Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), la sérénité a foutu le camp. On assiste de plus en plus à une volée de bois vert au sein du parti plus vieux parti de Côte d’Ivoire. Cette engueulade oppose le président du parti, Tidjane Thiam et ses partisans au candidat déclaré, Jean-Louis Billon et ses partisans.
Depuis belle lurette, le feu couvait, mais les hostilités n’étaient pas encore ouvertes. Le passage du patron de la SIFCA, à l’émission « Sans réserve » de la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI), le jeudi 12 décembre 2024, aura mis le feu au poudre. Le natif de Dabakala n’a pas été tendre avec son challenger, Tidjane Thiam. Morceaux choisis : « Il (Thiam) est obligé de s’entourer d’une bande de roperos (NdlR : des lèches bottes) qui lui disent fais-ci, fais-ça. Ça ne marche pas comme ça (…). Celui qui connaît le pays, c’est bien moi (…). Il n’a pas scolarisé d’enfant en Côte d’Ivoire. Il ne peut pas parler d’éducation. Il ne s’est pas soigné en Côte d’Ivoire pour parler de santé. Il ne paye pas d’impôt en Côte d’Ivoire pour parler de fiscalité.
Par décence, il ne doit pas être candidat. Mon cursus politique parle pour moi. Le volet gestion d’une commune, du législatif, l’expérience régionale, l’expérience gouvernementale, la seule chose qui me reste, c’est la Présidence », a-t-il argué. Il n’en fallait pas plus pour que le président du Pdci entre dans la danse pour apporter la réplique dans une tribune sur les réseaux sociaux. « De toute ma vie, j’ai accédé à des postes avec le mérite. J’ai été premier au BAC en Côte d’Ivoire, j’ai été major à la polytechnique et à l’école des mines. J’ai dirigé Prudential et Crédit Suisse après un contrôle de compétences avec d’autres challengers. Alors, je n’ai jamais eu des postes par affiliation », a-t-il laissé entendre. Désormais, au Pdci, on comprend que les dés sont jetés et tous les coups sont permis pour mettre l’adversaire chaos. Dans la droite ligne de leurs mentors et par des publications interposées sur les réseaux sociaux, les partisans des deux camps se livrent à une guerre sans merci. Seul objectif, déconstruire d’adversaire. Ceux qui ont encore de la mémoire, savent bien que leur quotidien préféré, L’Expression avait, au soir l’élection de Tidjane Thiam à la tête du Pdci, révélé que le plus dur commençait pour l’ex-patron de Crédit Suisse. Cette analyse prenait sa source dans le mode opératoire du congrès où un boulevard avait été expressément ouvert pour l’ex-ministre du Plan d’Henri Konan Bédié après avoir écarté les candidats sérieux qui s’étaient pourtant donnés corps et âmes, à l’absence de Tidjane Thiam, pour le maintien de leur appareil politique. A la recherche de solution au problème que certains cadres ont savamment orchestré, Jean-Louis Billon est convoqué devant le conseil de discipline pour s’expliquer sur ses différentes sorties. Cette audience qui est attendue avec la plus grande attention dans le marigot politique ivoirien, semble être un tournant décisif pour la cohésion au Pdci. A voir de près, Jean-Louis Billon n’attend pas être le nigaud de la partie dans cette séquence de la vie du parti septuagénaire. Il veut se donner tous les moyens légaux pour atteindre son objectif. L’horizon semble s’obscurcir pour le Pdci, à l’aune de l’élection présidentielle de 2025.
L.F