La région du Cavally fait partie des zones dans l’ouest à n’avoir pas connu de troubles lors de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Après ce scrutin, une incursion dans la région a permis de se rendre compte du travail abattu en amont par les autorités politiques, administratives et traditionnelles. Reportage !
Un climat de paix règne dans la région du Cavally. Ce mardi 17 novembre 2020, la ville de Toulepleu se réveille sous un soleil ardent. Notre équipe de reportage, met le cap sur la préfecture de la ville. Sur les lieux, l’équipe est accueillie par les services de l’administrateur principal pour les civilités. Informé de la presence de équipe de reportage, le préfet vient donner les conseils d’usage afin que le séjour se passe dans de bonnes conditions. Galvanisée par l’administrateur, l’équipe prend la direction de Pekan Barrage, village frontalier du Libéria. Objectif, se faire une idée du nombre de déplacés internes et s’informer des effets des actions de paix menées par les autorités politiques, administratives et traditionnelles. sur une piste rocailleuse, le ballet incessant des motocyclettes vient perturber le silence de la forêt. Ces motocyclettes sont pour la majorité des moto-taxis. Ces engins à deux roues qui, dans les normes doivent transporter un passager, se retrouvent avec trois à quatre passagers y compris leurs valises. Renseignements pris, la plupart de ces passagers sont des déplacés internes ou même des réfugiés qui reviennent du Libéria, pays voisin de la Côte d’Ivoire ou des villages frontaliers. Après quelques kilomètres parcourus, juste après Seizaibly, un moto-taxi surchargé accepte de marquer un arrêt. » Ce sont de passagers que je suis allé chercher au Libéria. Ce sont pour la plupart des élèves qui reviennent pour la reprise des cours » ,a indiqué Koulaté Georges. À l’arrière de l’engin, Sonia en classe de seconde dans un collège à Toulepleu explique qu’elle avait eu refuge au Libéria. » A entendre tout ce qui se racontait à l’approche de l’élection présidentielle, avec l’arrêt des cours j’ai dû fuir la ville pour aller au Libéria afin d’échapper à d’éventuels affrontements », a-t-elle déclaré.
De retour du Libéria, une mère et ses enfants sont en direction de la ville de Tiobly. Des baluchons en main, des valises et des sacs de fortune sur la tête. Cette bonne dame et ses six progénitures tentent de rejoindre la ville.
Rumeurs et fausses informations
Traumatisée par la rébellion de 2002 et la crise postelectorale de 2010, la méfiance et la peur s’installent au sein la petite communauté de voyageurs, lorsqu’ils aperçoivent des véhicules de transport. Quand les véhicules stationnent, c’est la débandade. La maman et les enfants prennent leurs jambes au cou pour rejoindre le fond de la forêt.
Le sentiment d’affection et le sens du devoir animant l’équipe de reportage, des journalistes descendent pour rassurer la dame et ses enfants. Après plusieurs tentatives, ils acceptent de sortir de la forêt, tout de même méfiants. Le ton amical finit par rassurer le petit groupe qui revient à la raison. Une fois rassurés, les visages des fuyards deviennent radieux. » Les enfants doivent retourner à l’école, c’est pourquoi, nous retournons à Tiobly. J’ai six enfants, mais trois sont restés en Côte d’Ivoire. Trois autres enfants de mon cousin se sont ajoutés à nous. Nous avons fait trois semaines au Libéria » , a expliqué madame Takoa Odile. Elle soutient que personne ne lui a demandé de quitter la ville, mais c’est pour imiter certaines personnes qui décidaient de quitter la Côte d’Ivoire à cause de l’élection présidentielle, qu’elle a décidé de faire pareil, pour dit-elle se mettre à l’abri d’un éventuel conflit.
» La paix est en Côte d’Ivoire, j’ai appris que les enfants ont repris les cours, raison pour laquelle je retourne au pays. J’ai un enfant en sixième et un autre en cinquième. Nous nous retournons pour qu’ils reprennent les cours. Je suis ravie de retrouver mon pays en paix. Il y a des gens encore au Libéria. Quand nous serons en place, ils vont nous appeler pour se rassurer avant de prendre le chemin du retour. Au Libéria, nous étions à Tossa », a-t-elle expliqué. Elle a également reconnu que la ministre, Anne Désirée Ouloto, par ailleurs présidente du conseil régional du Cavally, avait donné l’assurance que rien de grave n’allait se passer. Mais la peur de 2010 et les folles rumeurs ont eu raison de leur volonté. » La ministre Anne Ouloto nous avait demandé de ne pas partir que tout allait bien se passer. C’est elle qui avait raison. Nous avions peur » à-t-elle ajouté. Ravie d’être rassuré que tout va bien en Côte d’Ivoire, Takoa Odile et ses enfants reprennent le chemin du retour à la grande joie des enfants qui n’ont pas manqué de l’exprimer. Outre cette famille, plusieurs autres déplacés étaient également sur les routes pour le retour au pays.
A Pekan Barrage, l’équipe de reportage prend la direction de Pekan village, village natal d’un des barons de l’ancien régime, mais également homme de média, le regretté Paul Dokui. Une fois dans ce hameau, une rencontre avec la chefferie finit de convaincre sur l’accalmie qui a prévalu avant, pendant et après les élections. Preuve du résultat d’une réelle politique de cohésion sociale menée par les autorités politiques, avec en première ligne, la ministre Anne Ouloto. Le secrétaire général du chef du village, Gnandé Koulaté Mathurin donnant les raisons de la paix dans la zone, indique que bien avant les élections, toutes les populations ont été invitées à prôner la paix et le vivre ensemble. De son avis ce message de paix est vraiment passé. « Les élections se sont bien passées », a-t-il déclaré. Parlant des personnes venues trouver refuge dans Pekan Village, il a fait savoir qu’ avant les élections, ils ont constaté une affluence de personnes qui quittaient la ville vers leur village. Selon lui, le village enregistre 435 déplacés. » Les éléments de la croix rouge, du Hcr,et de la Daara sont venus également faire le constat. » , a-t-il déclaré. Klagnon Maurice, chef de Pekan village a dressé les doléances des populations. Il a indiqué que son village à un centre de santé qui malheureusement manque de personnel. » Un infirmier y avait été affecté après un an d’exercice, il a été réaffecté et depuis lors, nous n’avons pas encore reçu d’infirmier. Le centre est toujours fermé. l’antenne de téléphonie mobile à du mal à fonctionner. Nous avons besoin d’une antenne téléphonique afin de porter les informations urgentes aux autorités. le réseau téléphonique est très important dans les villages frontaliers », a-t-il déclaré.
Lassina Fofana, Envoyé spécial