La Côte d’Ivoire pleure depuis le vendredi 5 février, l’une des plus grandes figures de son paysage politique, éminent journaliste et écrivain, Laurent Dona Fologo.
Disciple parmi les disciples du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny et de sa pensée, parfois son confident sur certains points, le destin du vieux Renard reste exceptionnel.
Après sa formation à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille ( France) dès les années 1960, Dona Fologo fait la rencontre avec Houphouet Boigny, par le biais de l’ancien président de l’assemblée nationale Philippe Yacé.
Dans un entretien accordé à un confrère, Il racontait que cette rencontre a eu lieu seulement quinze jours après son arrivée en Côte d’Ivoire.
« Je vais à l’Assemblée Nationale pour la première fois. Je vois le président Yacé de près (…) C’est ainsi, qu’il m’a informé que c’est le Président Houphouët qui souhaite me rencontrer. Quant à lui, il était chargé de me conduire chez le président. Ça été un grande rencontre pour moi. J’avais 24 ans. Je suis allé au palais. À l’époque, il n’y avait pas encore la résidence de Cocody. Sa résidence était dans l’une des tours du Plateau. Il m’a donc reçu. Ce qui m’a frappé et c’est cela qui m’a motivé à travailler à fond auprès du président Houphouët, c’est que ni le président Yacé ni le Président Houphouët ne m’ont demandé d’où je venais. Jamais ! Ils m’ont simplement dit : « Nous avons reçu votre dossier, vous êtes un excellent journaliste ». C’est ainsi, qu’ils m’ont dit qu’ils ont décidé de créer un journal national. Parce que, Abidjan Matin était un journal de colon. Ça appartenait à Monsieur Débrotin. Il était le propriétaire du journal. Il avait Abidjan-Matin, Dakar-Matin, Soudan-Matin. (…)
Donc, le Président Houphouët décide de créer un journal national. J’ai été retenu pour être directement rédacteur en chef. (…) le Président Houphouët Boigny était très généreux avec moi. Il m’a adopté très vite. J’étais tout le temps à Yamoussoukro, tout le monde le sait. Je m’asseyais dans le lit du président Houphouët Boigny, à 25 ans, comme son fils. J’ai appris beaucoup auprès de lui. Tous les chefs d’État africains que je connais, c’est grâce à lui. »
S’il a défendu et gardé du Président Félix Houphouët Boigny, l’image d’un homme exceptionnel, certains considèrent ce fin diplomate, sous le couvert de la défense des «institutions républicaines», comme un opportuniste politicien.
Il a fait le tour de tous les régimes ivoiriens. Après avoir été ministre sans interruption pendant plus d’une décennie dans le gouvernement du premier président du pays, il fut pendant quatre ans ministre d’État de Henri Konan Bédié (1993-1999), successeur de Félix Houphouët-Boigny. Il a ensuite fait
allégeance au Général Robert Guéi, qui a fait chuter le PDCI RDA.
Sous la présidence de Laurent Gbagbo (2000-2011), Laurent Dona Fologo est nommé à la tête du Conseil économique et social, devenant ainsi le troisième personnage de l’État.
Acteur clé du retour de la paix, suite à la crise politico militaire de 2002 et les accords de Marcoussis, Laurent Dona Fologo créé en 2008, le Rassemblement pour la paix (RPP).
Il prend sa retraite et quitte, la scène politique après 2015 au moment où les héritiers de Félix Houphouët Boigny se livrent une guerre de succession.
Un écrivain
Laurent Dona Fologo est l’auteur de plusieurs livres.Côte d’Ivoire, le sursaut national: recueil des discours et des conférences prononcés de septembre 1975 à juillet 1985
Laurent Dona-Fologo, était marié à une Française. Il était Catholique, mais né dans une famille musulmane.
Il a été un acteur dans la transformation de son village Péguékaha ». Pas à la dimension de Yamoussoukro, mais en Péguékaha moderne. Il fait des maisons pour les paysans qui sont aérées où il y a la lumière, l’eau courante, un dispensaire, un jardin d’enfant.
Fulbert Yao