Le Coronavirus ne doit pas être un frein à l’instruction des enfants. Depuis le 22 mai dernier dans le grand Abidjan, les élèves ont repris le chemin de l’école. Dans ce contexte, les parents ont opté pour des cours de renforcement pour leurs enfants. Cependant, le respect des mesures barrières est difficile.
Cocody précisément au Deux-Plateaux mobile ce dimanche 7 mai, il est 8h30. Non loin de la ruelle qui mène à la Casa des II Plateaux, un groupe d’enfants récitent les leçons en cœur. À l’entrée de la cour, un seau pour se laver les mains et du gel hydraulique sont posés sur un banc. C’est un homme d’environ 34 ans, le visage souriant qui donne des cours à de nombreux enfants dont l’âge varie entre 6 et 15 ans. Portant une visière, cet enseignant à temps partiel, dit avoir perdu une bonne partie de ses élèves. «Ils étaient environ 50. Mais suite à la maladie de Coronavirus, beaucoup ne viennent plus. Ceux que vous voyez sont en majorité en classe d’examen et je suis de la même église que leur parents », affirme Bertin Manbo, l’enseignant. Les enfants munis de leurs masques se tiennent à la distance prescrite d’un mètre. «Ici, nous faisons l’effort de respecter les mesures barrières. Ce n’est pas facile, c’est pourquoi pendant les cours aucun n’enfant n’a le droit de se lever si ce n’est pour aller aux toilettes. Même moi je ne m’approche plus des élèves, ni même défilé dans les rangées», révèle-t-il. Comme une passion, l’homme voue une partie de son temps à faire du bénévolat. Il considère cela comme un ’’coup de pouce’’ pour aider les enfants. «Je suis communicateur de formation dans une Entreprise. C’est pourquoi quand, j’ai écrit aux parents d’élèves de leur acheter des cache-nez, cela n’a pas été un problème. Et aujourd’hui, les parents veillent à ce que les enfants aient leurs masques avant de venir ici. Mieux, les enfants ne sortent plus sans se couvrir le visage », se réjouit-il.
Un tour dans la commune N’Zassa, à Treichville, il est 18h 50. A l’avenue 9 rue 5 non loin de la Médiathèque, des bancs sortent d’un magasin pour être placé sur le trottoir. Les premiers arrivés s’attèlent a donné un coup de balai rapide tandis que d’autres nettoient le tableau. C’est une véritable salle de classe qui est en train de prendre vie sous nos yeux. Impossible de deviner qu’il y a un magasin qui se cache derrière cette classe. Des élèves, tous issus du primaire, prennent cours avec celui que tout le monde appelle affectueusement « Monsieur ». La cinquantaine révolue, il tient ce lieu depuis plus de 20 ans. « Chaque soir, sauf les samedis et jours exceptionnels, les enfants viennent prendre des cours ici. Parmi, ces enfants d’autres font leur cursus scolaire jusqu’au Cepe puis partent au collège », nous affirme Camille Aka Simon. Cet homme qui a dévoué toute sa vie à l’apprentissage du savoir des tout-petits, a fait de son magasin une entreprise «Chaque élève a une fiche de note. Nous apportons un suivi minutieux. Je n’accepte pas l’échec donc mes apprenants savent ce qu’ils doivent faire. Ici les enfants sont comme à l’école et on paie la formation. Les retards ne sont pas tolérés, mais nous somme dans un quartier où il faut faire avec les difficultés des parents», lâche-t-il. Quant au respect des mesures barrières, il avoue qu’il ne peut faire respecter le lavage des mains. Nous pouvons le constater, les enfants ne portent aucun cache-nez et ne respectent pas la distance d’un mètre. «La longue période de deux mois sans cours, n’a pas facilité l’apprentissage des élèves. Nous ici, on fait la révision complète des cours inscrits dans les manuels. Mes élèves de la classe de CM2, n’ont aucun mal dans le déroulement du programme. Nous sommes en avance dans le programme et je peux dire qu’ils sont prêts pour les examens. L’action entreprise par le ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle est salvatrice. Vu qu’elle permet de sauver l’année scolaire et elle l’a réussi », félicite-t-il.
Notre périple nous conduit dans la commune commerciale du District d’Abidjan, Adjamé dans le quartier Marie Thérèse. Un jeune étudiant du nom d’Ali Traoré donne des cours de renforcement. Ce garçon baignant dans la vingtaine donne des cours de soutien à sept élèves de la classe de 5e au Cm1 dans une cour de sept logements. Cela lui permet, confie-t-il, de venir en aide à ses petits frères afin de leur apporter un plus dans leur savoir. «Ici les parents n’ont pas trop le temps à accorder à leurs enfants. Le père sort le matin et c’est le soir qu’il rentre fatigué et n’accorde pas grande importance aux études de l’enfant. La mère c’est pratiquement pareil, mais elle une fois rentrée, doit faire la cuisine et le ménage. Je prends les enfants cas par cas. Cela n’est pas facile, je ne perçois rien comme rémunération. Et encore quand, il est l’heure, difficile de libérer les enfants» indique l’étudiant. Il ajoute que les enfants sont dans un quartier pauvre. Difficile donc pour eux de respecter les mesures barrières édictées par le gouvernement. «Je mets un seau d’eau et du savon pour mes élèves, mais souvent avant de débuter les cours à 18h, le sceau est vide ou soit on ne voit pas le savon. Les gels hydro alcooliques et les masques sont une fortune pour nous. Dur est la réalité de notre quotidien, on veut bien aider les enfants mais nous sommes impuissants face aux difficultés», déplore l’étudiant en Chimie et Biologie.
Izoudine