L’ivoirien Lassane Zohoré est l’histoire d’un succès par les caricatures. Personnalité de renom en Côte d’Ivoire dont le talent a franchi les frontières du pays, ce passionné du domaine détend et démine les tensions depuis des décennies avec ses bandes dessinées à la fois humoristiques et satiriques.
Sa passion pour les dessins ne date pas d’aujourd’hui. Aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Lassane Zohoré a toujours dessiné depuis son jeune âge: « j’ai commencé à dessiner avant même que je ne parte à l’Ecole.», raconte t-il, dans son bureau, au quartier remblais dans la commune de Koumassi (sud-Abidjan).
Cette passion innée ne l’a plus lâché. Mais, c’est au cours de ses études secondaires que sa passion a pris le dessus et qu’il a décidé de faire du dessin son métier, confie le caricaturiste, le regard figé derrière ses lunettes.
Lassane Zohoré entre en 1985 à l’Institut national des Arts d’Abidjan. Après ses études, il est d’abord animateur de la rubrique humoristique « Le sourire du jour » dans le quotidien ivoirien « Fraternité Matin », puis en 1999, il finit par réaliser son rêve en créant avec un ami, le célèbre journal humoristique « Gbich ! » dont il est l’actuel directeur de publication. Tiré à 37.000 exemplaires, Le Gbich! allie la satire politique à un humour de type «gag» dont les Ivoiriens sont si friands.
Pour réaliser ses dessins de presse, Zohore travaille sur une tablette numérique de dernière génération sur laquelle, il fait d’abord son croquis, puis le met en couleur à l’aide d’un logiciel de dessin. Parmi ses dessins, il inventa le fameux Cauphy Gombo dont les aventures ont été publiées en album : « Cauphy Gombo – no pitié in bizness ! ».
A travers ses bandes dessinées, Lassane Zohoré rit de tout, dénonce et informe des problèmes de la société ivoirienne, comme le Conflit ivoirien, la corruption, la dette africaine ou de simples situations de la vie courante, la pauvreté, les problèmes de couple. Etc…
«Je dessine pour toutes les causes. Je n’ai pas qu’une seule source d’inspiration. En général, c’est tout ce que je vois autour de moi que je dessine. Je préfère rire de certaines situations que je vois autour de moi. Je me suis fait la main avec les sujets qui concernent la société. C’est de là qu’est venu cette passion», raconte t-il tout souriant, griffonnant un dessin.
Sa réussite dans son art, Lassane Zohoré dit la détenir de sa rigueur dans le travail. « Ceux qui travaillent avec moi savent que je suis très rigoureux. Je mets du cœur dans ce que je fais. Je prends à cœur toutes les causes dans lesquelles je me lance », mentionne t-il.
Des peurs dans son métier, Lassane Zohoré dit ne pas en avoir: «j’avoue que je n’ai jamais eu peur. C’est vrai qu’il est arrivé des fois ou des gens qui manquent d’humour peuvent menacer parce que vous avez fait un dessin sur leur champion, mais je n’ai jamais saisi les organes de régulation pour faire part des menaces que j’ai reçues », rassure t-il.
Ses nombreuses caricatures très appréciées ont aussi été régulièrement reprises dans « Courrier international », « Reporters sans frontière » et « Jeune Afrique ». Lassane Zohoré a aussi parcouru plusieurs pays pour présenter ses œuvres notamment l’Italie, la France, la Suisse, l’Allemagne, l’Algérie, les USA.
Grand artisan de la paix, Lassane Zohoré a aussi joué un grand rôle pour détendre les ivoiriens avant et après la crise postélectorale
« Pendant la crise, nous avons essayé jusqu’à ce qu’on ne puisse plus publier nos journaux autant que possible de détendre les ivoiriens. Nous avons eu des témoignages de lecteurs qui nous ont dit qu’ils étaient tout le temps stressés. Nos caricatures leur ont permis de se détendre et de minimiser ce qui arrivait au pays »
Lassane Zohoré met aussi parfois le crayon dans la plaie, en tapant indifféremment sur tout le personnel politique : « ça dépend des périodes, Si la Côte d’Ivoire est en crise, je suis enclin à mettre bal à terre. Je fais des dessins qui vont dans le sens de la réconciliation pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Mais quand l’atmosphère est détendu, je me permets de critiquer sévèrement », souligne le dessinateur, tout souriant.
Sa collaboration avec les hommes politiques n’a jamais été conflictuelle : « Quand vous vous moquez d’un dirigeant politique, il vous appelle pour rigoler. Je pense qu’avec l’humour on peut passer beaucoup de message sans heurts ».
Ambitieux Lassane Zohoré entend conquérir le monde par ses dessins en apportant la bonne humeur
Fulbert YAO