L’Organisation mondiale de la santé (OMS) – Bureau Afrique veut utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour transformer la surveillance sanitaire sur le continent, a annoncé, vendredi 8 août, à Dakar (Sénégal), le chef du département de l’information sanitaire des urgences, de l’intelligence épidémique et de la surveillance de l’OMS/AFRO, Dr Étien Koua.
S’exprimant à l’ouverture d’une rencontre internationale co-organisée par le Hub des urgences de l’OMS/AFRO et la Fondation Gates, Dr Koua a souligné que la région africaine est confrontée chaque année à plus de 100 épidémies, dont le choléra, la fièvre jaune, la méningite et la maladie à virus Ebola. En 2024, 145 nouveaux événements de santé publique ont été enregistrés, « illustrant la complexité croissante des crises sanitaires ».
Selon lui, les systèmes traditionnels, basés sur des rapports papier ou des plateformes cloisonnées, restent trop lents, les données mettant parfois des semaines à remonter, retardant ainsi la riposte et coûtant des vies.
Pour le responsable onusien, l’IA constitue « une nécessité opérationnelle ». Elle peut, grâce à l’exploitation de données satellites, de rapports cliniques et d’informations sur les mouvements de population, anticiper plusieurs jours à l’avance les foyers d’épidémie et permettre une intervention précoce.
Il a notamment cité l’exemple du choléra, pour lequel l’IA, en croisant des données sur l’accès à l’eau potable, les précipitations, les risques d’inondation ou les déplacements de populations, pourrait mieux anticiper la propagation et réduire le nombre de cas et de décès.
Basé à Dakar, le Centre d’Excellence en innovation et intelligence des données (Data Sphere) du Hub des urgences de l’OMS/AFRO, dirigé par Dr Koua, développe des plateformes pour unifier et analyser les données sanitaires en temps réel. Sa stratégie repose sur trois piliers : l’interopérabilité des données, l’analyse prospective et la conception centrée sur l’humain.
Dr Koua a appelé les gouvernements, chercheurs, experts en science des données et communautés de pratique à « partager les données, co-construire les modèles et former les équipes ».
L’OMS/AFRO s’engage à renforcer les capacités africaines en IA, à promouvoir le partage souverain des données et à faire de la surveillance basée sur cette technologie « la norme en Afrique » d’ici la prochaine rencontre.
La rencontre de Dakar a réuni une centaine d’experts mondiaux issus de Google, IHME, Oxford University, Harvard University, d’universités africaines, européennes et américaines, des instituts nationaux de santé publique, laboratoires de recherche, compagnies technologiques, ainsi que des organisations telles que CEPI, l’Institut Pasteur, Wellcome Trust, la Fondation Gates, le CDC Afrique, l’OMS siège et l’OMS Afrique.
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