L’Ambassade d’Espagne en Côte d’Ivoire et la Fondation Donwahi pour l’art contemporain présentent l’exposition Akouedo, un projet porté conjointement, né en 2023.
Dans ce cadre, la photographe espagnole Paula Anta a été invitée ce mercredi 12 février 2025 en résidence artistique à la fondation Donwahi pour explorer et réfléchir sur la décharge d’Akouédo, site de l’un des plus graves désastres écologiques du XXIᵉ siècle. En 2006, le groupe pétrolier Trafigura y a déversé des tonnes de résidus toxiques, entraînant des conséquences dévastatrices pour les populations et l’environnement.
Aujourd’hui, un ambitieux projet de reconversion est en cours pour transformer cette zone en un parc public de près de 100 hectares, avec pour objectif de revitaliser un territoire dégradé et d’en faire un modèle de respect de l’environnement.Un regard artistique sur une renaissance écologiqueTémoin privilégiée de cette transformation, Paula Anta a documenté à travers son travail la création progressive d’un nouvel écosystème. Ses œuvres révèlent, couche après couche, l’évolution du paysage et proposent une lecture sensible des interactions entre l’homme et la nature.
« À Akouédo, une nouvelle géologie est en train de naître : un métamorphisme du plastique qui se transforme en paysage. Les strates s’accumulent et se préparent à un nouveau destin : un parc, une forêt, une savane, où prendront place de nouvelles expériences de vie », explique l’artiste.Dans ses photographies, Paula Anta adopte une approche quasi scientifique, structurant son abstraction du paysage en une cartographie imaginaire composée de falaises, glaciers, mers, montagnes, déserts, champs, lacs, côtes, rivières et forêts. L’exposition invite ainsi à une réflexion sur l’impermanence du paysage et sur la capacité de la nature à se réinventer.
Selon Paula Anta : « Dans ce flux incessant, le lieu lui-même s’abstrait, tout comme les compositions des images que j’ai réalisées. L’horizon se scinde et tous les sédiments se fragmentent d’un coup. L’abstraction est aussi une façon de révéler une nouvelle réalité.»
Un dialogue entre image et texteL’exposition intègre également les textes de l’écrivain ivoirien Gauz’, qui oppose deux voies de l’évolution : la voracité de la ligne, dominante dans le monde contemporain, face à la dynamique nourricière du cycle, adoptée par la nature.
En alternant images et textes, Akouedo propose une lecture croisée et enrichissante, interrogeant la manière dont l’homme façonne son environnement et comment la nature y reprend ses droits.
Un projet de diplomatie culturellePorté par l’initiative de l’Ambassade d’Espagne et de la Fondation Donwahi, ce projet a également bénéficié du soutien de PFO Afrique et de la participation de la plateforme Cómo ser Fotógrafa.
S’inscrivant ainsi dans une démarche de diplomatie culturelle qui favorise l’implication conjointe du secteur public et du secteur privé, tout en stimulant la réflexion commune et la co-création entre artistes et acteurs culturels ivoiriens et espagnols. Ainsi, le présent projet vise à reconnaître l’art comme un puissant vecteur d’interrogation sur notre relation à l’espace et aux transformations du paysage, offrant une perspective à la fois sensible et engagée sur la résilience de la nature face aux actions humaines. Biographie de Paula AntaPaula Anta (née en 1977, Madrid) est une artiste visuelle qui explore la relation entre la nature et l’artificialité, ainsi que les structures créées par l’homme, en interrogeant le paysage comme un phénomène culturel en soi. Son travail combine la photographie avec l’installation, la peinture et la sculpture, développant des séries à partir de concepts qu’elle met en scène in situ. À travers ces interventions, elle transforme l’environnement naturel en un espace où réalité et imaginaire coexistent sans artifices, révélant une morphologie sociale et sensible du territoire. Docteure en Beaux-Arts de l’Université Complutense de Madrid (2015), elle a obtenu son Doctorat Européen avec mention cum laude, en collaboration avec l’Akademie der Künste de Berlin et l’Université de la Sarre (Saarbrücken). Elle a vécu, étudié et travaillé en Allemagne pendant 16 ans, collaborant en tant qu’assistante avec des artistes majeurs de l’Académie de Düsseldorf tels que le photographe Elger Esser et le peintre autrichien Lois Renner.
Cette expérience l’a également amenée à travailler avec des galeries de renom telles que Sonnabend, Thaddeus Ropac et Sfeir Semler.
Source : Ambassade d’Espagne en Côte d’Ivoire