Après la France, l’Espagne et l’Italie, Guillaume Soro a été reçu vendredi, à Chatham House à Londres, au Royaume-Uni.
Comme s’il fallait s’y attendre, il était encore dans son mauvais rôle. Devant les membres de la Chatham House, il s’est non seulement attaqué à la démocratie, mais aussi à l’économie et à la gouvernance du pays.
lexpressionci.com vous propose l’intégralité de son discours.
Allocution de M. Guillaume Kigbafori Soro
Mesdames et messieurs,
La démocratie est en danger en Côte d’Ivoire.
Il y’a un story-telling répandu par le régime de M. Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, selon lequel notre pays se porterait comme un charme. C’est tout simplement un fake!
Il est temps de sortir du voile de cette propagande. Cette vitrine flatteuse entretenue par les agences de communications financées dans les médias internationaux par le gouvernement de M. Ouattara se heurte en effet à la dure réalité de l’échec indiscutable de sa politique socioéconomique : Lisons ce que disent la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International: la croissance ivoirienne est en baisse continue depuis 2016, elle est ainsi passée de 9% en 2016 à bientôt 6% en 2020 ; le taux de pauvreté des Ivoiriens est de plus de 48%, selon les mêmes institutions, soit près de la moitié des 25 millions 823 mille ivoiriens recensés en 2019 ; le PNUD classe mon pays, selon l’IDH, à la 170è place, parmi les plus faibles sur 189 pays, en matière de développement humain ; la Banque Africaine de Développement (BAD) basée en Côte d’Ivoire, a estimé en 2018 le taux de chômage des Ivoiriens entre 70 et 90% de la population en âge de travailler ; la perception de la corruption a gravement augmenté dans le pays, selon le rapport 2019 de Transparency International ; la Cour des Comptes, institution officielle de Côte d’Ivoire, vient d’épingler courageusement la mauvaise gouvernance du régime Ouattara, en dévoilant un déficit budgétaire injustifié de plus de 103 milliards de Francs CFA, etc. Voilà quelques chiffres qui prouvent à suffisance que mon pays bien-aimé, la Côte d’Ivoire, va mal, et même très mal n’en déplaise aux agences de lobbying et de communication.
A présent, jouons à un jeu de devinette! Permettez-moi de vous poser quelques questions pour un champion à propos de mon pays.
1- Le saviez-vous ? Quel est le plus grand pays d’Afrique francophone dans lequel la liberté d’expression n’existe pas et qui ne possède aucun média audiovisuel privé ? C’est la Côte d’Ivoire.
2- Le saviez-vous ? Quel est le pays africain où le taux de suicide de la population est le plus élevé et le 5ème pays au plus fort taux de suicide au monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS, dans un rapport publié en septembre 2019 ? C’est la Côte d’Ivoire.
3- Le saviez-vous ? Dans quel pays africain le Président de la République a nié pendant longtemps l’existence de prisonniers politiques, avant d’en libérer tout d’un coup plus de 1000 par ordonnance d’amnistie le 6 août 2018, tout en laissant d’autres centaines de prisonniers dans ses cachots ? C’est la Côte d’Ivoire.
4- Le saviez-vous, dans quel pays d’Afrique francophone a des pratiques de parti-Etat où tout haut cadre de l’administration qui n’est pas membre du parti au pouvoir est viré de son poste, et dans quel pays limoge-t-on à outrance tout cadre important de l’administration qui adhère à un parti d’opposition ? C’est la Côte d’Ivoire.
5- Le saviez-vous ? Dans quel pays africain un député a-t-il été jeté en prison pour avoir publié un tweet ? C’est en Côte d’Ivoire.
6- Le saviez-vous ? Dans quel pays d’Afrique francophone la presse du pouvoir n’hésite pas à porter contre l’opposition des accusations délirantes de jihadisme sans le moindre début d’une preuve ?
