La pollution de l’air en Côte d’Ivoire est un danger bien réel. Et ses conséquences sont dramatiques. Le professeur Yapo Ossey Bernard, directeur général du Centre ivoirien antipollution (CIAPOL), a tiré la sonnette d’alarme, lors de la 2ᵉ édition de l’atelier « Big Quality Day », organisée le jeudi 31 juillet 2025 à Abidjan-Plateau par la société de Ciment de Côte d’Ivoire (SCCI) autour du thème : « Ciment et cadre de vie : impact sur l’environnement et gestion durable des ressources humaines ».
Au cours de son sujet sur « actions du ministère de l’Environnement dans la lutte contre la pollution industrielle et les défis rencontrés », le directeur général du CIAPOL a présenté des statistiques glaçantes. Selon lui, rien qu’en 2016, la Côte d’Ivoire a enregistré 34 000 décès liés à la pollution de l’air, dont près de 8 000 enfants morts prématurément de maladies respiratoires.
« C’est plus que le nombre de victimes de certaines guerres. C’est une mort silencieuse qui nous frappe chaque jour », a-t-il dénoncé.
Pour le Pr Yapo, il est urgent de prendre conscience de la gravité de la situation : « On veut consommer, améliorer notre qualité de vie. Mais lorsque cette quête se traduit par des morts prématurées, il faut s’arrêter et réfléchir. », a-t-il conseillé.
Le DG du CIAPOL a également évoqué le rôle des cimenteries, notamment dans la zone portuaire d’Abidjan. Le professeur Yapo a souligné que le clinker, roche utilisée dans la fabrication du ciment, contient des métaux et particules toxiques : « Ces poussières entraînent des affections graves : irritations respiratoires, bronchites chroniques, problèmes cutanés et oculaires. Les plaintes des riverains des quartiers proches du port d’Abidjan sont donc légitimes. »
Selon lui, des comités techniques ont été mis en place pour analyser la situation. Les investigations ont révélé plusieurs sources de pollution : déchargement du clinker sur les quais, transport par camions souvent mal bâchés, stockage sans équipements adaptés et envolées de poussières autour des sites de production.
Face à ce constat, le ministère de l’Environnement et le CIAPOL ont renforcé la réglementation. Parmi les mesures préconisées :
la bâchage obligatoire des camions transportant du clinker, installation d’équipements de captation de poussières sur les sites industriels, contrôle renforcé lors des opérations de déchargement, la mise en place d’équipes spécialisées pour le suivi des normes environnementales.
« Ces mesures commencent à porter leurs fruits. Nous observons une réduction progressive des envolées de poussières dans certaines zones. Mais il reste encore beaucoup à faire », a reconnu le professeur Yapo.
Le CIAPOL plaide pour que les industriels adoptent des technologies plus propres et investissent dans des solutions innovantes. « À Paris, il existe une cimenterie en pleine ville qui ne génère pas de nuisances majeures. Cela prouve que des solutions existent. C’est une question de volonté », a-t-il soutenu.
Pour finir, le DG du CIAPOL a appelé à protéger les concitoyens. Car une industrie durable n’est possible que si elle s’inscrit dans le respect de l’environnement et de la santé publique.
Fulbert Yao