À cinq mois de la présidentielle, Jean-Louis Billon a confirmé ce que beaucoup pressentaient : il y va.
Le député de Dabakala a officialisé, ce lundi 26 mai, sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025, lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Azalaï, à Abidjan.
« Je suis candidat à l’élection présidentielle de 2025. Dans tous les cas, je prends mes responsabilités. Je n’abandonnerai pas mes convictions. Je ne trahirai pas la mémoire de nos illustres présidents. Je ne me tairai pas devant la souffrance du peuple de Côte d’Ivoire. J’irai au combat, même en dehors des structures traditionnelles, mais toujours au nom du peuple ivoirien, pour une Côte d’Ivoire plus juste, plus équitable et plus solidaire », a-t-il déclaré.
À l’entame de ses propos, Jean-Louis Billon a lancé :
« L’heure n’est plus à l’attentisme. Il est temps de se mettre en ordre de marche. »
Il a articulé son intervention autour de trois points essentiels :La situation actuelle au sein de son parti, le PDCI-RDA ;Les enjeux cruciaux de l’élection présidentielle et Son engagement et sa vision pour la Côte d’Ivoire.
Sur la situation actuelle du PDCI, le candidat a vivement critiqué le processus ayant conduit à l’élection de Tidjane Thiam à la tête du parti, évoquant un congrès « tenu dans des conditions controversées » et « une direction imposée, fragilisée dès sa naissance ».
Selon lui, la désignation de M. Thiam comme candidat naturel à la présidentielle s’est faite « au mépris des dispositions statutaires et constitutionnelles ».
« Une motion a été sournoisement adoptée pour l’imposer comme candidat du parti, foulant aux pieds des ambitions légitimes telles que la mienne », a-t-il accusé.
Billon a rappelé que sa propre déclaration de candidature à Dabakala avait été suivie de « menaces d’exclusion ».
« À cinq mois de l’élection, le PDCI n’a pas de candidat pour la présidentielle. C’est une réunion. Nous sommes à un tournant décisif. 2025 est une chance à ne pas manquer. Dans moins d’un mois, la liste électorale sera close. La collecte de parrainages va débuter. Pendant que nos adversaires avancent, le PDCI demeure empêtré dans des querelles intérieures. Devons-nous rester passifs ? Non. Le PDCI doit urgemment convoquer une nouvelle convention démocratique et inclusive pour choisir un candidat légitime, éligible, porteur d’un véritable projet. Je m’adresse à ceux qui rejettent toute alternative à l’actuelle direction. Il y a des moments où l’intérêt du parti et du pays doit primer sur les loyautés personnelles. La présidentielle de 2025 peut redonner au PDCI sa place dans la gouvernance ou signer sa chute politique. Quel que soit le candidat désigné lors d’une convention équitable, c’est l’unité du parti derrière ce candidat qui fera la différence », a indiqué Jean-Louis Billon.
Il a appelé le parti à se « réorganiser, désigner le meilleur d’entre eux » et partir en ordre de bataille pour reconquérir le pouvoir et honorer la mémoire de Félix Houphouët-Boigny et d’Henri Konan Bédié.
« Le PDCI ne peut se permettre de rater l’échéance de 2025. Ce serait une abdication totale », a-t-il affirmé.
Concernant sa vision pour la Côte d’Ivoire, le député a promis une gouvernance fondée sur la justice sociale, la préférence nationale, la transparence et l’équité. Il s’est engagé à moderniser les infrastructures, valoriser l’agriculture et la diaspora, et mener la transition numérique.
« Aujourd’hui, je veux passer à une autre étape, instaurer une gouvernance fondée sur la transparence, la justice sociale, le principe de préférence nationale, l’Ivoirien d’abord, le mérite et l’équité dans l’accès aux ressources et aux fonctions. Mon projet pour la Côte d’Ivoire : réformer les tâches auxquelles ils servent, valoriser l’agriculture, la jeunesse et la diaspora, moderniser les infrastructures et mener la transition numérique. Redonner à notre pays un rôle moteur, garantir que chaque Ivoirien se sente chez lui, dans son propre pays, du nord au sud, d’est en ouest, en passant par le centre. »
Le candidat déclaré a annoncé de grandes tournées pour partager sa vision et construire ensemble une Côte d’Ivoire plus juste, plus forte et plus solidaire.
« Nous irons auprès des Ivoiriens pour les écouter, leur parler, partager notre vision et construire ensemble une Côte d’Ivoire nouvelle. Nous ne sommes pas condamnés à l’échec, ni à la division. Nous pouvons faire de cette crise une opportunité pour réinventer le PDCI-RDA, pour réconcilier les Ivoiriens, pour refonder notre démocratie. Personne ne doit être exclu. Je tends la main, je propose un cap, une méthode, une vision. Relevons-nous, rassemblons-nous, gagnons ensemble pour une Côte d’Ivoire plus juste, plus forte, plus solidaire », a-t-il lancé.
Lors de cette conférence de presse, Jean-Louis Billon a démenti être derrière Valérie Yapo pour déstabiliser le PDCI-RDA. Pour lui, il ne faut pas sous-estimer d’autres militants.
Concernant la révision de la liste électorale, Jean-Louis estime qu’il ne faut pas s’y attendre.
« Le pouvoir ne va pas nous faire la passe pour réviser la liste électorale. Ça ne se fera pas. Il y a eu une révision l’année dernière et nous-mêmes, au PDCI, nous n’avons rien fait. Mais il faut participer aux élections. Si on veut changer le pouvoir, il faut que ce soit de façon démocratique. Peut-être que des arrangements politiques permettront d’inscrire certaines personnes sur la liste électorale. »
À propos de la double nationalité, Jean-Louis a fait savoir que l’article 48 interdit la double nationalité dès lors que l’on choisit une autre nationalité.
« Mais si vous ne choisissez pas, vous n’êtes pas concerné. C’est là toute la nuance », a-t-il clarifié.
Pour lui, celui qui veut être président de la République doit respecter la loi, puisqu’il est appelé à en être le garant.
« Je n’ai pas besoin d’être candidat indépendant. Je suis PDCI, j’appelle à un débat démocratique. Il y a une myriade de mouvements qui me soutiennent », a-t-il aussi souligné.
Jean-Louis souhaite que le président de la République ne soit plus président de parti.
« Un président de la République ne doit plus être président de parti. Une fois que vous êtes élu, vous êtes au service de tous les Ivoiriens. (…) Je prône l’Ivoirien d’abord, la préférence nationale, faire en sorte que l’économie appartienne aux Ivoiriens. Trop de chiffres partent à l’extérieur. La Côte d’Ivoire doit assumer sa souveraineté entière. C’est une vision différente de celle des acteurs purement politiques, parce qu’elle vient d’un acteur économique. »
Il a déploré que la part belle soit faite aux partis politiques.
« Nous avons trop d’institutions en Côte d’Ivoire. Nous devons avoir une gouvernance stricte. On fait trop la part belle aux politiques », a-t-il dit.
Billon déplore aussi que le combat du PDCI soit porté à l’extérieur.
« C’est ici que ça se passe. On ne peut pas aller s’inféoder ailleurs. »
Il a pris l’engagement de changer la gouvernance du pays, une fois au pouvoir.
« Moi aussi, j’ai mes sondages, réalisés par des sociétés de premier plan. Mais je les garde pour moi », a-t-il soutenu.
Jean-Louis Billon s’est également plaint de la presse ivoirienne.
« Tous les titres à la une sont des titres politiques. Alors que partout dans le monde, on parle d’économie. »
Fulbert Yao