Oui, Mesdames et Messieurs de la Chatham House,
Mon pays la Côte d’Ivoire risque à nouveau de brûler : des militants de l’opposition y sont régulièrement menacés, bastonnés, kidnappés, arbitrairement emprisonnés, et même parfois assassinés, tel le jeune Noël Soro Kognon, tué le 7 juillet 2018 à Korhogo par des militants du parti de M. Ouattara pour avoir participé à une simple réunion associative, ou le jeune Coulibaly Lanciné, tué par les partisans de M. Ouattara le 14 octobre 2018 à Abobo ; les principaux syndicats de magistrats et d’avocats de Côte d’Ivoire se sont publiquement plaint des immixtions illégales et illégitimes du pouvoir Ouattara dans le fonctionnement de la justice ; les organisations de la société civile et les partis politiques de l’opposition y sont régulièrement traqués, harcelés, privés de leurs droits constitutionnels, empêchés de se réunir, mis à l’index dans l’opinion, menacés de représailles diverses, les leaders de l’opposition, tel moi-même, sont régulièrement menacés de coups et blessures, d’emprisonnements arbitraires, de procès en sorcellerie, et même d’assassinat par les officines et militants stipendiés du pouvoir Ouattara ! Derrière la vitrine Ouattara voilà ce qu’est devenu la Côte d’Ivoire. Vous avez bien entendu. Je ne parle pas de la Gambie de Yayah Jammeh mais de la Côte d’Ivoire.
Oui, mon pays, la Côte d’Ivoire risque à nouveau de brûler parce que le Président Ouattara, au mépris de l’histoire institutionnelle de notre nation, a décidé de s’octroyer le contrôle absolu de la Commission Electorale, dans laquelle il a essentiellement et unilatéralement nommé des membres et des obligés de son parti et de son régime ! Faisant fi d’une condamnation de la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples en date du 18 novembre 2016, le régime Ouattara fonce en effet tête baissée vers une énorme mascarade électorale en 2020, en piétinant les principes d’équité, de transparence, de confiance et de compétence qui doivent présider à toute organisation électorale dans nos jeunes démocraties.
Mon pays risque à nouveau de brûler – et ne me dites pas que je n’ai pas tiré la sonnette d’alarme à temps-, parce que le Conseil Constitutionnel, l’institution supposée énoncer le droit en dernière instance en Côte d’Ivoire est de nouveau confisquée par le pouvoir Ouattara et à ses ordres exclusifs. Mon peuple manque ainsi du recours et du secours pourtant indispensables d’une justice indépendante et rigoureuse. Bien sûr, pour masquer toute cette dérive dictatoriale, M. Ouattara finance à coups de millions d’euros des cabinets de lobbying qui polissent son image. Mais la lumière finit toujours par vaincre les ténèbres.
Oui, Mesdames et Messieurs les membres de la Chatham House,
Mon pays risque à nouveau de brûler parce si nous invitons Sherlock Holmes en Côte d’Ivoire, il nous indiquera les criminels dont les déclarations avouent clairement leurs crimes. Écoutez bien le Directeur Exécutif du RHDP le parti au pouvoir de Ouattara, a affirmé le lundi 28 octobre 2019 lors d’une conférence publique à Abidjan que son parti disposait de 3 millions 700 mille militants enregistrés et futurs électeurs ! Du jamais vu dans l’Histoire politique en Afrique et dans le monde, pour un pays de 25 millions d’habitants ! En effet, si l’on se souvient que l’actuelle liste électorale de Côte d’Ivoire compte environ 6 millions d’électeurs inscrits, M. Bictogo, au nom du Président de son parti, Alassane Ouattara, nous a annoncé, ni plus ni moins que la victoire assurée de leur candidat avec 62,5% des voix dès le 1er tour de l’élection de 2020 ! Le parti travailliste britannique, avec ses un peu plus de 500 000 adhérents pour près 66 millions d’habitants ou le parti conservateur avec ses 160 000 adhérents, auraient donc tout à apprendre du parti de M. Ouattara, tout comme la République en Marche de M. Macron en France, qui ne dépasse que difficilement la barre des 400 000 adhérents, pour près de 68 millions d’habitants ! En vérité, nous assistons à l’organisation d’une vaste opération de tricherie en Côte d’Ivoire ! Jamais, au grand jamais un parti politique n’a dépassé la barre des 500 000 adhérents effectifs et non forcés en Afrique francophone !
En réalité, de toutes mes forces, avec mon mouvement Générations et Peuples Solidaires et nos alliés, je me bats pour que mon pays ne replonge pas dans la tragédie ! Et je suis venu vous parler afin d’en appeler à chacune et chacun d’entre vous, car vous êtes issus d’une Grande Nation spirituelle, qui connaît les souffrances du Pauvre, de la Veuve, de l’Orphelin et de l’Etranger !
