Après le franc succès de la phase pilote lancée en juin 2021, le gouvernement s’apprête à lancer la campagne 2022 du projet soja par le premier ministre Patrick Achy en juin prochain dans le Bafing et le Kabadougou.
Pour la réussite de cette phase qui va porter sur 1531 ha dont 1003 ha dans la Région du Bafing et 528 ha dans le Kabadougou, une mission du ministère d’État, ministère de l’agriculture et du Développement rural, conduite par Silué Sionseligam, Directeur de l’évaluation des projets (DEP) a rencontré les populations de ces deux régions du 8 au 13 mai dernier. L’objectif de cette visite qui a permis de rencontrer les populations d’Odienné, Touba et Koro, était de porter l’information aux populations et les inviter à adhérer massivement au projet. « Nous avons enregistré les premières pluies et il était bon que nous venions échanger avec les populations pour leur donner l’information et pour les appeler à se faire identifier pour bénéficier du projet
et vous dire que l’engagement pris par le chef de l’État est une réalité », a introduit Silué Sionseligam, directeur de l’évaluation des projets. Il a, dans son exposé, annoncé les perspectives pour les prochaines campagnes avec l’implication du secteur privé. « Nous voulons asseoir une filière soja. Ce qui permettra de faire intervenir tous les maillons de la chaîne des valeurs depuis la recherche, la production, la transformation et la mise sur le marché. Des unités de transformation seront installées à Touba et Odienné. C’est pour quoi nous vous demandons de vous mobiliser et d’adhérer au projet qui ne concerne pas que les anciens producteurs mais plutôt tous ceux qui souhaitent faire la culture du soja. Il suffit juste de se faire identifier en remplissant des fiches qui seront mises à votre disposition dans les différentes directions régionales et départementales», a-t-il expliqué. Insistant sur l’adhésion massive des jeunes et femmes pour leur autonomisation, le chef de mission a indiqué que les besoins en grains de soja au niveau national étant colossaux, la production du soja sera étendue à toutes les localités du pays qui seront propices à la culture du soja.
Les populations qui ont été satisfaites des réponses apportées à leurs différentes préoccupations par le chef de délégation, n’ont pas manqué de saluer le retour du projet soja. «Nous saluons la reprise du projet soja et manquons de mots pour exprimer notre joie. Le projet viendra améliorer les revenus des producteurs qui ne seront plus dépendants uniquement de la noix de cajou. C’est aussi la bienvenue par ce qu’avec tout ce que se passe autour de nos frontières à savoir le recrutement de nos jeunes par des djihadistes, la traversée de la Méditerranée pour aller en Europe, le retour du projet viendra freiner tous ces fléaux. Nous attendons de l’État surtout un appui en matériels nécessaires même si c’est par le biais d’un privé car pour les superficies annoncées, il faudra obligatoirement des moyens mécaniques. Il faut donc des semoirs, des tracteurs, des moissonneuses-batteuses pour la réussite du projet», plaide Gaoussou Diabaté, production de soja depuis 1990 à Odienné. Pour sa part, Massandjé Chérif qui a quitté Abidjan pour venir s’installer à Touba pour la production du soja, estime que cette belle opportunité pour les femmes d’assurer leur indépendance. « Depuis l’année dernière, j’ai décidé de m’installer à Touba pour le projet soja. En 2021, le projet m’a rapporté bien qu’étant à ma première expérience. C’est une bonne occasion que nous femmes et nos jeunes devons saisir pour notre autonomie financière surtout avec la création des unités de transformation qui est annoncée», estime dame Massandjé Cherif.
Interrompu en 2002 du fait de la crise militaro-politique, la phase pilote du projet soja a été officiellement lancée à Touba le 25 octobre 2019 par le ministre d’état, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouasso Adjoumani. Sa mise en œuvre permettra la réhabilitation de toutes les fermes sémencières, des pistes menant aux parcelles, la construction de laboratoires d’analyses, l’identification de nouvelles terres pour l’extension du projet et l’installation d’unités de trans. Il permettra non seulement de créer une économie agricole intégrée, génératrice de revenus équitablement partagée entre les différents acteurs de la chaîne des valeurs, mais aussi et surtout de réduire l’exode rural et d’améliorer la qualité de vie des populations.
Cheick Bakayoko, correspondant régional