de IB tué inutilement. Monsieur Soro Guillaume et ses suiveurs doivent comprendre cela et arrêter leurs stratégies de communication qui visent essentiellement à créer la peur chez nos concitoyens.
Ce qui est certain, les âmes des milliers de morts de nos turpitudes politiques veillent sur le peuple de Côte d’Ivoire. Je le répète, 2020 n’est pas 2002 et nous comptons sur le Président Alassane OUATTARA et sur son Gouvernement pour confirmer leur mission régalienne de protection des ivoiriens, de maintien de l’intégrité et de la sécurité de notre pays.
Enfin, il est bon que tous ceux qui ambitionnent, comme Monsieur BEDIE, s’associer à un dessein de déstabilisation de notre pays sachent qu’ils sont nombreux les ivoiriens qui sont prêts à les en empêcher par tous les moyens. Nous voulons la paix et rien d’autre ! Et nous allons agir dans ce sens.
Le Ministre Joël N’GUESSAN
Membre du Conseil Politique du RHDP