À quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025, l’opposition ivoirienne cherche à se remettre en ordre de bataille. Ce samedi, à l’appel de la Coalition pour l’Alternance Pacifique (CAP) Côte d’Ivoire, elle a réussi à mobiliser plusieurs milliers de militants à la place Figayo, à Yopougon. Un rassemblement pacifique, sans heurts, tenu sous le sceau de l’unité, dans le respect des principes démocratiques et de paix continuellement prônés par le président Alassane Ouattara.
Mais derrière cette démonstration de force, une réalité existe: l’opposition s’agite dans le vide. En effet, à ce jour, aucun leader de poids ne s’impose véritablement comme alternative crédible au pouvoir en place. Tidjane Thiam perçu comme le renouveau, a été radié de la liste électorale en raison de sa double nationalité.
Laurent Gbagbo, figure historique, demeure lui aussi absent de la liste électorale. Quant aux autres prétendants, ils peinent à émerger, relégués au statut d’outsiders, sans réelle base nationale ni capacité à fédérer au-delà de leurs bastions.
Dans un tel contexte, l’opposition ivoirienne s’échauffe – mais inutilement. Car au-delà des slogans et des mobilisations ponctuelles, elle reste confrontée à un vide stratégique : absence d’unité autour d’un candidat unique, manque de programme cohérent et vision claire pour le pays. Une opposition morcelée, sans boussole, qui est plus préoccupée par les règlements de comptes internes que par la construction d’une véritable alternative.
En face, le RHDP est serein. Le président Alassane Ouattara, même s’il n’a pas encore annoncé ses intentions, reste un principal acteur de l’échiquier politique. Et même s’il choisissait de ne pas se représenter, le Rhdp dispose d’un atout de taille : un bilan économique et infrastructurel solide. Ce capital politique suffit à propulser un successeur sans difficulté.
La vraie question est donc la suivante : l’opposition prépare-t-elle réellement l’alternance ou s’adonne-t-elle à une agitation de façade ? Sans leadership fort, sans stratégie unifiée, et sans message rassembleur capable de transcender les clivages ethno-politiques, elle risque de transformer l’enjeu électoral de 2025 en simple formalité pour le camp présidentiel.
Plus que des meetings et des discours, l’opposition devra démontrer sa capacité à incarner une alternative crédible, porteuse d’espoir pour une jeunesse en quête d’opportunités et pour une population lassée des querelles politiciennes. À défaut, elle continuera d’alimenter un théâtre d’illusions où les acteurs s’agitent, mais où le scénario est déjà écrit.
Fulbert Yao