La mesure d’amnistie décidée à la veille de la fête nationale par le président Alassane Ouattara en faveur de plus 800 prisonniers dont Simone Gbagbo, Assoa Adou, Lida Kouassi, Soul To Soul a été saluée à l’unisson par tous les Ivoiriens. Sur les réseaux, on a vu les « Pro-Gbagbo ou rien » sabler le champagne et faire la fête comme des gamins qui viennent de recevoir leur premier cadeau de Noël pour saluer la libération de leurs cadres.
Une fois n’est pas coutume, ces faucons du FPI ont applaudi le président Alassane Ouattara qui leur a offert la surprise du siècle en permettant à l’épouse de Laurent Gbagbo de retrouver la liberté septs ans après la fin de la crise postélectorale. Dans cette atmosphère où la communauté internationale et tous les adversaires farouches du chef de l’Etat le félicitent, il n’y a que le PDCI qui ne reconnait pas le geste salutaire du président Alassane Ouattara. Dans le communiqué signé des mains du président de la plus vielle formation du pays, Henri Konan Bédié salue des acteurs « invisibles » qui auraient pesé de tous leur poids pour faire plier le président Ouattara. « Le PDCI-RDA remercie la communauté internationale et tous les acteurs qui ont œuvré, dans le secret, pour faciliter la prise de cette décision. Le PDCI-RDA voudrait être assuré que cette libération contribuera, à n’en point douter, à une décrispation de la vie politique dans notre pays. Le PDCI-RDA, parti de dialogue, de tolérance et de paix qui a toujours œuvré pour la liberté et le Bonheur des Ivoiriens, souhaite qu’aucun Ivoirien ne soit contraint à l’exil », lit-on dans la note transmise à la presse.
Une chose est que la communauté internationale fasse pression, une autre est que le chef de l’Etat cède aux pressions. En décembre 1999, le président Henri Konan Bédié, au plus fort de la crise avec le RDR, est resté sourd face aux conseils de la « communauté internationale et tous les acteurs » qui lui ont demandé de libérer toute la direction du RDR incarcerée à la Maca. Du haut du perchoir de l’Assemblée nationale, il a craché du feu et nargué le RDR en lui demandant de se choisir un candidat à la place d’Alassane Ouattara contraint à l’exil en France à cause d’un mandat d’arrêt lancé contre lui par le PDCI, là où il pouvait décrisper l’atmosphère et rentrer dans l’histoire. De même, pendant la mutinerie qui a débouché sur un coup d’Etat qui a balayé le pouvoir PDCI en 1999, le président de cette formation, avait à l’époque, refusé de prendre de la hauteur et d’échanger avec les mutins. Le reste du film est connu de tous. Sur la question de l’ouverture et du dialogue politique, le RDR et le RHDP n’ont aucune leçon à recevoir du PDCI RDA. Mieux, le président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio a été Premier ministre et ministre de la Justice. C’est pendant qu’il occupait ces postes que la plupart de ces procédures judiciaires ont été enclenchées. Aujourd’hui, cette amnistie s’inscrit donc dans la continuité de cet acte posé par ce haut cadre du PDCI.
Henri Konan Bédié et le PDCI RDA qui ont toujours salué l’incarcération de la plupart des cadres de l’ancien régime ne peuvent donc pas se désolidariser de ces procédures. Aujourd’hui, Alassane Ouattara a tenu un discours qui assure et rassure tous le monde, y compris ses adversaires politiques les plus irréductibles. Comme on peut le voir, le PDCI RDA doit savoir que la sagesse africaine enseigne ceci : « Quand ton chant n’est pas plus beau que le silence, tais-toi ».
N.E