La saison des pluies a commencé et avec elle son cortège de dégâts et de pertes en vies humaines. Dans un entretien accordé à la Rti, le Général Kili Fiacre Fagnidi, Directeur général de l’Office national de la protection civile (Onpc) dit quelles mesures ont été arrêtées.
Quelles sont les missions de l’Onpc ?
Je voudrais d’abord présenter notre compassion aux familles qui ont eu à perdre des enfants au cours de ces premières pluies. Et dire que l’Onpc est un établissement administratif dans sa forme actuelle, créé en 2000 et placé sous la tutelle technique du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Cet office a pour mission principale de prévenir les risques civils, de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de protection civile, de coordonner les secours en cas d’actions humanitaires, de contribuer à la formation des acteurs de la protection civile.
Est-ce que vous avez les experts qu’il faut dans le cadre de la sensibilisation ?
La Côte d’Ivoire regorge d’un nombre important d’experts, au niveau de l’Onpc, au niveau du Groupement des sapeurs pompiers militaires (Gspm), des structures sanitaires, du ministère de l’Environnement. Tous sont des experts de protection civile.
C’est vous qui coordonnez tout cela ?
L’Onpc a un rôle de coordonnateur. Tout comme au niveau du gouvernement où le ministre de l’Intérieur a en charge la coordination de la gestion des catastrophes quelle que soit la nature. Depuis le mois de mars, nous avons une cellule de coordination qui se réunit sous la tutelle de l’Office national de la protection civile.
Vous intervenez aussi dans le cadre des réfugiés quand il y a des conflits intercommunautaires. C’est le cas dans l’ouest de la Côte d’Ivoire
L’opc intervient pour sensibiliser les différentes parties et apporter des secours que ces réfugiés sont en droit d’attendre de l’Etat en rapport avec le ministère de la Famille, de la Protection de l’enfant. Il y a eu deux morts à l’ouest, nous a-t-on dit. Et avec le ministère de la Solidarité, nous préparons une autre mission dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Nous étions avec le Directeur de la Solidarité, nous en avons déjà parlé.
Où est-ce que vous en êtes avec le plan Orsec qui a été mis sur pied il y a quelques années. Comment est-ce qu’il fonctionne ?
Le plan Orsec, c’est d’abord l’organisation des secours. Il est mis en œuvre lorsqu’une catastrophe survient et il fonctionne avec tous les acteurs aussi bien étatiques que non étatiques. Il est pour l’Etat, l’instrument privilégié d’aide aux victimes des catastrophes, Orsec voulant dire Organisation des secours. Nous sommes en mode veille depuis le mois de mars pour prévenir justement la situation que nous vivons en ce moment.
Est-ce qu’on peut avoir le bilan de vos activités depuis que vous êtes à la tête de l’Onpc ?
Je peux dire que notre action à la tête de l’Onpc avec tous nos collègues, qu’ils soient des fonctionnaires de l’Office ou des fonctionnaires d’autres structures de l’Etat mais qui contribuent à l’action de la protection civile, est fortement appréciée et par le gouvernement et par les populations. Chaque fois qu’il y a une saison des pluies, nous sommes présents mais nous n’attendons pas, nous prenons des dispositions à partir du mois de mars de chaque année avec les collectivités territoriales. Des campagnes de sensibilisation sont menées, des séances ont lieu aussi bien dans le district d’Abidjan que dans les localités de l’intérieur du pays. A ces séances, plusieurs structures sont associées. Nous avons le rôle de coordonnateur et nous pouvons dire aujourd’hui que l’Etat a créé à l’intérieur du pays, dans les 30 régions, des centres de secours d’urgence où des pompiers civils aux côtés des autorités préfectorales et communales relaient le message de sensibilisation pour dire aux populations. Nous voulons encore saisir cette tribune pour demander à la population ivoirienne de se mettre à l’abri, parce qu’aujourd’hui nous allons privilégier notre campagne de sensibilisation. Il faut sensibiliser pour prévenir avant que les dommages ne surviennent.
Est-ce que cette sensibilisation est permanente ?
La sensibilisation est permanente. Nous n’attendons pas les saisons de pluies, nous n’attendons pas la période de saison sèche pour démarrer la sensibilisation. Nous avons des équipes qui sillonnent la Côte d’Ivoire. Au niveau du District d’Abidjan, nous travaillons en étroite collaboration avec les communes, les Directeurs techniques des mairies sont nos interlocuteurs et dans ces localités, nous organisons des séances. La presse ne nous suit pas toujours car c’est notre travail au quotidien. Sinon, nous organisons régulièrement des séances de sensibilisation contre les fléaux pour protéger les populations.
