Le 13 octobre, auront lieu les élections municipales et régionales. Cette consultation du peuple, le vrai détenteur du pouvoir, intervient à un moment où chacun se croit populaire ou majoritaire dans le pays. Depuis la sortie de Simone Gbagbo de prison, ça défile chez elle du matin au soir.
Ce ballet incessant au domicile de l’ancienne Première dame donne des ailes à nombre de ses partisans qui pensent qu’elle est aujourd’hui devenue très populaire et qu’il faut désormais compter avec elle. Mais, dommage que la tendance du FPI proche d’elle ne participe pas au scrutin du 13 octobre qui lui aurait permis de connaître son poids réel au-delà de l’illusion d’optique. Cette même illusion qui enchante le PDCI de Bedié qui multiplie les opérations de charme en vue de sceller une union ou une alliance avec le FPI.
Mais c’est un PDCI qui méconnait son poids réel qui arpente les couloirs de la résidence de Mme Gbagbo. Pour Guikahué et ses compagnons, il s’agit ni plus ni moins d’utiliser le FPI comme béquilles pour retrouver le fauteuil présidentiel perdu un certain 24 décembre 1999. Or, les refondateurs sont convaincus, avec les prévisions de leurs nombreux charlatans de la trempe de Malachie et consort, que 2020 est « l’année de leur année ». Eux, également caressent le secret espoir d’utiliser l’autre morceau du serpent (le PDCI) pour jouer leur match retour. En clair, le PDCI et le FPI sont dans une affaire où chacun cherche à marcher sur son camarade pour exister.
Quand on regarde bien la liste des candidats, on réalise aisément que le 13 octobre sera également l’élection de la clarification entre les hommes de Guillaume Soro et ceux du RHDP unifié. Dans plusieurs localités comme Abobo, Dabou, Fresco, Abengourou, le président de l’Assemblée nationale joue gros. Si ses hommes passent haut la main, ça signifie qu’il a des arguments à faire valoir. Mais s’ils se font laminer Soro n’aura pas d’autre choix que de s’aligner et de rentrer dans les rangs s’il veut exister.
En définitive, on réalise que l’élection du 13 octobre ne sera pas une élection comme les autres. Elle mettra fin aux spéculations et aux surestimations. Ce sera l’élection de la vérité. C’est pourquoi le gouvernement a été bien inspiré de maintenir la date du 13 octobre pour que se fassent toutes les clarifications qui vont assainir le jeu politique. Quand chacun connaîtra son poids, l’humilité reviendra dans le vocabulaire de nos politiques.
La balle est dans le camp de la CEI qui a été mise en place de façon consensuelle avec la participation de tous les partis politiques et a organisé les élections législatives de décembre 2011, les élections municipales et des conseils régionaux d’avril 2013, l’élection présidentielle d’octobre 2015, le référendum d’octobre 2016, les législatives de décembre 2016 et les sénatoriales de mars 2018. Ces différentes élections ont été organisées de façon transparente et au cours de ces différents scrutins, la crédibilité de la CEI n’a jamais été remise en cause.
Vu que la CEI ne permet pas de gagner une élection, chacun doit se concentrer sur sa précampagne et éviter de disperser de l’énergie dans des débats et combats futiles. La CEI n’est que la CEI et rien d’autre. Si elle était manipulable ou aux ordres, Affi N’Guessan ne serait pas député de Bongouanou et Yasmina Ouégnin n’aurait pas battu la ministre Affoussiata Bamba-Lamine à Cocody.
Traoré Moussa