Le vice-président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Alexis Deswaef, a fait vendredi devant la presse à Cocody, le point de la mission de plaidoyer menée conjointement depuis le 6 décembre 2021 en Côte d’Ivoire avec le Mouvement ivoirien des droits humains(MIDH) et la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO). Selon lui, la Cour pénale internationale (CPI) a accordé une prime à l’impunité avec l’acquittement de l’ancien président ivoirien et de son poulain poursuivis pour leur rôle dans la crise postélectorale de 2010.
« Au niveau international, l’acquittement, confirmé en appel le 31 mars 2021, de l’ancien président Laurent Gbagbo et de son ancien ministre Charles Blé Goudé par la CPI a consacré l’impunité totale désormais accordée aux auteurs des crimes de la crise postélectorale de 2010 à 2011 en Côte d’Ivoire. L’acquittement de ces deux seuls suspects poursuivis devant la CPI signifie que les plus hauts responsables de ces crimes, tant parmi les pro-Gbagbo que les pro-Ouattara, ne seront probablement jamais inquiétés », a regretté le Vice-président de la FIDH. A ses yeux, la réconciliation tant souhaitée par les Ivoiriens, a fait passer par pertes et profits les milliers de victimes de la crise postélectorale qui ne savent plus à quel saint se vouer. Il estime qu’un « processus de réconciliation nationale véritable a besoin de la lutte contre l’impunité pour dire la vérité, rendre la justice et garantir une stabilité durable ».
Les contacts avec les Ong, les partis politiques, les autorités démontrent à souhait que tous les Ivoriens rêvent de la réconciliation mais cela doit se faire en prenant en compte les victimes des crimes internationaux. « Nos organisations appellent les autorités à replacer la lutte contre l’impunité au cœur de leur action conformément à leurs engagements pris envers les victimes et condition essentielle pour garantir un processus de réconciliation véritable et inclusif », a insisté Bamba Drissa, président du MIDH. « La réconciliation ne doit pas être synonyme d’oubli et d’impunité mais bien au contraire de vérité, de reconnaissance commune et partagée et de justice. A cet égard, nos organisations appellent ivoirien à plus de transparence sur le processus de reparation au profit des victimes qui a démarré mais est actuellement interrompu », a renchéri Willy Neth, président de la LIDHO.
Nomel Essis
Légende/Le vice-président de la FIDH, Alexis Deswaef invite l’Etat à prendre en compte les victimes dans le processus de réconciliation.