Voilà pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire :
• Parce que j’aime mon pays et que j’ai perçu son attente de réconciliation, de justice et de prospérité partagée pour tous ses ressortissants ;
• Parce que je ne puis me résoudre à voir la moitié de mes compatriotes croupissant dans la misère, alors que les gouvernants osent présenter notre pays comme un miracle des dieux ;
• Parce que le combat que j’ai engagé depuis mon adolescence, avec mes compagnons de lutte, pour la justice, l’Etat de droit, le pluralisme politique et la démocratie réelle en Côte d’Ivoire mérite d’être poursuivi et consolidé par l’instauration d’institutions véritablement justes et efficaces ;
• Parce que je crois au génie des jeunes, des cadres, des femmes, des paysans, des ouvriers, des hommes d’affaires, des intellectuels en tous domaines, des ingénieurs, des amis de la Côte d’Ivoire et parce que je pense qu’un cadre assaini, une proactivité redoublée peuvent placer ce pays au pinacle des succès ;
• Je suis candidat à l’élection présidentielle de 2020 pour mettre fin aux pressions migratoires sauvages qui partent chaque année de mon pays la Côte d’Ivoire, pour trouver des solutions originales au fléau du chômage, pour stopper la dévastation écologique en cours dans mon pays, pour moderniser notre système éducatif et professionnel, pour transformer l’agriculture ivoirienne en un secteur optimalement performant, pour aider à l’émergence des champions économiques ivoiriens et de multinationales ivoiriennes à travers l’Afrique et le monde, pour héberger dans mon pays les capitaux les plus innovants et y enraciner une économie vivante de la connaissance ;
Oui, je suis candidat à l’élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire parce que je crois que mon pays mérite de tourner la page critique et agitée des héritiers et opposants de l’ordre politique ancien, qui a fait son temps, et parce que je sais que l’heure de faire la politique autrement, en impliquant activement le peuple des citoyens a sonné !
Mesdames et messieurs,
En cette Chatham House, je suis venu vous demander de prendre une part active dans la sauvegarde de la paix dans mon pays. Je suis venu vous demander d’aider mon pays à s’enraciner dans la démocratie et le respect de la souveraineté du Peuple, au lieu d’assister passivement à sa descente aux abîmes de la dictature qui s’y aggrave chaque jour.
Une élection présidentielle aussi cruciale que celle de 2020, ne peut pas se dérouler sous la confiscation de l’institution électorale et de l’institution judiciaire par l’actuel Président de la République, M. Alassane Ouattara !
Rendez-vous compte que même le Président Laurent Gbagbo, ancien Chef de l’Etat ivoirien, actuellement en procès à la Cour Pénale Internationale à La Haye, avait accepté une Commission Electorale Indépendante consensuelle, dirigée par un opposant à son régime !
Rendez-vous compte que c’est tout le modèle électoral ivoirien conçu, soutenu, subventionné avec l’appui de la Communauté Internationale qui est aujourd’hui en péril ! N’est-il pas impératif de ne pas laisser détruire un modèle de certification électorale qui a coûté des millions d’euros aux contribuables de vos pays d’Europe et du Royaume-Uni ?
La Commission Electorale actuelle va brûler la Côte d’Ivoire et tous ceux qui, de près ou de loin, auront cautionné par leur inaction un tel forfait porteront la terrible responsabilité du sang, de la sueur et des larmes des populations de mon pays ! Ne soyons pas des médecins après la mort, encore moins des pompiers pyromanes. Défendons la démocratie, soutenons un processus démocratique équitable, sauvons ensemble l’avenir du Peuple ivoirien !
Pour qu’il y ait une véritable élection présidentielle dans mon pays, la Côte d’Ivoire, il faut de toute urgence retirer le contrôle absolu du processus électoral des mains du Président Ouattara et de l’actuelle Commission Electorale soumise à ces ordres.
Avec votre soutien, cet objectif est atteignable. Notre Peuple, notre mouvement Générations et Peuples Solidaires, l’ensemble des Forces de l’Opposition Politique Ivoirienne et moi-même, espérons pouvoir compter dès ce jour sur votre engagement actif pour la sauvegarde de la stabilité, de la paix, de la justice, de la prospérité et de l’espérance en Côte d’Ivoire !
Vive l’amitié des Peuples.
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie.