Condamné à deux ans de prison ferme le 8 avril dernier, l’enseignant et syndicaliste Ghislain Assy, alias Duggary, a bénéficié ce mercredi d’une mise en liberté provisoire, ordonnée par la cour d’appel d’Abidjan. Cette liberté est cependant assortie de deux conditions, selon ses avocats.
La première consiste en une interdiction de sortie du territoire. La seconde impose à M. Assy de se présenter chaque premier lundi du mois au greffe de la cour d’appel afin de signer un registre, et ce, jusqu’à ce qu’une décision définitive soit rendue sur le fond du dossier.
Pour rappel, l’enseignant était poursuivi par le ministère public pour « coalition d’agents publics » et « entrave au fonctionnement des services publics ».
Réagissant à cette libération, Bogué Dadié Nicodème, secrétaire général national de l’Union Démocratique des Enseignants du Second Degré de Côte d’Ivoire (UDENSCI), a exprimé « un sentiment de joie », dans une déclaration à L’InfoExpress.
« Un sentiment de joie parce que les conditions dans lesquelles le camarade a été arrêté et condamné n’ont pas été civilisées. Et nous avons dénoncé cela. Satisfaits, parce que nous avons été mobilisés : tous les enseignants de Côte d’Ivoire, toute la communauté nationale et internationale se sont mobilisés pour que, enfin, notre ami puisse recouvrer la liberté et retrouver ses classes », a-t-il indiqué.
Il a également exprimé sa reconnaissance envers le groupe G8, le directoire de l’IS-MENA, les secrétaires généraux des syndicats de base, mais aussi envers le gouvernement qui, d’une certaine façon, « s’est impliqué pour que cette affaire soit résolue ».
« Merci au Premier ministre et au chef de l’État d’avoir eu une oreille attentive. Hier, nous étions en grève, ça n’a pas été facile parce que les camarades demandaient mordicus la libération d’Assy Ghislain, dit Duggary, avant de pouvoir lever le mot d’ordre. Mais nous avons dit non. Nous avons fait confiance à notre gouvernement, et le gouvernement vient de nous prouver que nous devons lui faire confiance pour la suite, c’est-à-dire pour le reversement des salaires ponctionnés dans un premier temps, et dans un second temps pour l’octroi de la prime d’incitation aux enseignants, une prime conséquente pour que l’école puisse retrouver ses lustres d’antan. »
Concernant les enjeux éducatifs actuels, le leader syndical a souligné que « Le PASEC a eu lieu et les bilans sont faibles. Nos élèves aujourd’hui, qui sont en classe de troisième, ont pratiquement le niveau de cinquième. Donc il y a un travail à faire. Pour cela, il faut que le gouvernement fasse un effort pour que la paix puisse revenir définitivement à l’école. Des moyens conséquents doivent être trouvés, les infrastructures doivent être développées, les conditions doivent être favorables pour que l’école puisse vraiment fonctionner et que les élèves soient disposés à apprendre », a-t-il indiqué.
Fulbert Yao