Le Directoire de la Chambre des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire (Cnrct) a, dans une déclaration, mercredi à Yamoussoukro réagi sur la situation socio-politique. Pour les têtes couronnées, si la Constitution permet à Ouattara de se présenter, il ne devrait pas lui être méconnu son droit d’être candidat. Ci dessous, l’intégralité de leur déclaration…
Il y a près de trois (3) ans bientôt, nous déclarions que des hommes politiques alliés, au pouvoir, étaient en train de s’engager sur une piste dangereusement glissante. Ils étaient en effet, en train de substituer une prématurée et fratricide lutte pour le fauteuil présidentiel en 2020 au noble idéal de conquête de «l’EMERGENCE » de notre Pays à l’horizon 2020. Nous, les Rois et Chefs Traditionnels qui avons aussi pour vocation de scruter l’horizon, avions le devoir d’appeler l’attention de tous nos enfants sur les risques évidents qu’ils faisaient courir injustement à nos populations. Nous voilà encore une fois, devant la Nation pour interpeler nos hommes politiques, notamment ceux qui ont aujourd’hui la lourde responsabilité de diriger notre Pays.
Nous les invitons à privilégier, comme ils le proclament tous d’ailleurs, le dialogue, la négociation pour que le pays continue de se développer dans la Paix et la Stabilité. Ce faisant, ils arriveront à surmonter leurs contradictions internes, lis pourront ainsi reprendre sereinement la promotion de la campagne de l’Emergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020. Cette vision-là est la bonne voie à suivre, car elle rassemble et est bénéfique pour les Populations.
En tout état de cause, personne ne devrait douter qu’après les tragiques épisodes de nos pas si lointaines crises politico-militaires, les populations refusent de revivre ces tristes événements. Si ces tragiques situations devraient survenir à nouveau, elles seraient assurément plus graves, plus néfastes et produiraient des méfaits plus durables que les précédentes. Ne perdons jamais cela de vue. N’oublions pas non plus que l’expérience des justices transitionnelles post-crises enseigne que des résurgences, des répétitions surviennent dans deux cas sur trois. Nous demandons donc à nos hommes politiques de faire en sorte que nos paisibles populations n’aient plus à payer injustement le lourd tribut de nos inconséquences politiques.
Dans ce contexte, les choses étant ce qu’elles sont, ne devons-nous pas suggérer à nos hommes politiques d’envisager l’élection présidentielle de 2020 comme ouvrant une période transitoire, en retenant les hypothèses les plus bénéfiques pour le bonheur des ivoiriens et de toutes les communautés vivant avec nous ?
Sur cette base, si la Constitution permet à l’actuel Président de la République de se présenter à l’élection présidentielle de 2020 et si la situation politique générale interpelle le pays, il ne devrait pas lui être méconnu son droit d’être candidat. Par ailleurs, ce droit doit être reconnu à tout citoyen qui remplit toutes les conditions exigées par la Constitution. Dans tous les cas, le vœu des Rois et Chefs Traditionnels est que le candidat qui sera élu soit celui qui fera l’objet d’un consensus national.
La Côte d’ivoire mérite de continuer à aller de l’avant. Nous ne devons plus ni reculer ni même stagner. C’est pourquoi en guise de conclusion, nous nous contenterons d’évoquer ce qui suit : Avec raison, tout le monde s’accorde à dire que quand il n’y a pas de problème il ne faut pas s’ingénier à en créer. Aussi, quand l’on a déjà ce que l’on cherche, est-il juste de faire comme si l’on n’a pas déjà ce que l’on cherche ? De toutes les façons, dans le cadre des missions qui nous sont assignées par la Constitution, nous nous proposons de rencontrer incessamment les acteurs politiques, remplissant en cela notre rôle traditionnel.
Pour la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels,
Le Président TANOE Amon Paul Désiré