C’est l’histoire d’un chiffre qui fait trébucher tout un discours. 157e au rang mondial, 24e sur 54 pays africains, 2e en Afrique de l’Ouest francophone.
Oui, vous avez bien lu. La Côte d’Ivoire, dans sa tranquille ascension, vient d’offrir à l’opposition un adversaire inattendu : les faits.
Pendant que certains s’égosillent à inventer une nation effondrée, l’Indice de Développement Humain (IDH) 2025 du PNUD est venu poser un calme démenti, en trois chiffres sobres mais tranchants.
Pas besoin de meeting ni de slogan : un tableau, un rang, et tout un récit qui vacille.
La Côte d’Ivoire , une progression mais significative dans le classement de l’IDH
Ce classement n’est pas le fruit d’une fulgurance. Il est le résultat d’un cap, maintenu envers et contre tout depuis 2011.
Une vision simple mais déterminée : reconstruire, stabiliser, et investir dans l’humain, les hôpitaux, les écoles, les infrastructures, les énergies, la sécurité.
Pas de magie, juste du pragmatisme. Pas de miracle, mais de la gouvernance.
Loin des estrades et des effets de manche, le gouvernement a opté pour la brique plutôt que pour la bravade.
Et cela finit par se voir, par se mesurer.
Ce que l’IDH capte aujourd’hui, c’est la lente remontée d’un pays tombé bien bas, mais qui a refusé de se complaire dans l’indignation.
Le cauchemar de l’opposition, la Côte d’Ivoire qui avance sans elle
Pour une certaine opposition, cette progression de l’IDH a des allures de trahison. Comme si un indicateur froid, calculé loin d’Abidjan, avait brisé un pacte tacite avec la dramaturgie politique.
Car enfin, si l’Indice de Développement Humain devait avoir une couleur politique, il ne pouvait être que la leur.
N’avait-on pas prophétisé l’effondrement de la Côte d’Ivoire sous le poids des « injustices sociales » ? N’avait-on pas juré, avec l’aplomb des certitudes non vérifiées, que la gouvernance d’Alassane Ouattara relevait du désastre ?
Et voici qu’un rapport, publié par une institution internationale sans drapeau ni micro partisan, vient saper ces incantations avec la rigueur d’un tableau Excel.
Pas de militantisme, pas de manœuvre. Juste des faits.
Alors il faut bien trouver de nouvelles échappatoires : remettre en cause la méthodologie, suggérer que les « classements sont arrangés » ou, plus hardiment encore, imaginer que la Banque mondiale a été secrètement infiltrée par le RHDP.
Car dans cette pièce tragico-burlesque qu’est parfois le théâtre politique ivoirien, tout devient prétexte à réécriture. Tout, sauf le réel.
Celui-là, il y a fort à parier que l’opposition choisira de le railler plutôt que de l’assumer. Car il impose une réalité que le discours ne peut maquiller.
Parce qu’il contraint. Parce qu’il dérange. Parce qu’il atteste.
L’IDH, un thermomètre qui ne vote pas
Ce classement n’est pas un éloge, encore moins un satisfecit. C’est une donnée. Mais elle dérange. Car elle dit que, malgré les tensions, les gémissements et les tribunes enflammées, la Côte d’Ivoire progresse, en silence, en structures et en indicateurs.
En somme, l’IDH ne milite pas, ne prend pas parti. Il observe, additionne, et dresse le constat. Puis, en silence, il pose le verdict : « Voici, chers amis, le reflet exact du travail accompli ».
Le jeu dangereux des comparaisons
Le passage devant le Sénégal a aussi une dimension savoureusement ironique.
Ceux qui, comme Tidjane Thiam, aiment à se poser en champions de la comparaison internationale, se retrouvent pris à leur propre jeu.
Celui qui aime tant les classements internationaux, les normes globales, les références OCDE, doit aujourd’hui réviser ses fiches.
La comparaison est un jeu dangereux quand le réel n’épouse pas vos projections. Il ne suffit pas d’être crédible sur les marchés financiers pour prétendre incarner le terrain. Alors que l’IDH, lui, ne s’achète pas. Il se construit.
Le vrai vacarme, c’est le silence des chiffres
Pendant que certains crient à la trahison du peuple, l’IDH, lui, raconte la lente réconciliation d’un pays avec lui-même.
L’IDH, cet indicateur impassible, ne se monnaie pas. Il ne s’achète ni à Davos ni à Londres. Il se gagne, à la sueur des politiques publiques, au rythme des réformes, à la force des écoles ouvertes et des maternités rénovées.
Et c’est là, dans cette lente construction de l’humain, que se joue la vraie crédibilité.
Kalilou Coulibaly Doctorant EDBA, Ingénieur.