La frange de l’opposition ivoirienne rassemblée au sein d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), présidé par Georges Armand Ouégnin, a remis le couvert. Composé de quatre partis politiques, l’AIRD, le RPP, l’UNG mais aussi le FPI tendance Sangaré, cette coalition « des Gbagbo ou rien » a demandé à ses militants de ne pas se faire recenser dans la perspective des prochaines joutes électorales.
Cet appel à boycotter ce processus de remise à jour de la liste électorale suscite de vives réactions au sein même de l’opposition où certaines voies crédibles ont jugé la décision inopportune en cet instant précis. Depuis Zurich en Suisse, où elle séjourne, Nathalie Yamb, la conseillère exécutive du président de Lider, a réagi sur son compte Facebook, indiquant que le boycott du recensement ne profite pas à l’opposition mais à Alassane Ouattara.
Sur les réseaux sociauxles opposants opposés à la mesure de boycott vont dans tous les sens car révoltés par le manque de logique cohérente de reconquête du pouvoir par l’opposition. Dans un communiqué signé le 15 juin, Koné Boubacar au nom du Fpi version Sangaré, « demande à ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, aux Patriotes et Démocrates de tous bords, en un mot au peuple de Côte d’Ivoire, de boycotter toutes les activités initiées et entreprises par la CEI dans son format actuel, pour barrer la route à la dictature et à l’épuration ethnique mis en œuvre par le régime Ouattara et exige la mise en place d’une Commission électorale indépendante (CEI) consensuelle, équitable et impartiale, ainsi que l’établissement d’une nouvelle liste électorale consensuelle ».
Depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, cette tendance du Fpi a boycotté toutes les actions initiées par son régime et ses démembrements. Au départ, ils ne reconnaissaient même pas le régime, mais celui-ci a fini par s’imposer à eux. Aujourd’hui, ce régime qu’ils ne reconnaissent ou ne reconnaissaient (pas) décide pour eux. Ouattara paye leur rente viagère. Il les reçoit quand il veut. Il les juge, les met en prison et les libère quand il le juge nécessaire.
De même, les « Gbagbo ou rien » n’ont pas participé aux législatives qu’ils ont boycottées mais ils adoubent les députés issus de ce scrutin. Les Yasmina Ouegnin et autres Evariste Meambly sont devenus leurs espoirs. Laurent Gbagbo lui-même reçoit en audience l’honorable Meambly à La Haye et lui passe des messages pour les Ivoiriens. Aussi, toutes les décisions prises par le Parlement dont ils n’ont pas participé à la mise en place s’imposent-elles à ces opposants.
Finalement à l’heure du bilan, qu’est que le boycott tous azimuts des élections et de l’action gouvernementale a-t-il apporté à ces opposants ? Zéro pointé. Ils sont au même niveau qu’ils avaient 11 avril 2011, date de la chute du régime de la refondation. Ils ont perdu tous leurs cadres qui étaient aux affaires. Tous dégommés et réduit à leur plus simple expression. Gbagbo et son épouse sont toujours en prison. Tout le système économique du Fpi s’est écroulé. Le parti est divisé en deux blocs. Les militants déboussolés ne savent pas à quel Saint se vouer. Tel est le tableau clinique du FPI qui n’a pas le courage de tirer les leçons du boycott. Quelle stratégie après le boycott ? La encore, zéro pointé ! Nous restons convaincu que le Fpi n’a pas d’autre choix que revenir dans le jeu politique et jouer sa partition. Compter sur des coups durs ou autres actions de masses de déstabilisation pour ébranler Alassane Ouattara est une aventure vouée à l’échec. Fpi, asseyez-vous et réfléchissez !
Traoré Moussa