A N’zere dans la Sous-préfecture de Lolobo (à 15 kilomètres de Yamoussoukro), la tension reste vive entre le chef du village Djedri Kouadio et certains de ses administrés.
Après une première manifestation le 1er Décembre dernier, les populations sont encore descendu dans les rues du village notamment à la place du château d’eau le samedi 14 décembre dernier, pour exiger que le chef soit débarqué.
Elles reprochent au chef de lotir et vendre les terres des villageois en toute impunité, les mettant ainsi dans une situation de dépendance inacceptable.
Pour parvenir à ses fins, selon des sources sur place, Djedri Kouadio s’appuie sur le Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale en abrégé (CVGFR).
Le CVGFR ayant fini son mandat après 3 années de gestion calamiteuse des terres, le chef de village refuse qu’une nouvelle équipe s’installe à la tête de ce Comité.
Après plusieurs tractations, Mme le Sous-préfet de Lolobo parvient finalement à installer la nouvelle équipe. Conscient de ce qu’il ne sera pas facile pour lui de manipuler cette nouvelle équipe au vu de sa composition, Monsieur Djedri Kouadio refuse tout simplement de travailler avec elle.
C’est au prix de ce soulèvement populaire que le procès verbal de réunion d’installation de la nouvelle équipe qui date de depuis plusieurs mois a pu être signé par le chef de village, par ailleurs président de ce Comité.
Le CVGFR est un support technique très important dans la gestion des terres.
Et pour avoir fait le lit au chef, celui-ci a pu immatriculer à son profit plusieurs parcelles de terre appartenant aux villageois.
Pour essayer de contenir tant bien que mal les ardeurs et les velléités d’expropriation démesurées et généralisées de leurs terres, les populations ont initié plusieurs actions en justice contre Djedri Kouadio en revendication de propriété notamment, à la section de tribunal de Toumodi.
Depuis cette juridiction, jusqu’à la cour de cassation en passant par la cour d’appel de Bouaké, il n’a jamais gagné aucun procès et se refuse de se soumettre aux décisions de justice.
La goutte d’eau de trop qui pousse les populations à manifester aujourd’hui concerne la purge des droits coutumiers des parcelles de terre impactées par l’extension de l’INP-HB de Yamoussoukro.
Pour cette extension, l’Etat de Côte d’Ivoire a fait une réserve d’environs 1064 ha de terre appartenant aux villages de N’zere et de Kami.
Le chef de village de N’zere ayant reçu cette information s’est substitué aux propriétaires terriens de N’ZERE et a constitué unilatéralement un dossier pour se faire payer la purge sur l’ensemble des terres de son village d’une contenance de 537 ha en assignant l’Etat de Côte d’Ivoire en justice à cette fin.
Par des indiscrétions, le pot aux roses a été découvert et les véritables propriétaires du village de N’ZERE ont fait des recours tant en interventions volontaires que forcées.
Monsieur DJEDRI KOUADIO finira par reconnaître devant le tribunal de Toumodi qu’il n’a pas de terre dans le périmètre concerné par l’extension de l’INP-HB.
Au lieu de s’arrêter à ce stade des choses pour que la purge soit payée aux bénéficiaires identifiés, que nenni, il a interjeté appel à la cour d’appel de Bouaké et après en avoir été débouté, a formé un pourvoi en cassation qui a été rejeté.
Dans son mépris pour les populations qu’il prétend diriger et dont il prend plaisir à rallonger la souffrance, Djedri Kouadio va former à nouveau un recours en rétractation contre l’arrêt de la cour de cassation appuyé d’une demande de sursis à exécution de l’arrêt de la cour de cassation.
Dans l’intervalle, compte tenu du périple judiciaire imposé aux populations, un grand nombre de propriétaires terriens des parcelles de terre impactées par l’extension de l’INP-HB sont morts sans pouvoir jouir des retombées de leurs terres à purger.
Pour sûr, Djedri Kouadio en toute conscience ne fondait aucun espoir sur l’issue du recours en rétractation qu’il avait initié, il a passé un communiqué informant les populations du retrait de tous ses recours en cassation et que par voie de conséquence donc, il lève la main pour que la commission en charge de la purge puisse siéger, espérant mettre un terme au soulèvement en cours.
Joint au téléphone, le chef Djedri Kouadio a donné sa version des faits » des cadres du village qui sont réunis au sein d’une association veulent également leur part dans la Purge.
C’est ce qui fait que je refuse de signer le document.Mais étant chef, mon rôle est de veiller à la paix dans le village, donc je ferai tout pour faire revenir l’entente à Nzeré. »