Lors de la 114ème Assemblée plénière des évêques de Côte d’Ivoire tenue dans le diocèse de Korhogo, le 19 janvier 2020, les hommes de Dieu ont produit un communiqué intitulé «Évitons-nous une autre guerre».
Communiqué à travers lequel ils s’alarment du climat sociopolitique. Dans cette interview accordée à Opéra News Côte d’Ivoire, le porte-parole du gouvernement, le ministre Sidi Tiémoko Touré, a tenu à faire des clarifications sur la déclaration des Évêques.
Monsieur le ministre, au terme de la 114è Assemblée plénière de leur conférence, les archevêques et évêques catholiques de Côte d’Ivoire ont fait une déclaration dans laquelle le pouvoir est accusé de ruser avec la réconciliation. Dans la même adresse, l’épiscopat parle de la présence de prisonniers politiques dans notre pays. Quel commentaire faites-vous sur ces cas évoqués ?
Le Gouvernement a réalisé beaucoup pour la réconciliation, la consolidation de la paix et le vivre ensemble. Aujourd’hui notre pays est en paix et en sécurité. L’implication des chefs religieux a été d’ailleurs d’une importance capitale à cet effet.
Cependant, les enjeux actuels appellent que les prises de positions soient mesurées. J’ai effectivement pu lire «Prisonniers politiques et d’opinion» dans ladite déclaration et j’aimerais simplement relever que la qualité de politicien ne nous dédouane pas du fait que nous sommes tous des justiciables. D’autant plus quand il s’agit de flagrant délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Il n’y a pas de prisonniers politiques ni de prisonniers opinion en Côte d’Ivoire. Il faut que cela soit bien clair.
Les évêques avancent aussi dans leur adresse que les résultats de la Commission dialogue,vérité et réconciliation, (Cdvr) n’ont pas eu de suite, confirmez-vous ces déclarations ?
Ce n’est pas juste de dire que les résultats des travaux de cette institution ont été abandonnés. Le président de la République a toujours mis au cœur de son action la sécurité des populations et la réconciliation. C’est dans ce contexte que loi d’amnistie permettant la libération de 800 prisonniers civils impliqués dans la crise post-électorale a été prise en 2018.
N’oublions pas qu’il y a eu 3000 morts et des milliers de victimes dans cette crise. Nous devons à ces familles compassion et assistance. Il faut se prémunir définitivement contre la répétition de tels drames dans notre pays. Nous ne pourrons pas aboutir au pardon sans passer par la justice.
Les évêques évoquent aussi le cas des résultats de la commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV) qui n’ont pas eu de suite?
S’adressant à la Nation à l’occasion de la cérémonie solennelle d’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, le 1er avril 2019 à Abidjan, le président de la République a été clair en indiquant que «l’indemnisation des victimes doit continuer de demeurer une de nos priorités».
C’est donc à cela que s’attelle le gouvernement à travers la ministre de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté qui fait un travail formidable et qui, déjà en 2018, avait indemnisé les victimes de la phase pilote à hauteur de 3,8 milliards de FCFA.
Monsieur le ministre, les évêques dénoncent le manque de dialogue et de concertation entre le régime et l’opposition. En votre qualité de porte-parole du gouvernement que répondez-vous ?
Le Gouvernement a toujours eu recours au dialogue à chaque fois qu’il s’est agi d’entamer des questions d’ordre national. Cela a été le cas dans le cadre de l’élaboration de notre actuelle Constitution. Cela a également été le cas quand il a fallu recomposer la CEI (Commission électorale indépendante, Ndlr). Et sur ce dernier point, je voudrais indiquer qu’il y a eu le temps du dialogue. Nous sommes présentement à quelques mois de l’échéance électorale. L’heure est donc au travail pour la CEI. Le président de la République l’a affirmé, il n’y aura pas de retour en arrière sur ce sujet.
Toutefois, relativement au code électoral, le Gouvernement fidèle à sa démarche d’ouverture a initié à nouveau un cadre d’échanges qui a d’ailleurs débuté avec la présence effective de toutes les parties. A cet effet, nous invitons les chefs religieux de Côte d’Ivoire à encourager toutes les forces vives de la nation à participer à ces échanges.