Benjamin B.Ferencz, procureur en chef pour les États-Unis dans le procès des Einsatzgruppen en 1947, où vingt-deux dirigeants nazis furent jugés pour avoir assassiné plus d’un million de personnes, a reçu le titre de « Membre honoraire distingué de la CPI » et son buste a été dévoilé pour être hébergé en permanence dans les locaux de la Cour, à la Haye. Il a été décoré du titre de « Membre honoraire distingué » lors d’un événement en ligne organisé avec les représentants et les membres du personnel de la CPI. Le Président de la CPI, le juge Chile Eboe-Osuji, a déclaré que ce titre honorifique avait été accordé à M. Ferencz comme « un gage de l’appréciation de la Cour pour tout ce qu’il a fait et ce qu’il a représenté comme un phare dans la lutte contre l’impunité pour les crimes atroces ». Se référant à M. Ferencz comme « une légende vivante dans le domaine du droit pénal international » et une source d’inspiration pour beaucoup, le Président Eboe-Osuji a ajouté : « À plus de 100 ans, vous avez démontré ce que signifie d’avoir un engagement réel en faveur de la cause de la justice pénale internationale et ce qui peut être réalisé grâce au pouvoir de l’individu avec clarté et détermination. Par votre plaidoyer et votre force de conviction, alimentés par les horreurs dont vous avez personnellement été témoins pendant la Seconde Guerre mondiale, vous avez joué un rôle crucial dans la création de la Cour pénale internationale. Vous êtes depuis resté un solide défenseur de l’institution, appréciant son importance et sa valeur durable pour l’humanité et pour un monde plus juste». Dans ses remarques de félicitations, le Procureur Fatou Bensouda a qualifié le procureur américain de l’un de ses héros personnels et pères fondateurs de la CPI. « Dans la vie, il y a ceux qui montrent leur exemple ; ceux dont l’optimisme contagieux et le sens du but mettent l’impossible à portée de main ; ceux qui, par leur passion même, défient les lois de la nature et ne laissent pas l’âge faire obstacle à leur destin de faire le bien dans le monde, où le bien et le leadership sont cruellement nécessaires. Aujourd’hui, nous sommes en compagnie de ce créateur de tendances emblématique et nous célébrons les réalisations de sa vie dans la poursuite de ‘la loi, pas la guerre». L’heureux élu n’a pas caché sa joie devant cet honneur qui lui est fait. « La CPI, en tant que Cour de dernier recours dans un système de justice internationale dépendant des États, offre l’espoir à beaucoup de ceux qui n’ont pas d’espoir que leur voix sera entendue – qu’ils ont pas été oubliés et qu’ils ne sont pas seuls», a-t-il affirmé. Puis d’ajouter: « La protection des droits de l’homme exige la dissuasion des torts humains, et toutes les nations devraient soutenir fermement les efforts de la Cour pour aider à mettre fin à l’impunité pour les crimes qui touchent le plus toute l’humanité. À l’approche de ma 102e année, j’ai chéri les objectifs que défend la CPI tout au long de ma vie d’adulte et je rends grâce aux porteurs de flambeau qui continueront le rêve d’un monde plus humain sous l’état de droit, de peur que nous périssions de la folie de notre échec à le faire », a-t-il ajouté.
Diplômé en droit à la Harvard Law School en 1943, Ferencz s’engagea dans un bataillon d’artillerie et participa à la libération de la France sous les ordres du général Patton. Il fut ensuite transféré dans une nouvelle branche de l’armée américaine chargée de recueillir des preuves des crimes nazis. À ce titre, il participa à la libération de plusieurs camps de concentration (Buchenwald, Mauthausen, Dachau). Benjamin Berell Ferencz est né le 11 mars 1920 à Șomcuta Mare dans le județ de Satu Mare en Transylvanie (Roumanie)
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