Le président de la Centrale Plateforme nationale, Gnagna Zadi ne lâche pas prise. Dans cette interview accordée à l’infoexpress, le syndicaliste appelle à la reconnaissance de son Organisation. Il interpelle ceux qui tirent les ficelles et révèle que la base de la Plateforme reste déterminée à ce que leur Centrale soit reconnue.
Bonjour Mr Gnagna. Le 1er mai 2023, les membres de votre centrale ont célébré la fête du travail. Que peut-on retenir de ces festivités ?
Comme tous les travailleurs du monde, nous avons aligner festivités, célébration et revendications. Dans ce cadre, la Centrale Plateforme a salué tous les acquis des luttes que nous avons menées depuis 2017 et particulièrement les acquis de 2022. Acquis obtenus à l’issue de la négociation avec le gouvernement. Nous avons particulièrement insisté sur la prime exceptionnelle de fin d’année que nous voulons voir progresser pour devenir un véritable 13e mois. Nous avons également soumis des revendications notamment au niveau de la Fonction publique. Nous avons souhaité que les cadres de discussion fonctionnent et que les retraités du secteur public soient pris en compte. Au-delà de ce qui a déjà été fait par le gouvernement. Parce que notre souhait, c’est que les retraités ne soient pas les mendiants de demain. Nous avons également souhaité, dans cette célébration que la Centrale Plateforme Nationale rentre enfin dans son statut. Un statut qui lui a été reconnu techniquement à l’issue du processus de mise à jour de la base de données des Centrales syndicales dans notre pays, qui a abouti à un arrêté. Nous avons lancé un appel au président de la République afin qu’il se saisisse de ce dossier, en tant que Chef de l’Administration et Patron de tous les syndicats. La reconnaissance pleine et entière de la Centrale Plateforme était le point d’orgue de toutes les célébrations. C’est à dire que l’Etat lui reconnaisse pleinement son droit conformément à l’arrêté qui a été pris en 2019. Nos camarades du secteur privé ont salué les améliorations qu’il y a eues, et ont souhaité que le Smag soit supprimé et que le Smig prenne la place pour tous. Que les minimas catégoriels qui ont été revalorisés soient effectivement mis en œuvre..
Parlant de la reconnaissance de la Centrale Plateforme est-ce que le gouvernement a une oreille attentive ?
Pour le moment, Il n’y a rien. Nous parlons dans le désert. Nous avons rencontré des autorités politiques et administratives. Les ministres avec qui nous discutons. Beaucoup ont vu la pertinence de l’arrêté et ont souhaité résoudre la préoccupation. Mais jusqu’à présent, nous sommes au statut quo. Quand il s’agit de travailler à inviter les fonctionnaires à rentrer dans le processus de paix sociale, la Centrale Plateforme est invitée. La table est dressée. Mais quand il s’agit de nous reconnaître notre statut légal, qui est reconnu par les textes, personne ne nous écoute. Depuis que nous crions dans le désert, personne ne nous écoute. A la limite, c’est un mépris souverain qu’on nous rend.
Pensez-vous que des organisations ou personnes tirent les ficelles ?
Évidemment, parce que les choses sont tellement claires. Et je l’ai dit. J’ai devant moi, le procès verbal de délibération du comité technique chargé de l’examen des dossiers des organisations syndicales. Ce comité a été dirigé par l’Inspecteur général de l’Emploi et de la Protection sociale Bolou. Qu’accompagnait le professeur Traoré Flavien, Inspecteur général et bien d’autres. Et même, la Directrice générale du travail, Mme Coulibaly Bintou ont conduit un comité technique, financé par la Côte d’Ivoire, pour détecter et retrouver les organisations qui sont conformes au code du travail. C’est à dire la loi du travail de 2015 qui détermine les conditions pour être Centrale syndicale. Que faut-il encore techniquement et légalement ? Ils disent eux-mêmes : « en vue de retenir celles qui répondent à la définition des centrales syndicales telle que prescrite par l’article 53.2 du code du travail. Au terme des travaux du comité qui ont porté sur l’examen des 14 dossiers, il est à retenir ce qui suit». Et en conclusion, la Centrale Plateforme est retenue. Et nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes mis à l’écart. Donc forcément, des gens n’ont pas intérêt à ce que la Centrale Plateforme soit là où elle doit être. On ne sait pas trop pourquoi. Je ne veux pas croire que des syndicalistes seraient à la base. Sinon cela serait une catastrophe pour le syndicalisme ivoirien. Le syndicalisme a pour base base la solidarité. Logiquement, les autres cinq devraient soutenir la plateforme. Si j’avais été à leur place, je me serai battu pour que celui qui est mis à l’écart revienne. Parce-que nous sommes six sur un arrêté qui a été signé par le gouvernement ivoirien.
On ne sait pas qui tire les ficelles. Mais en tout état de cause, on ne s’adresse qu’au gouvernement. C’est le gouvernement qui est notre gouvernement. Le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale est le ministre de tous les syndicats. Il n’a pas à trier les syndicats. C’est à lui que nous nous adressons parce que c’est lui qui est chargé de transmettre au gouvernement la liste de toutes les organisations reconnues comme telles. Et dans la continuité de l’Administration, son prédécesseur Pascal Abinan a fait un travail technique, qui n’a jamais été remis en cause. Et qui a donné la liste des six centrales syndicales reconnues.
