Vincent Toh Bi, ancien préfet reconverti en tribun mélancolique des réseaux sociaux, nous livre dans cette interview parue dans le nouveau réveil du 17 Avril, une litanie à mi-chemin entre le sermon d’un prophète égaré et le plaidoyer d’un homme indigné par le système qu’il a pourtant servi.
Sa déclaration à la tonalité dramatique, érige l’inclusion comme pilier de la paix, tout en oubliant les fondements juridiques de la République et les évolutions tangibles du pays. À force de vouloir compatir, il finit par caricaturer.
L’inclusion, dogme ou diversion
Vincent Toh Bi, semble vouloir faire de l’inclusion une valeur sacrée, comme si l’État devait accueillir dans son sein tout acteur politique, fussent-ils inéligibles, menaçants ou ouvertement séditieux.
Cette posture romantique oublie un principe fondamental de toute démocratie constitutionnelle, l’élection est un filtre, pas une foire populaire. Elle sélectionne par conformité, non par caprice émotionnel.
Il est absurde de postuler que l’exclusion d’un candidat juridiquement disqualifié équivaudrait à une injustice ou un chaos. Aucun système démocratique, ni en France, ni aux États-Unis, ni au Ghana, n’ouvre ses scrutins à ceux qui n’ont pas satisfait aux conditions d’éligibilité. Ce serait confondre le suffrage universel avec une assemblée de quartier.
Le faux procès de l’inclusion
Ironie du sort, les mêmes partis politiques que Vincent Toh Bi défend aujourd’hui à travers une rhétorique de paix et de pluralisme, furent les artisans d’une crise électorale artificielle en 2020.
Rappelons que le boycott actif, les mots d’ordre insurrectionnels, et la tentative de créer un Conseil National de Transition (CNT) avaient pour finalité d’invalider une élection légale, au mépris des textes et des suffrages exprimés .
Cette stratégie n’était pas sans rappeler les manœuvres de Donald Trump, qui, en 2020, dénonça des fraudes imaginaires pour tenter de se maintenir au pouvoir. Là encore, les institutions ont tenu bon.
Faut-il rappeler à Vincent Toh Bi qu’en Côte d’Ivoire aussi, l’ordre constitutionnel a prévalu face à une tentative de putsch démocratique qu’il n’a jamais condamné.
Élections et exclusions, une règle universelle
Il est fallacieux de prétendre que les exclusions seraient le propre de la Côte d’Ivoire. Toutes les élections sont par nature sélectives, on n’y participe qu’en respectant les règles.
On n’y entre pas par émotion mais par légalité. Lorsque la Cour constitutionnelle française invalide une candidature pour défaut de parrainages, est-ce là une crise ? Non. C’est l’État de droit en action.
L’idée que la démocratie devrait se faire au prix de l’effondrement de ses règles est une dangereuse hérésie. L’inclusion n’est pas l’anarchie.
L’unité nationale n’est pas un buffet où chacun impose sa propre sauce.
La Côte d’Ivoire, progrès masqué par les complaintes
Le plus absurde réside dans la prétendue instabilité du pays. Car les indicateurs de sécurité montrent exactement l’inverse. L’indice général d’insécurité en Côte d’Ivoire est passé de 1.4 en 2012 à 1.2 en 2025, selon les dernières données du conseil de sécurité, marquant une amélioration constante de la sécurité intérieure.
Le pays, malgré les gémissements médiatiques, enregistre une croissance stable, une inflation maîtrisée et des infrastructures modernisées. Ce tableau, loin de l’apocalypse dépeinte par l’ancien préfet, évoque plutôt la marche résiliente d’un État en reconstruction.
Le syndrome du prophète rétroactif
Vincent Toh Bi Irie, dans sa quête de rédemption politique, ressemble à ces généraux retraités qui découvrent les vertus de la paix après avoir armé les discours de division.
On le voit aujourd’hui converti en conscience de la nation, oubliant qu’il fut lui-même serviteur de cet État qu’il semble maintenant condamner.
À trop vouloir compatir, il finit par déformer.
À trop vouloir inclure, il prône l’indiscipline.
À trop vouloir éveiller, il plonge dans le flou. Mais attention. la Côte d’Ivoire consciente vous observe
De la rigueur, pas des pleurs
Non, Monsieur Toh Bi, ce pays n’est pas maudit. Il est juste fatigué des prophètes de malheur, usés par leurs propres contradictions.
La paix ne se décrète pas dans les éditoriaux indignés, elle se construit sur la loi, l’ordre et la responsabilité. Ce n’est pas l’inclusion qui garantit la paix, c’est la fermeté des institutions face à la déraison des ambitions.
Et si vraiment ce pays était maudit, il ne se serait pas relevé des cendres de 2011. Mais il l’a fait, et il continue de le faire, malgré tout. Y compris malgré vous.
Kalilou Coulibaly Doctorant EDBA, Ingénieur