Ils ne sont plus que cinq personnalités en lice pour la présidentielle d’octobre 2025. Il s’agit du Président Alassane Ouattara, de l’ex-Première dame, Simone Ehivet Gbagbo, l’homme d’affaires, Jean-Louis Billon, la présidente du GP-Paix Henriette Lagou et Ahoua Don Mello, ex-cadre du Ppa-CI. Ils s’affronteront dans les urnes, le samedi 25 octobre prochain. Mais, à moins de deux mois de cette échéance électorale, que pèsent réellement ces cinq prétendants ?
Le parcours politique de Jean-Louis Billon a débuté en 2001. Surnommé « Le Blanc de Dabakala », Billon est à sa première participation à une élection présidentielle. Même s’il brigue pour la première fois la magistrature suprême, Billon a des notions de la chose électorale. En effet, en 2001, Billon est élu maire sans étiquette de la commune de Dabakala, la commune dont son père est originaire. Un fauteuil qu’il occupe jusqu’à son élection à la présidence du conseil régional du Hambol, en 2013. Il conservera ce poste jusqu’en 2017, année où sa carrière prend un tournant. Il quitte également le Gouvernement qu’il avait intégré cinq ans plutôt (en 2012) en qualité de ministre du Commerce. Une expérience qui lui permet de côtoyer les arcanes du pouvoir exécutif. En mars 2021, Jean-Louis Billon est élu député Pdci de Dabakala. Candidat à la présidentielle de 2025, Billon pourra-t-il mettre toute cette expérience à profit, dans un contexte où il est en guerre ouverte contre le président de son parti et la plupart des militants du Pdci ?
Les prochaines semaines nous situeront davantage. Mais, en tout état de cause, Billon semble mieux outillé qu’Henriette Lagou, même si la présidente du GP-Paix a déjà été sur la ligne de départ. Elle sera à sa deuxième participation à une élection présidentielle, après celle de 2015. Jusqu’à la présidentielle 2010, elle était membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Nommée ministre en charge de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, elle quitte ce parti pour se rallier au Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd), proche de l’ex-président Laurent Gbagbo. Devenue fer de lance de la lutte patriotique, elle crée le mouvement “2 millions de filles pour Gbagbo“. Après la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, elle prend le chemin de l’exil. Henriette Lagou regagne son pays en avril 2012. Une fois au bercail, elle crée une nouvelle formation politique, le Rassemblement pour la paix et la concorde (Rpc). En 2015, elle se présente à l’élection présidentielle et obtient 27 759 voix, soit 0,89%. Bien qu’elle ne soit sûre de faire mieux, au soir du 25 octobre 2025, Lagou ira à ces joutes électorales, dans l’intention de jouer les trouble-fêtes.
Ahoua Don Mello est cadre du Ppa-CI et candidat par précaution. Sa première victoire est incontestablement le fait d’avoir rempli tous les critères d’éligibilité. Aussi, dans la course présidentielle, Don Mello pourra s’appuyer sur son expérience politique. Militant de première heure du Front populaire ivoirien (Fpi), dans les années 80, il a gravi tous les échelons et tout connu. Il fut entre autres le Secrétaire général pendant trois ans, secrétaire du FPI chargé de l’organisation au sein du secrétariat général dirigé par Laurent Gbagbo et président du Comité de contrôle du FPI. Des postes qui lui ont permis d’engranger le maximum de connaissances pour mener à bien cette bataille électorale qui s’annonce.
Outre ce bagage, il peut compter sur l’expérience acquise à l’international. En effet, il a rejoint en 2014 la Guinée pour devenir le conseiller spécial du président Alpha Condé, jusqu’au coup d’État du 5 septembre 2021 qui renverse ce dernier. Par la suite, Ahoua Don Mello est nommé, dans la même année, haut représentant des BRICS pour l’Afrique occidentale et centrale. Autant d’atouts qui l’aideront à amorcer ce dernier virage avec plus d’assurance.
En termes de vécu politique, elle parait la plus aguerrie de toutes les personnalités citées plus haut. Au côté de son ex-époux et camarade de lutte, Laurent Gbagbo, Simone Ehivet a tout connu. Des victoires, des défaites, des humiliations… Toutes ces épreuves l’ont plus renforcée qu’anéantie. La victoire sur Laurent Gbagbo – repositionnement politique après l’épisode de l’Aéroport Félix Houphouët-Boigny – témoigne de sa force mentale. Déjà en 2000, elle est élue députée d’Abobo. Mais, elle est pratiquement à cheval entre les pouvoirs Exécutif et Législatif, tant elle s’implique dans la gestion du pouvoir de son époux. Faisant d’elle, l’une des femmes politiques ivoiriennes, les plus expérimentées. Le grand favori de cette élection présidentielle est incontestablement Alassane Ouattara. Candidat à sa propre succession, il a tout pour battre ses adversaires dès le premier tour. Les quinze années passées à la tête de la Côte d’Ivoire militent largement en sa faveur. Ces dernières années, il a métamorphosé le pays. Et pourtant, ce n’était pas donné. La Côte d’Ivoire sortait d’une grave crise qui a impacté négativement tous les secteurs. Aujourd’hui, grâce à sa maestria, la Côte d’Ivoire est enviée. L’un de ses atouts à cette élection présidentielle est donc son bilan inattaquable.
Aussi, adoubé par la majorité des Ivoiriens, le porte-étendard du Rhdp à ces échéances électorales a l’avantage de connaître les aspirations des populations. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute : Alassane Ouattara demeure l’homme de la situation. La preuve, son temps de réflexion avant de se décider est apparu comme une éternité et un supplice pour l’ensemble des populations.
Mais, son bilan à la tête de la Côte d’Ivoire n’est pas le seul atout du Champion des Houphouëtistes. Ces dernières années, il a démontré à tous, militants et adversaires, qu’il était un redoutable homme politique, un fin stratège.
Son riche parcours politique et professionnel fait de lui, le candidat idéal. En effet, il a occupé des postes clés, notamment Premier ministre sous Félix Houphouët-Boigny. Il a travaillé au FMI de 1968 à 1973, avant de rejoindre la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) où il occupe divers postes, dont celui de vice-gouverneur. En 1984, il retourne au FMI comme directeur du département Afrique puis, à partir de 1987, comme conseiller spécial du directeur général du FMI Alassane Ouattara quitte à nouveau l’institution pour prendre le poste de gouverneur de la BCEAO en 1988. Il en deviendra le gouverneur honoraire en 1993. En avril 1990, en pleine crise économique, Alassane Ouattara est nommé par le Président Félix Houphouët-Boigny à la tête d’un comité interministériel sur la relance économique. En novembre 1990, il devient le premier Premier ministre du pays. Autant de qualités qui ne donnent aucune chance à ses adversaires politiques.
Ces cinq prétendants pourront donc s’appuyer sur toutes ces qualités pour aller à la conquête des électeurs, s’ils veulent remporter l’élection présidentielle du samedi 25 octobre 2025.
G.K
Légende : Les cinq candidats retenus devront s’appuyer sur leurs atouts pour convaincre les électeurs. Ph : DR.