Traoré Moussa
A la surprise générale, certains musulmans ont décidé de célébrer la fête du Ramadan le vendredi, à la date non officielle, indiquée aux autorités politiques par les guides suprêmes de la communauté musulmane. A Séguéla sur 16 mosquées, une seule n’a pas prié en même temps que tous les autres Ivoiriens.
En l’occurrence, la grande mosquée. C’était la même situation à Boundiali et à Kong où dans une seule mosquée, les gens ont décidé de déconsidérer l’annonce faite par l’Imam Sékou Sylla au nom du Cosim et du Codis, selon laquelle les musulmans ivoiriens devraient célébrer le jeudi, l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de Ramadan. Certainement que pour ces gens, les trois localités où on a vu le croissant lunaire, à savoir Ouattaradougou, situé à 30 km de Duékoué, Fanfar dans la Sous-préfecture de Madiana Sokoroni dans le département d’Odienné et Zou dans le département de Bangolo, ne font pas partie de la Côte d’Ivoire.
Si le Conseil supérieur des imams, (COSIM) et le Conseil des imams Sunnites (CODIS) n’ont pas réagi vigoureusement en considérant que l’acte de rébellion ou d’insubordination était un épiphénomène, il ne devrait pas en être de même pour les pouvoirs publics car cette célébration faite dans les trois mosquées citées plus haut pourrait être considérée comme un délit de trouble à l’ordre public et traité comme tel. Pour de nombreux observateurs, il y a manifestement là, une infraction passible de poursuites judiciaires et de sanctions pénales. La conséquence de l’acte d’obscurantisme qui a amené ces gens à différer le Ramadan est qu’en fêtant vendredi, ils ont privé leur progéniture de fête car c’était un jour ouvrable et c’était le troisième jour de composition des épreuves du BEPC.
En schématisant, on dira que des enfants de personnes se disant musulmanes ont composé le jour du Ramadan. Voici où mène le ridicule. Cette situation de rébellion n’est pas nouvelle. Dans la jurisprudence de l’Islam en Côte d’Ivoire, des situations similaires de désobéissance avaient été observées sans conséquence notable pour les auteurs et co-auteurs. Si des mesures contraignantes ne sont pas prises maintenant pour mettre un terme à ces agissements en déphasage avec la cohésion sociétale, demain chacun fêtera selon ses humeurs et le jour de son choix.
Si aucune mesure n’est prise pour mettre de l’ordre, ces trois mosquées font faire des émules. Demain, ce ne sera pas trois mais 30 puis 300 mosquées qui vont se rebeller et créer la chienlit en Côte d’Ivoire. Et bonjour le désordre ! C’est de cette façon que commence l’intégrisme religieux qui a déstructuré l’harmonie et rompu le contrat social dans plusieurs pays. La liberté de culte et de religion est proclamée par la constitution mais nulle part, il n’est prescrit le libertinage, l’intégrisme ou le fondamentalisme religieux.
Fort heureusement, les personnes qui ont organisé le « ramadan-décalé » à Séguéla, Kong et à Boundiali ont des parents à Abidjan et ailleurs en Côte d’Ivoire. C’est à ces parents, amis et connaissances que revient le rôle de faire la pédagogie nécessaire pour amener tous les illuminés à comprendre qu’ils ont commis une grosse erreur, afin qu’ils ne récidivent pas. Si par la sensibilisation, ces derniers ne reviennent pas à la raison, il va falloir utiliser la force pour faire respecter les jours fériés décrétés par le gouvernement. En état de cause, il faut toujours se méfier de ces gens qui disent connaître les livres saints mieux que les autres.