La Chine continue d’œuvrer pour la normalisation des relations entre le Royaume d’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran qui se regardaient en chiens de faïence jusqu’à une période récente. Ce jeudi 6 avril 2023, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont retrouvés à Pékin pour sceller le rétablissement des relations diplomatiques rompues depuis 2016. Sous le regard du ministre chinois des Affaires étrangères, le prince saoudien Faisal bin Farhan Al Saoud et l’Iranien Hossein Amir Abdollahian, ont signé un accord en vue de la réouverture de représentations diplomatiques : des ambassades à Riyad et Téhéran et des consulats à Jeddah et Mashhad. Dans un communiqué commun, les deux ministres disent « être prêts à éliminer tous les obstacles en vue d’une expansion de la coopération entre les deux pays ».
Dans cette dynamique, les deux pays prévoient la reprise de vols directs entre l’Iran et l’Arabie saoudite, un octroi plus large de visas et des visites de délégations officielles et de représentants du secteur des affaires. Signe que le royaume wahhabite et la république chiite ont enterré la hache de guerre, le roi Salman a d’ores et déjà invité le président iranien qui a accepté de se rendre en Arabie saoudite. Elle pourrait avoir lieu lors de la réouverture des ambassades, avant la mi-mai, ou lors du prochain sommet de la Ligue arabe, à Riyad le 19 mai 2023.
Plusieurs lieux avaient été envisagés pour cette rencontre, dont Bagdad, Mascate et Genève qui ont facilité les pourparlers secrets entre les deux pays depuis avril 2021. C’est une nouvelle fois en Chine, cosignataire de l’accord du 10 mars 2023, que Riyad et Téhéran ont choisi de se retrouver, signe du rôle accru de Pékin au Moyen-Orient
Ce réchauffement des relations entre Ryad et Téhéran est à mettre à l’actif de la Chine qui est en train de réussir à réconcilier les deux pays phares du monde islamique. Le fait que l’Arabie saoudite et l’Iran acceptent la Chine comme médiateur est la preuve que Pékin devient un acteur important du Moyen orient, rôle jusque-là joué par les Etats Unis d’Amérique allié indéfectible de l’Arabie saoudite. C’est aussi la preuve que les Chinois ont les oreilles des deux pays musulmans qui trainent de vieilles rivalités depuis la victoire de la révolution islamique menée par l’Ayatollah Khomeiny. « L’Arabie saoudite a besoin de la Chine, car les seuls États écoutés par les Iraniens sont aujourd’hui la Chine et la Russie. Par ailleurs, il fallait un partenaire de taille, un garant pour cet accord et en même temps, pour la Chine, cela signifiait un retour triomphal sur la scène du Moyen-Orient », a fait remarquer Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen. « Cela permet de la part de la Chine de dire aux Américains que, même s’il y a une pression contre elle, elle devient un interlocuteur privilégié de puissances régionales dans la région, à savoir l’Arabie saoudite et l’Iran », a-t-il ajouté.
Il faut rappeler que l’accord sur le rétablissement des liens entre l’Arabie saoudite et l’Iran a été conclu, le 10 mars 2023 à Pékin, mettant ainsi fin à plus de six années de vives tensions entre les deux puissances rivales du Moyen orient.
Nomel Essis