Jusqu’à ce jour, on ne sait pas qui tire les ficelles. Certainement ils finiront par se dévoiler.
Il avait été dit qu’il devait y avoir élections professionnelles avant qu’on ne soit reconnu. Mais il n’y a jamais eu d’élections professionnelles générales en Côte d’Ivoire entre les Centrales syndicales. Le premier document officiel qui détermine légalement les Centrales syndicales, c’est ce document. Il n’y a en pas mille. Et le gouvernement fait comme si ce document n’a jamais existé. Comme si ce processus n’a jamais eu lieu. Est-ce que parce que cela concerne Gnagna Zadi et la Plateforme qu’on ignore qu’un travail technique a été fait sur un an, avec l’argent du contribuable ? Il faut qu’on nous le dise. Pour nous, il n’y a pas mille chemins. C’est au gouvernement de résoudre ce problème. Le choix est là. Soit on organise les élections professionnelles, le plus tôt possible pour que justice soit faite, pour que la vérité triomphe.
On ne fait pas l’aumône. On ne dit pas de nous faire une faveur particulière. Il est dit sur le document que nous sommes six. Les élections n’ont pas eu lieu. Sur quelle base, on retient cinq et on rejette le sixième.
C’est arbitraire et injuste de retenir cinq et laisser le sixième, alors que nous sommes sur le même document. Quand ce papier, on le brandit au plan international, on nous ouvre tous les bras, parce qu’ils savent que c’est une réalité. C’est une injustice.
Que souhaitez-vous ?
Nous souhaitons que cette injustice soit réparée. Que les six soient mis sur le même pied d’égalité. Et lorsque les élections seront organisées, alors, les cinq premiers seront ceux qui seront retenus. Dès lors, personne ne pourra se plaindre car la justice aura parlé. Mais tant que cela n’a pas eu lieu, c’est injuste, arbitraire de mettre la Centrale Plateforme de côté. Et, c’est un abus de pouvoir, une violation de la loi de nous mettre de côté. Parce que le document s’appuie sur la loi de 2015 code du travail, article 53.2. Nous demandons que la Côte d’Ivoire respecte ses documents pour une question de cohérence. On peut ne pas aimer la plateforme, on peut ne pas aimer Gnagna Zadi. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il s’agit d’appliquer ce que notre pays a décidé et à faire travailler des opérateurs internationaux. Le Bit, l’Oit étaient là. Quand tout ce travail a été fait, pourquoi diantre, on fait comme si ce document n’existe pas ? Qui tire les ficelles. Qui est derrière tout ça. Pourquoi ? Il faut qu’on nous le dise.
Avez-vous rencontré le Ministre de l’Emploi ? Qu’a-t-il dit ?
Nous avons rencontré le ministre de l’Emploi. Il dit qu’il y a un processus électoral. Qu’on doit attendre que ce processus électoral ait lieu. Mais depuis quatre ans, le processus n’a pas lieu. Ça fait deux ans qu’il est là. Mais il ne parle pas d’élections. Ni même dans un courrier. Quand il nous voit, il parle d’aller aux élections. Quand on tourne le dos, il n’en parle plus.
On prend l’élection comme une sorte de chiffon rouge pour nous distraire, pendant que les autres n’ont pas intérêt à ce qu’il y ait des élections, puisqu’ils sont déjà adoubés.
Pensez-vous que le ministre a intérêt à ce qu’il n’y ait pas des élections ?
Il a promis des élections. Mais il n’en a pas fait jusqu’à présent. Et il ne l’évoque pas..
Avez-vous un appel à lancer au ministre ?
L’appel que je lance c’est que le ministre puisse jouer son rôle. Il y a un document qu’il a signé. Que le gouvernement ivoirien a signé et le document a été envoyé dans tout ce que la Côte d’Ivoire compte comme lieu ampliation. Qu’il applique l’arrêté. Et alors qu’on aille aux élections. A défaut des élections, qu’on nous traite sur le même pied d’égalité. Jusqu’à ce qu’il y ait ces élections professionnelles. Que la Centrale plateforme attend de pied ferme. Parce que nous sommes présents dans le secteur privé contrairement à ce que beaucoup disent. Nous avons même gagné des élections dans les Entreprises contre ces centrales. On est prêt. Au privé comme au public, on pense qu’on va gagner ces élections. Et on ne fera pas de figuration. Qu’on les organise pour qu’on en finisse. Mais à défaut, en attendant, aujourd’hui même, on ne peut pas nous laisser de côté et prendre les cinq, sans qu’il y ait une base légale qui le détermine. Le retour en arrière est une aberration, une injustice, un abus de pouvoir de la part du ministère de l’Emploi et de la Protection sociale. Mais nous sommes déterminés à mener ce combat.
Que doit-on comprendre par mener ce combat ?
Nous adapterons notre stratégie, nos combats aux réalités. Mais la base de la Centrale Plateforme est déterminée à ce que leur centrale soit reconnue. Que l’arrêté soit appliqué. J’ai suffisamment mis le dos pour dire aux camarades d’attendre. Nous adapterons nos stratégies à nos réalités, aux réponses, aux écoutes. Si on nous laisse crier dans le désert, on criera dans le désert. Il n’y a pas un autre combat pour nous aujourd’hui. C’est cela notre combat. MERCI
Entretien réalisé par Fulbert Yao