Tout au pays de Narendra Modi se conjugue au superlatif. Grands aéroports internationaux en l’occurrence ceux de Mumbai ou de Dehli, les quelques-uns que nous avons pu admirés, lors de notre séjour, ne laissent pas indifférent le passager tant par son architecte particulier.
A côté de ce charme, les autoroutes tout autant démentielles, prouvent que, l’Inde, la cinquième (5e) puissance économique mondiale selon le Fond monétaire international, depuis 2024 juste devant deux anciennes puissances colonisatrices que sont le Royaume Uni et la France, veut rattraper son retard.
Pays le plus peuplé au monde depuis avril 2023, avec 1,428 milliard d’habitants devant la Chine ,l’Inde, ce pays aux multiples facettes a laissé le temps d’un court séjour du 23 au 30 octobre 2024, l’occasion à une trentaine (30) journalistes africains , originaires des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre , notamment de l’Angola, de la Côte d’Ivoire, de la République Démocratique du Congo, du Congo, de la Guinée équatoriale, de la Guinée, du Ghana, du Nigeria, du Niger et du Togo, d’ effleurer ces réalités.
A l’occasion, ces ambassadeurs des pays africains bien que n’ayant pas pu explorer l’ensemble de toutes les superficies de plus 3 millions de km2 ont de ce vaste pays, ont pu visité en autres le musée national (National Museum), situé à New Delhi, le siège social du centre pour la Coalition pour des infrastructures résilientes aux désastres (CDRI), le média Press trust in India, toujours à Delhi, la célèbre statue de l’Unité, un édifice de plus de 182 mètres situé à Ahmedabad (la plus grande ville de l’Etat de Gujarat) dans le nord-ouest du pays, le sabarmati Asharm and Museum, l’ancienne maison du père de l’indépendance Indienne de Mahatma Gandhi, transformée en musée ainsi que certains instituts d’excellence du pays situé dans la région,en l’occurrence le national institute of Design at Indian Institute of Management Ahmedabad, etc.
Entre ses visites, Shri P. Kumaran, secrétaire spécial au ministère des affaires étrangères a, au cours d’une rencontre avec les journalistes africains,expliqué l’objectif de ce voyage de familiarisation des professionnels des médias africains en terre indienne. Sans langue de bois, Shri P. Kumaran, a confié que son pays, conscient de son passé commun avec le continent, envisage un avenir commun avec l’ensemble des pays du Sud dont l’Afrique en pole position.
Aussi, dans cette dynamique,a-t-il relevé, lors de la présidence de l’Inde au G20 en 2023, la priorité a été accordée aux préoccupations des pays en développement. Toutes choses qui aboutissent à l’inclusion de l’Union africaine en tant que membre permanent du G20.
« Le Sommet de la Voix du Sud Global a renforcé ce dialogue. Pour sa troisième édition cette année, sous le thème « Un Sud global renforcé pour un avenir durable », les dirigeants de 123 pays ont discuté de divers sujets, y compris le déploiement des infrastructures publiques numériques pour accélérer les ODD au-delà de 2030 », a-t-il déclaré.En outre, le secrétaire général au ministères des affaires de l’Inde a également fait remarquer que la politique étrangère de l’Inde envers l’Afrique repose sur quatre piliers à savoir le partenariat de développement et le renforcement des capacités, le commerce et l’investissement, des liens solides entre les peuples, ainsi que la sécurité de la défense et de la mer.
« Nos priorités sont guidées par des principes de non-ingérence et de respect mutuel. L’Inde et l’Afrique partagent une relation économique multidimensionnelle, l’Inde étant le quatrième partenaire commercial et le cinquième investisseur en Afrique. Notre commerce avec l’Afrique avoisine les 100 milliards de dollars US et nos investissements cumulatifs y dépassent les 75 milliards de dollars US », a-t-il déclaré.
Outre, cette orientation des affaires étrangères sur la place que le pays du Yoga accorde au continent africain dans ces relations, l’occasion a été donnée aux journalistes de s’imprégner de l’approche indienne face aux défis actuels notamment sur la problématique du changement climatique en rapport avec la résilience des infrastructures.
L’approche indienne face au changement climatique
Face aux défis mondiaux actuels notamment dans le registre du changement climatique, le pays de Mahatma Gandhi a par son leadership introduit auprès des nations unies, une Coalition pour des infrastructures résilientes aux désastres (CDRI).
