Ferkessedougou, contrairement aux neuf autres localités où les élections municipales et régionales étaient reprises le 2 décembre 2023, a été la dernière commune à être informée de la victoire de Ouattara Kaweli contre Silué Jacques.
Que s’est-il passé pour que le résultat ne soit annoncé que le mardi 5 décembre 2023, à 02h du matin par la Commission électorale indépendante ?
Selon nos investigations, la source de ce décalage a commencé dans la soirée du samedi 2 décembre 2023, lorsque le siège local de la Commission électorale indépendante (CEI) a été incendié.
L’incident s’est produit alors que l’opération de compilation des résultats s’y déroulait, en présence des représentants des candidats.
Des individus, a en croire des témoins sur place, ont lancé un objet enflammé dans la cour du siège. L’objet a provoqué un incendie qui s’est rapidement propagé aux locaux, causant d’importants dégâts matériels. Quelques blessés légers ont été enregistrés du fait de la bousculade et de l’inhalation du gaz lacrymogène utilisé par les forces de sécurité pour rétablir l’ordre.
Ne pouvant pas travailler dans ces conditions, le superviseur a été invité à rejoindre Abidjan.
Au siège de la CEI, après analyse de son rapport sur la base des procès-verbaux des soixante-quinze bureaux de vote, signés par les représentants des candidats, le Superviseur est retourné à Ferkéssedougou pour procéder à la compilation et proclamer les résultats mardi à 2h du matin.
« Il n’y a pas eu de recomptage à Ferkessedougou… », a confié le directeur de la communication de l’institution.
Ce que risquent les incendiaires
Ils risquent gros, si l’on s’en tient aux propos du président de la commission électorale indépendante, Coulibaly Ibrahim Kuibiert, lors de la distribution de bulletins et spécimens du scrutin du 2 novembre 2023, aux candidats, au siège de l’institution.
Il avait prévenu en effet que la CEI ne tolérera plus les attaques contre son intégrité physique et matérielle, se réservant le droit d’engager des poursuites judiciaires.
« Nous allons accepter toutes sortes de railleries, et même d’accusations… mais n’ayez pas recours à la violence. Ne vous attaquez plus à la Commission électorale indépendante. Et je mets quiconque au défi. »
« Ne soyez pas porteur de germe de violence, parce que si par votre faute on prend l’enfant de quelqu’un, en train de porter atteinte à l’intégrité physique, matérielle, nous allons porter plainte », a-t-il averti, faisant référence aux incidents des élections du 2 septembre, ayant entraîné des condamnations.
En effet, suite aux faits survenus lors des élections du 2 septembre, plusieurs individus avaient été condamnés. Un cas à Toumodi à 3 mois avec sursis et à 50 000 FCFA d’amende ; un à Sassandra à 24 mois de prison ferme ; à 500 000 FCFA d’amende ; à 5 ans de privation de droits ; à payer à la CEI la somme de 3 000 000 FCFA de dommages-intérêts. Un à Kassère à 24 mois de prison ferme ; à 10 ans de privation de droits civiques ; à 3 ans d’interdiction de paraître sur le territoire à l’exception de son lieu de naissance ; à payer à la CEI la somme de 5 000 000 CFA. Enfin, six jeunes condamnés à six mois ferme à Madinani.
Ceux de Ferkessedougou viendront certainement s’ajouter à la liste.
Fulbert Yao