Communément appelé reine-mère, Wère Wère Liking fait partie des pionnières de la Chorégraphie en Côte d’Ivoire. Mieux, elle a à son arc plusieurs cordes qui vont d’elle une artiste internationale et pluridisciplinaire. Elle est à la fois dramaturge, poétesse, chanteuse, actrice, auteur-compositeur et même peintre. On pourrait même dire que pour elle, l’art n’a aucun secret.
De son vrai nom Eddy Njock Nicole, Wère wère Liking, Ivoirienne d’origine camerounaise est née le 1er Mai 1950 à Bondé, au Cameroun. Elle a été élevée par ses grands-parents paternels dans un environnement traditionnel. Celle qu’on nomme aujourd’hui, la reine-mère a commencé la musique et le théâtre à l’âge de 16 ans dans sa préparation au rôle de prêtresse traditionnelle, chez les « Bassa », son ethnie s’origine.
Elle n’a pas été à l’école, faute de moyen, mais cela ne l’a pas empêché de réaliser son rêve, car Dieu avait mis « tout l’école de l’Art » dans son être.
Autodidacte, elle est arrivée en Côte d’Ivoire dans les années 78 où, elle a occupé un poste de chercheur à l’Université d’Abidjan, précisément à l’Institut de littérature et d’esthétique négro-africaine de 1979 à 1985.
En 1983 avec la française Marie-Josée Hourantier, elle a fondé le groupe de création artistique le Ki-Yi M’bock « l’ultime savoir de l’univers », avant de fonder en 1985 la villa Ki-Yi, qui deviendra par la suite le village Ki-Yi, situé au carrefour de la Rivera2 (quartier huppée de Cocody) où artistes et élèves vivent en communauté.
Le village Ki-Yi a été reconnu officiellement en 2001 comme centre panafricain de formation. La carrière littéraire de la doyenne de l’Art est basée « sur le mouvement, qu’elle décrit comme « un mouvement pour la renaissance des arts africains, pour la naissance d’une culture panafricaine contemporaine et pour un rapprochement et la reconnaissance du Ki-Yi Mbock, des cultures du monde noir ».
Artiste pluridisciplinaire, la gardienne de l’Art africain est dramaturge, poétesse, romancière et peintre avec des expositions importantes en Afrique et en Europe. Elle est prolifique et a écrit dans tous les genres avec près d’une vingtaine de titres parus allant du roman, à la poésie, en passant par le théâtre à savoir: «On ne raisonne pas avec le venin (Saint-Germain-des-Prés, 1977.) », «À la rencontre de…(Les Nouvelles Editions Africaines, 1980) », «Elle sera de jaspe et de corail (Paris: L’Harmattan. 1983) », «L’Amour-cent-vies (Paris: Publisud, 1988.)», «Orphée d’Afrique (L’Harmattan, 1981) », «La Mémoire Amputée (Nouvelle édition ivoirienne 2004) », «La Puissance de Um (CEDA, 1979) », « La Queue du diable », « Une nouvelle terre (Les Nouvelles Editions Africaines, 1980) », « Les mains veulent dire », « Un Touareg s’est marié à une Pygmée ( Carnières: Lansman, 1992) », « La veuve dilemme, L’Enfant Mbéné », « Le Parler-Chanter (Torino: L’Harmattan Italia, 2003) », « Sogolon (l’épopée panafricaine) » etc.
Plus de 500 jeunes de différentes nationalités ont été formés aux métiers artistiques par « la reine mère ». Ils ont reçu des formations accrues dans le domaine de la danse, la musique, le théâtre, la sculpture, le design, les chants, le ballet, la peinture. L’artiste ivoirienne Dobet Gnahoré qui a glané un Grammy awards par son travail est la plus célèbre de ses élèves.
Les œuvres de Wère Wère Liking se font connaître dans des rencontres annuelles telle que les festivals de francophonie de Limoges et par des tournées en Europe, au Japon et bien sûr en Afrique Centrale et Australe.
Les lauriers, l’artiste au multiple talent en a glané en grand nombre, vu l’immensité de ses réalisations.
En 2000, elle a reçu un « prix Prince Claus » pour ses contributions à la culture et à la société et le « prix Noma » en 2005 en Afrique du Sud pour son livre «La mémoire amputé».
En 2005, elle a obtenu le prix du « Massao d’honneur » à la quatrième édition du festival international de Voix de femmes, le Massao 2005.
L’œuvre de Were-Were Liking est destinée à tous « ceux qui Veulent s’ouvrir à la vie et veut ainsi leur dire qu’il est possible d’avancer ». C’est pourquoi elle a reçu le « prix de The book of the Year » en 2008 attribué par une université aux Etats unis.
Le prix Arléty de théâtre en langue française en 1991 lui a été décerné et elle s’est vue invitée au congrès d’honneur en 1993 de l’Association (Etats-unienne) pour la Littérature Africaine(ALA) en Guadeloupe.
Elle a été élevée au rang d’officier de l’ordre culturel en Côte d’Ivoire et a gagné le prix Fonlon-Nichols de l’excellence littéraire de l’Université d’Alberta au Canada.
Femme au grand cœur, Wère Wère Liking a toujours su apporter soin, concours à l’humanité, c’est la raison pour laquelle, elle n’hésite pas à se mettre au service de ses semblables.
La formation des jeunes démunis et la vulgarisation des valeurs altruistes et humanitaires en sont les preuves.
Mère de l’humanité, elle joue parfois le rôle de père dans certaines familles monoparentales ou dans les familles où l’homme n’assume pas ses responsabilités. Le village n’est pas seulement un centre artistique, mais un lieu d’éducation. Cependant tous ces pensionnaires sont souvent issus de milieux défavorisés avec aujourd’hui un avenir radieux font sa fierté.
Pour mettre en avant son projet social, à l’initiative de sa sœur cadette Nserel Njock, elle a mis en vitrine le label « Les Reines-mères » qui offrent des soirées et autres spectacles partout dans le monde. Ce groupe lui a permis d’approfondir cet aspect de son talent, chanter l’Afrique et sa renaissance et le rôle des femmes et de l’enfance dans ce processus.
Son mari Pape Gnepo, de nationalité ivoirienne né le 9 Avril 1974 à Abidjan est un acteur, marionnettiste, danseur, chanteur et vice président de la fondatrice panafricaine du Ki-yi depuis 2001. Il a intégré le village Ki-yi en 1997 grâce à Boni Gnahoret, après avoir arrêté ses études en classe de 3ème.
Comme s’accordent à dire de nombreux acteurs culturels en Côte d’ivoire et dans le monde, Wère Wère Liking est une artiste accomplie qui participe au développement de l’Art en Afrique.
Fulbert YAO