Lancée par le premier ministre de l’Inde, Narindra Modi, lors du Sommet des Nations Unies sur l’action climatique en 2019, cet outil de lutte se veut une plate-forme pour un partenariat mondial entre les gouvernements nationaux, des agences et programmes des Nations Unies, des banques multilatérales de développement, du secteur privé et des milieux universitaires pour adresser cette problématique. Ainsi depuis août 2022, cette plate-forme bénéficie auprès du gouvernement de l’Inde d’un statut d’organisation internationale par le biais d’un Accord de siège. D’ailleurs au cours de la visite du siège de cette institution à New-Delhi, Ramraj Narasimhan , le Directeur principal chargé de la Gestion des programmes et des supports techniques a exhorté les professionnels des médias à plaider auprès de leurs gouvernements sur la nécessité de s’engager dans cette coalition.
A l’en croire, ce partenariat leur permettra de bénéficier du développement et de la modernisation des infrastructures résilientes pour répondre aux impératifs des objectifs du développement durable visant à élargir l’accès universel aux services de base, à favoriser la prospérité et le travail décent. Cela devra être mis en œuvre simultanément avec une action sur le climat et une réduction des risques de catastrophes accélérées et élargies, de l’échelle locale et nationale à l’échelle régionale et mondiale.
D’autant plus, le CDRI œuvre déjà à aider les pays membres de coalition à améliorer leurs systèmes afin d’assurer la résilience aux catastrophes et au climat des infrastructures existantes et futures. Aussi assure -il que dans cette mission, il sera pleinement aligné sur les objectifs du développement durable, l’accord de Paris relatif au climat et le cadre de Sendai. Pour rappel, à ce jour sauf quatre (4) pays africains sur le continent sont membres de cette coalition, bien que des invitations officielles ont été envoyées à l’ensemble des pays du continent.
Outre cette approche sur la lutte contre les conséquences du changement climatiques à travers la mise en place de cette coalition, le CDRI, la délégation des professionnels a eu l’opportunité de découvrir la méthode indienne pour adresser l’autonomisation des femmes en milieu rural, le lakhpati Didis.
Le Lakhpati Didis
Lancée en 2011 et pilotée par le ministère Indien du développement rural, la stratégie Le Lakhpati Didis consiste à mettre en place dans les zones rurales des groupes d’entraides de femmes qui ne gagnent pas moins d’un dollar par jour ( -600 fcfa). Ainsi, à travers des programmes de formation, basé sur une éducation financière et le développement des compétences, cette initiative du Lakhpati Didi permet aux membres de se lancer dans des projets entrepreneuriaux. Au cours de la visite, les premiers responsables ont révélé qu’à ce jour ce sont plus de 100 millions de femmes dans toute l’Inde qui ont pu être financièrement autonomes grâce à cette initiative. Alors Auparavant ont -il fait savoir, ces femmes issues de différents domaines d’activités, à savoir des activités non agricoles notamment le commerce, l’entreprise et l’industrie manufacturière, etc, et des activités agricoles en occurrence l’agriculture, l’horticulture, le bétail, l’industrie laitière etc, n’arrivaient pas à se structurer.
Au regard de ce modèle la mission de réduire la pauvreté des ménagères en permettant aux ménages pauvres d’accéder à des possibilités d’emploi salarié rémunéré et qualifié, par une amélioration sensible de leurs conditions de vie sur une base durable, grâce à la mise en place d’institutions de base solides pour les pauvres est une réalité.
Du lakhpati Didi de Bhavani au groupe de Diisai, en passant celui de Choti, ces différents groupes d’entraides sont aujourd’hui des modèles de réussites. D’ailleurs à l’occasion, ils exposent leur savoir-faire au festival Saras Aajeevika Mela 2024 qui s’est tenu à Dehli du 13 au 29 octobre 2024. A l’occasion, des produits fabriqués à la main notamment des cintres, des jouets conçus en bambou, ainsi que des vêtements fait mains ont été exposés.
Hier démunies, aujourd’hui ces femmes indiennes grâces à ce programme font des chiffres d’affaires à cinq chiffres en dollars et visent à conquérir l’international.
C’est le lieu d’attirer l’attention des autorités ivoiriennes sur des possibilités d’effectuer des voyages d’immersion auprès de ces institutions car le gouvernement a assuré de sa volonté de faire partager ce modèle de réussite surtout auprès des gouvernements du sud global.
Jean Eden Kouamé (Envoyé Spécial à New Delhi, en Inde)