Trois présumés trafiquants d’ivoires d’éléphants ont été mis aux arrêts le vendredi 11 novembre 2022 à Korhogo, localité située à l’extrême nord de la Côte d’Ivoire avec quatre morceaux de défenses d’éléphants pesant 26 kg. Les deux premiers trafiquants dont un animateur de radio locale ont été interpellés au moment où ils s’apprêtaient à écouler les ivoires d’éléphants marquées dans une enceinte de la ville. Le troisième, un bijoutier à quant à lui été interpellé dans la même journée du vendredi suite aux enquêtes. Les arrestations ont été possibles grâce au fruit de la collaboration entre l’Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale Organisée (UCT), la Direction de la Police forestière et de l’Eau du Ministère des Eaux et Forêts (DPFE-MINEF) et EAGLE-Côte d’Ivoire dont ils ont bénéficié l’assistance technique.
C’est en début de la matinée du vendredi 11 novembre 2022 que les hommes de l’UCT, et de la DPFE-MINEF avec l’appui technique de EAGLE – Côte d’Ivoire, une ONG spécialisée dans la lutte contre le trafic des espèces animales sauvages protégées sont arrivées dans la ville de Korhogo où les deux premiers présumés trafiquants d’ivoires d’éléphants s’apprêtaient à passer à la vente de leur contrebande.
Suite à l’arrestation, ce sont au total quatre pièces d’ivoires d’éléphants marqués ont été saisis et deux personnes interpellées sur l’instant. L’un d’eux, un animateur de radio était chargé de chercher de potentiels acheteurs des ivoires appartenant au deuxième présumé propriétaire des ivoires.
L’interpellation faite, les éléments de l’UCT remontent de fil en aiguille pour mettre le grappin dans la soirée du vendredi sur une troisième personne dans une bijouterie de la ville. A l’instar de l’animateur de radio, ce dernier était également chargé de chercher de potentiels acheteurs. Il est possible que les ivoires aient été amenée illégalement depuis le Mali. Le marquage sur les ivoires montre que les ivoires ont été déjà saisies auparavant. En effet la procédure veut que les autorités une fois une saisie d’ivoire faite marquent les défenses afin de les inventorier et les stocker. Il reste encore à établir de quel stock et de quel pays les ivoires proviennent mais cela indique un haut niveau de corruption. Les agents censés être les garants de la loi et de la protection des éléphants ayant vendus sur le marché noir les ivoires, réinjectant dans le trafic des produits illégaux qui en avaient été enlevés, rendant caduque l’application de la loi précédente.
Arrêtés, pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale de produits fauniques, les prévenus ont été placés dans la foulée en garde à vue au Commissariat de Korhogo. Après quoi, ils ont été déférés le lundi 14 novembre 2022 au Tribunal de Première instance de Korhogo. L’affaire a été mise en procédure de flagrant délit et les suspects ont été placés sous mandat de dépôt.
Si les trois contrebandiers sont reconnus coupables, ils risquent une peine de prison allant de 2 à 12 mois assortie d’une amende de 3000 à 300.000 FCFA si l’on se réfère à l’article N°65-255 du 4 août 1965 relatif à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse. Une peine peu dissuasive pour les trafiquants au regard de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la population d’éléphants.
Pour rappel, la loi faunique ivoirienne est loin d’être dissuasive alors que la situation des espèces protégées est de plus en plus alarmante, notamment celle des éléphants, tués principalement pour leurs ivoires. Le commerce international de l’ivoire est déclaré illégal depuis 1989, mais les populations d’éléphants d’Afrique continuent de décroître. Chaque année, 20 000 à 30 000 éléphants sont tués pour leurs ivoires, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF) ; équivalent entre 50 à 80 individus par jour. L’espèce ne compte plus que 415 000 pachydermes en Afrique, contre 3 à 5 millions au début du siècle dernier. En Côte d’Ivoire, les éléphants, emblèmes du pays, sont en voie d’extinction: leur nombre a baissé de moitié en trente ans. Ce sont plus de 1139 qui ont été dénombrés dans 26 habitats selon les rapports réalisés entre 1987 et 2000. Aujourd’hui le nombre d’individus ne dépasse guère les 300 selon un rapport de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature publié en 2016.
Deux grands facteurs sont considérés comme étant la cause de cette baisse drastique de l’effectif des éléphants : d’une part, l’accroissement du trafic illégal d’animaux lié à la forte demande internationale de l’ivoire et d’autre part, l’exploitation abusive des ressources naturelles nécessaires aux éléphants du fait de l’agriculture industrielle et des occupations anarchiques de leur habitat. Le commerce illégal de défenses d’éléphant est malheureusement en constante augmentation et pèse 3 milliards de dollars (soit près de 2000 milliards de francs CFA) par an avec pour principal marché l’Asie du Sud Est, avec notamment la Chine et le Vietnam comme principaux acheteurs.