L’annonce de la démission de Tidjane Thiam à la tête du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), ce 12 mai 2025, a surpris plus d’un observateur de la scène politique ivoirienne.
Celui qui, quelques jours plus tôt, affirmait vigoureusement sur les réseaux sociaux qu’il n’existait ni de « plan B », ni de « plan C » après sa radiation de la liste électorale, a finalement décidé de quitter la présidence. Mais que cache tout ce scénario ? Explication
En effet, depuis son élection à la tête du PDCI en décembre 2023, Tidjane Thiam est poursuivi en justice par Valérie Yapo, une militante du parti. Celle-ci estime que l’ancien patron du crédit Suisse ne remplissait pas les conditions de nationalité requises pour briguer la présidence du parti, n’étant pas officiellement Ivoirien au moment du scrutin.
Ainsi, après plusieurs renvois, le tribunal de première instance d’Abidjan devrait rendre son verdict le 15 mai 2025.
Or, si la justice donnait raison à Valérie Yapo, cette décision pourrait invalider l’élection de Thiam, entraînant de facto un vide juridique à la tête du PDCI et possiblement une mise sous tutelle du parti. Un scénario que la direction actuelle a visiblement décidé d’éviter à tout prix.
En réaction, le parti a déclenché une opération de sauvetage express : conformément aux statuts du PDCI-RDA, l’intérim a été confié à Ernest N’Koumo Mobio, doyen d’âge parmi les vice-présidents.
Dans la foulée, un Bureau politique a été convoqué et un congrès électif fixé pour le 14 mai, soit précisément la veille du verdict attendu.
Cette précipitation n’est pas anodine il s’agit de couper l’herbe sous le pied à la justice.
En élisant un nouveau président avant le prononcé du jugement, le PDCI espère se prémunir contre une invalidation rétroactive de sa direction. Ce changement, intervenu dans les règles, permettrait de maintenir la stabilité du parti tout en isolant juridiquement les conséquences d’une éventuelle décision défavorable à Thiam.
Cette stratégie n’exclut pas un retour en scène de Tidjane Thiam. Bien au contraire. L’homme d’affaires ivoirien pourrait très bien se repositionner une fois sa situation régularisée, notamment s’il parvient à être réinscrit sur la liste électorale.
Mais cela suppose que le président élu le 14 mai soit un allié de confiance, prêt à lui céder la place le moment venu ou à favoriser sa candidature à l’élection présidentielle.
D’où une autre interrogation cruciale : le futur président du PDCI sera-t-il un homme de paille ?
L’idée d’un « filleul docile » gagne du terrain dans les rangs du parti. Le choix du profil sera donc décisif, non seulement pour l’avenir immédiat du PDCI, mais aussi pour son image de parti démocratique et autonome.
Fulbert Yao