Est-ce que vous faites de la répression après la prévention surtout en période de catastrophes ?
L’Onpc n’a pas vocation à faire de la répression. Les structures sous tutelle du ministère de l’Intérieur également. La répression en matière de protection civile relève des tribunaux. Je cite un exemple : lorsqu’une zone a été déguerpie et qu’elle est recolonisée, il appartient au ministère de la Construction d’engager les procédures qu’il faut pour éviter la recolonisation. Le ministère de la Construction est un partenaire privilégié de l’Onpc, nous sommes membres du conseil d’administration de l’Office national de l’Assainissement et du drainage et nous avons des rapports professionnels très suivis avec la Direction générale de la Construction.
Et vous avez le retour de leurs activités ?
Nous avons le retour et nous nous retrouvons régulièrement sur le terrain ensemble. J’ai apprécié tout à l’heure l’élément qui est passé sur la visite du ministre de la Construction, lorsqu’on demande aux Ivoiriens de ne pas boucher les caniveaux. C’est ce message que nous lançons, nous appelons à leur esprit de civisme.
les populations doivent faire preuve de civisme
Parlant de sites recolonisés, on déguerpit des individus sur un site que nous connaissons tous dans le District d’Abidjan et quelques années plus tard, ces individus reviennent sachant que ces sites sont à risques. On attend toujours la veille de la saison des pluies pour mener une campagne pour dire qu’il y a deux ou trois morts. Est-ce qu’on peut prendre des dispositions pour que cela cesse définitivement à Abidjan ?
Des dispositions sont prises. Il faut que chaque Ivoirien fasse preuve de civisme et non attendre tout de l’Etat. Si l’on vous dit que c’est une zone à risque, il ne faut pas y habiter. Je pense que chacun devrait d’abord préserver sa vie. L’Etat joue son rôle mais chaque citoyen ivoirien doit également jouer le sien. C’est très souvent qu’on entend que la zone est recolonisée mais recolonisée par qui ? Par notre indiscipline et ça aussi est un problème auquel nous sommes réellement confrontés. Lorsque l’Etat dégage des moyens et que nous procédons à des déguerpissements des zones, c’est pour que la population n’y revienne pas et le ministère de la Construction s’emploie à faire respecter les zones déguerpies afin qu’elles ne soient plus recolonisées.
Avec la somme d’expériences que vous avez, vous savez que chaque année, on n’est obligé de repartir sur les mêmes sites pour dire qu’il y a inondations, catastrophes et des morts. En cas d’inondations extrêmes, est-ce que vous avez les moyens, pour la structure que vous coordonnez avec les différents ministères, pour intervenir ?
D’abord, pour qu’on ait une inondation extrême, c’est que nous sommes en alerte rouge. L’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas connu beaucoup de cas de ce genre mais lorsque la situation se présente à nous, toutes les structures de l’Etat sont mises à contribution de même que les partenaires privés, les services de secours, les services de santé et dans le cadre de la présente campagne, le ministère de la Santé a procédé à un recensement de formations sanitaires devant accueillir les victimes. Toutes les structures sont impliquées aussi bien les ministères des Transports, de la Construction que de l’Environnement. De grandes opérations sont menées ensemble, l’Office national de la Protection civile assure la coordination.
La semaine prochaine, nous avons encore des actions dans le District d’Abidjan, nous avons commencé ces actions depuis mardi et qu’on ne dise pas toujours que nous attendons la saison des pluies parce que nous prenons des dispositions bien avant. Mais la pluie est un phénomène naturel, nous la souhaitons tous. Rappelez vous le Chef de l’Etat le 1er mai, quand on a parlé de pénurie d’eau à Bouaké, après avoir donné la réponse disait : «souhaitons qu’il pleuve ». La pluie est une bonne chose et nous citoyens ivoiriens avons intérêt à nous discipliner en évitant de boucher les trous, en évitant de jeter les déchets solides dans les caniveaux. Cela fait partie de la l’Education. Nous avons demandé aux différentes mairies de recenser les sites pouvant abriter les populations sinistrées. Nous avons une réunion mardi au ministère de l’Intérieur
Napargalé Marie/ Propos recueillis sur la Rti