Alors que le PDCI-RDA s’apprête à organiser deux rencontres statutaires cruciales en vue de l’élection présidentielle de 2025 – dont la XVIIIe séance du Bureau politique prévue le 5 avril –, son président, Tidjane Thiam, a créé la surprise en decidant ce mercredi l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires contre des cadres du parti.
Cette volte-face, qui bénéficie entre autres à Jean-Louis Billon et Mme Valérie Yapo, interroge : pourquoi Thiam a-t-il reculé ?
Disons que, dès son élection à la tête du PDCI-RDA le 22 octobre 2023, Tidjane Thiam a voulu afficher son autorité. Mais à mesure que les échéances électorales approchent, son emprise sur le parti semble fragilisée par des oppositions internes.
L’affaire Jean-Louis Billon en est une illustration. Déclaré candidat à la présidentielle d’octobre 2025, ce dernier est convoqué à plusieurs reprises par le Conseil de discipline.Et son exclusion peut provoquer une scission au sein du parti.
Même enjeu avec Valérie Yapo, ex-déléguée communale d’Akoupé. Exclue temporairement du parti en février dernier, elle a immédiatement porté l’affaire en justice. Avec un verdict attendu le 24 avril et un référé prévu le 28 mars, Thiam risque une humiliation judiciaire si la sanction du PDCI est jugée illégale.
Face à ces défis, le président du parti- contrairement à la « tolérance » et le « dialogue », qu’il prône comme arguments, a préféré, à la vérité, lâcher du lest car affronter une contestation menacerait son leadership.
Il faut dire aussi qu’en annulant ces sanctions, Tidjane Thiam décrédibilise l’instance censée garantir la discipline au sein du PDCI-RDA.
Le Conseil de discipline est désormais une coquille vide.
Cette situation pose aussi un précédent dangereux : si demain d’autres cadres du parti enfreignent les règles, quelles sanctions pourraient réellement être appliquées ?
Dans le cas de Mme Yapo, la justice a déjà été saisie. Une décision politique peut-elle annuler un processus judiciaire en cours ? Rien n’est moins sûr.
Ce cas pourrait entraîner une crise juridique qui affaiblirait encore davantage le parti. Si la justice donne raison à Yapo, cela renforcerait l’idée que le PDCI-RDA ne maîtrise plus ses propres procédures internes.
Si cette amnistie vise à calmer certaines franges du parti, elle pourrait au contraire être perçue comme une capitulation.
Les cadres sanctionnés y voient une victoire sur l’autorité du président.
Les militants disciplinés pourraient se sentir trahis.
Les adversaires politiques pourraient exploiter cette faiblesse pour décrédibiliser la gestion de Thiam.
En voulant préserver l’unité, Thiam risque de renforcer son image d’un leader fragile, incapable d’imposer son autorité sans céder à la pression.
Avec cette décision, Tidjane Thiam espère éviter l’explosion du PDCI-RDA à quelques mois de la présidentielle. Mais en reculant face aux tensions internes, il envoie un signal de vulnérabilité.
Dans les semaines à venir, sa capacité à affirmer son leadership sans multiplier les concessions sera déterminante. Car une chose est sûre : la fronde interne ne s’arrêtera pas là.
Fulbert. Yao