Les récentes sorties des proches de irréductibles du PDCI qui ont repris les arguments des pro-Gbagbo ne sont pas fortuites. Un deal se prépare entre les anti-RHDP du PDCI et les ‘‘Gbagbo ou rien’’. Décryptage d’un deal qui sent déjà le roussi avant sa finalisation.
Ceux qui ont dit que les irréductibles du PDCI RDA sont dans un vrai schéma qui échappe totalement à la sagacité du président Henri Konan Bédié sont sur le point d’avoir raison. Au regard de l’évolution des choses et des récentes prises de position de ceux qu’il convient d’appeler les nouveaux irréductibles du PDCI, point n’est besoin de sortir de Science Po ou de la cuisse de Jupiter pour savoir qu’un coup fumant se prépare entre d’une part Guikahué et ses lieutenants et d’autre part les caciques du FPI, plus connus sous l’appellation de Gbagbo ou rien (GOR). C’est donc un cocktail d’irréductibles qui est en préparation avec pour cible principale le président Alassane Ouattara et son projet de parti unifié en prélude à 2020. D’une part, nous avons ceux du PDCI RDA, conduits par le Secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué qui sont farouchement opposés à l’idée du parti unifié pour qui personne ne doit être président en 2020 en Côte d’Ivoire si ce n’est un cadre du PDCI.
Ses principaux lieutenants dans cette aventure sont l’ancien ministre Jean Louis Billon et le maire du Plateau, Noël Akossi Bendjo. Au niveau du FPI, les irréductibles se retrouvent dans le sillage du «Parti de Gbagbo» qui est un parti factice regroupant les ultra du FPI avec pour leader Sangaré Abou Drahamane. Politiquement, ce sont deux entités qui sont opposées et qui se sont combattues ces dix dernières années. Mais l’agenda politique et les ambitions des uns et des autres sont en train de réunir les irréductibles du PDCI et les faucons du FPI. Selon des informations de première main en notre possession, l’idée de libération des prisonniers pro-Gbagbo qui est devenu le principal élément de langage des irréductibles du PDCI n’est pas fortuit. Voyant qu’ils seront mis en minorité sur l’idée du parti unifié au sein de leur formation politiqué, Guikahué et ses hommes ont décidé d’anticiper sur les événements en reprenant à leurs comptes la principale revendication des ultras du FPI : La libération de Laurent Gbagbo et des autres détenus pro-Gbagbo.
Avec cet axe de communication, ils ont commencé d’ailleurs à s’attirer la sympathie des pro-Gbagbo. Pour preuve, au cours de la fameuse cérémonie de Yamoussoukro le 10 mars dernier, les représentants de Sangaré Abou Drahamane étaient dans les loges pour apporter leur soutien à leurs nouveaux amis. La récente sortie d’Akossi Bendjo où il a encore embouché la trompette de la libération des prisonniers va davantage rassurer les pro-Gbagbo. Autre indice annonciateur de ce qui se trame entre irréductibles du PDCI et du FPI. La fête de la liberté des pro-Sangaré prévue les 28 et 29 avril à Ony-Babré à Gagnoa et la prochaines cérémonie d’hommage au président Henri Konan Bédié prévue le 5 mai à Koun-Fao à l’Est du pays. Selon nos sources, une délégation des irréductibles du PDCI sera à Gagnoa ce week-end pour soutenir le «Parti de Gbagbo». Après cet événement, les pro-Sangaré vont retourner l’ascenseur aux PDCI en prenant une part active à la cérémonie d’hommage de Koun-Fao. Toujours selon des indiscrétions, au cours de ces deux cérémonies, les deux camps pourraient officiellement lancer l’idée de se coaliser contre Ouattara en 2020 avec des revendications communes : La libération des prisonniers et la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI).
Sur le deuxième point, Billon a déjà vendu la mèche. Au cours d’un point de presse qu’il a animé le 28 mars, Jean Louis Billon a officiellement rejoint les pro-Gbagbo en annonçant « qu’on ne peut pas arriver en 2020 avec la CEI actuelle », au grand bonheur de toutes les tendances du FPI qui, quelques jours avant cette sortie de Billon, avaient organisé des manifestations pour exiger la réforme de la CEI. Comme on peut le voir, c’est un deal qui est en train de se peaufiner à feu doux entre deux blocs qui sont viscéralement opposés au parti unifié et à Ouattara. N’ayant rien à gagner ni à perdre, le FPI de Sangaré est prêt à se jeter dans les bras de n’importe quel parti ou formation politique dans le seul but de barrer la route au candidat qui sera soutenu par Ouattara pour l’empêcher de gagner en 2020. C’est donc sur ce calcul que comptent Guikahué et les irréductibles. Ainsi donc, sur la base d’un gentleman agreement, irréductibles du PDCI et du FPI se partageraient le pouvoir si le projet réussit en 2020. Le seul hic, c’est que nous sommes encore dans la politique-fiction où tous les coups sont jouables à 39 mois de l’élection présidentielle de 2020. Mais ce projet des irréductibles ressemble étrangement à du déjà vu, un disque qui rayé avant sa sortie au regard des ambitions des uns et des autres.
Kra Bernard