Les élections municipales et régionales sont terminées. La saison des réclamations est ouverte. Tous ceux qui ont été déclarés vainqueurs par la CEI sont aux anges. Ils félicitent Youssouf Bakayoko et ses équipes pour l’excellent travail abattu.
Pour eux, tout le processus électoral s’est déroulé correctement. Ils n’ont constaté aucun bourrage des urnes. Ils n’ont porté à la connaissance de l’opinion nationale et internationale aucune irrégularité de nature à entacher la sincérité du scrutin.
Par contre, l’écrasante majorité des candidats battus dans les urnes crient à la fraude. Les défaits du RHDP chargent la CEI, le PDCI est en train de maudire la CEI, le FPI également se plaint de fraudes, les indépendants vaincus accusent la CEI d’avoir volé leur éclatante victoire. Le scenario est le même partout sur toute l’étendue du territoire national. Les avocats multiplient les déclarations et les démonstrations, les officines secrètes des partis politiques et leurs cellules de communication déversent sur la toile toutes sortes de vidéos savamment montées pour essayer de manipuler l’opinion en leur faveur.
Aucune œuvre humaine n’est parfaite. C’est en parfaite connaissance de cette réalité que la CEI a demandé la reprise du scrutin dans deux localités où les opérations électorales ne se sont pas déroulées correctement. Mais de là, à insinuer ou conclure que la CEI a volontairement tronqué les résultats et travaillé pour certains candidats au détriment des autres, est difficilement acceptable dans la mesure où chaque candidat était représenté dans tous les bureaux de vote et disposait de tous les procès-verbaux dument signés.
On pourrait bien se demander où étaient les représentants des candidats lorsque leurs adversaires faisaient le bourrage des urnes. Où étaient-ils lors du dépouillement et du décompte des voix qui se font sur place en présence de tous ? Étaient-ils drogués ou avaient-ils avalé des somnifères ?
En fin de compte, qui a volé qui ? La CEI roule finalement pour quelle chapelle si tant est qu’elle a lésé tout le monde. Une pluie de réclamation a envahi la chambre administrative de la Cour suprême qui aura fort à faire pour satisfaire tous les plaignants. Mais d’ores et déjà, avec la mauvaise foi d’une grande partie des vaincus, il y a fort à parier qu’aucune instance ne parvienne à soulager leur âmes en peine.
Le chef de l’Etat a annoncé le 6 août que bientôt des reformes seront faites en vue de former une nouvelle Commission électorale. Seulement, la nouvelle structure ne sera pas composée d’extra-terrestres mais d’ivoiriens. A l’image du serpent qui se mord la queue, les personnes impopulaires qui veulent coûte que coûte devenir maires ou députés accuseront cette structure de fraude. Le problème est que la CEI ne peut pas faire gagner quelqu’un.
Quel que soit celui qui remplacera Youssouf Bakayoko qui est PDCI (on l’oublie souvent), il ne pourra pas changer l’ordre des choses à l’ère des réseaux sociaux. Si le chef de l’Etat Alassane Ouattara et son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly pouvaient manipuler la CEI, s’ils n’étaient pas des démocrates, la commune où ils vivent (Cocody) et celle où ils travaillent n’auraient pas été remportés par leurs adversaires. Sachons rester lucides, malgré la douleur des défaites. La CEI n’est que le bouc-émissaire parfait.
Par Traoré Moussa