En marge de la rencontre du président de la CEI Coulibaly Kuibiert avec les partis et groupements politiques, les organisations de la société civile et la presse, l’infoexpress a recueilli la réaction de l’honorable Maître Blessy, député à l’Assemblée nationale, par ailleurs secrétaire exécutif chargé des élections, de l’état civil électoral, des listes électorales et de la veille juridique du PDCI.
1-En tant que militant du PDCI, vous êtes venu prendre part à cette rencontre. Quel sens donnez-vous à cette rencontre ?
Je viens en tant que responsable de la haute direction du PDCI-RDA pour participer à la première rencontre organisée par la Commission électorale indépendante avec les partis politiques et les organisations de la société civile concernant les échéances à venir. Vous savez qu’en octobre 2025, il y a de grandes échéances. C’est une question de société, de changement de paradigme, etc. Il était donc important que, lorsque la commission chargée de ces élections convoque une réunion pour instruire sur les modalités de révision de la liste électorale, le PDCI soit présent, pose ses questions, exprime ses inquiétudes, fasse des recommandations, bref, participe activement à cette réunion.
2- Qu’est-ce qui vous tenait particulièrement à cœur ? Donnez-nous une revendication particulière du PDCI.
Le PDCI n’est pas venu pour pleurnicher, pour dire que la période allouée à la révision de la liste électorale n’est pas assez longue. Elle dure 23 jours. C’est vrai qu’il y a des risques d’engorgement, notamment avec les certificats de nationalité qui sont délivrés gratuitement par les tribunaux. Vous savez que l’année dernière, des certificats de nationalité sont restés bloqués au tribunal, car, malgré leur bonne volonté, les juges ne pouvaient pas traiter toute la demande. Cette année, le certificat ne coûte plus 1000 FCFA, mais 0 FCFA. Donc, beaucoup de gens se présenteront devant les tribunaux pour l’obtenir. Le 19, il est possible qu’il n’y ait pas encore beaucoup de monde, mais les gens seront toujours dans les tribunaux. Il faut savoir que ces derniers n’ont pas encore commencé à appliquer cette mesure, car ils n’ont pas encore reçu la circulaire du ministère qui doit enclencher le processus auprès des chefs de juridictions, ce qui pourrait poser problème. Je suis convaincu qu’ils prolongeront cette période, car on ne peut pas faire une révision en trois semaines. C’est habituel en Côte d’Ivoire. Ce qui me tenait à cœur, c’est que vous avez vu le président de la CEI pris à défaut sur TV5 par une journaliste internationale, et cela est très important. J’ai cité des textes de loi, des articles du code électoral et même le texte de la prestation de serment du président de la CEI et de chaque membre de la commission électorale. Il est clairement stipulé que la mise à jour de la liste électorale est annuelle. C’est chaque année. Le président de la République, dans son décret, précise que la révision concerne l’année 2024, ce qui signifie qu’il y aura une autre révision en 2025. Ce n’est pas une demande du PDCI, mais une obligation légale, comme le stipulent les articles 2, 6 et 35. Le président m’a répondu : « Mais quand on le fait, il n’y a pas assez de monde. » Ce n’est pas à vous d’en juger, c’est une obligation légale. Nous partageons la même ambition, à savoir inscrire 4 500 000 Ivoiriens sur la liste électorale. Si la loi nous permet d’avoir une deuxième révision en 2025, faisons-le. Évitons les artifices, car cela peut susciter des soupçons de partialité, ce qui n’est pas bon. C’est ce que j’ai expliqué au président.
3- Cette rencontre vous a-t-elle apporté quelque chose ? Est-ce selon vous une bonne initiative ?
Ça n’apporte rien. Prendre la parole en public pour proposer ou réclamer ne donne rien. Il faut, je pense, adresser une correspondance officielle du PDCI au président de la CEI pour lui rappeler que la loi l’oblige à effectuer une révision de la liste électorale en 2025. S’il ne respecte pas cette obligation légale, il serait parjure, et nous pourrions saisir les juridictions pour contraindre la commission électorale à se conformer à la loi. Il ne faut pas que les Ivoiriens continuent d’ignorer la loi tout en demandant aux autres de l’appliquer. Je lui ai dit : « Cela fait cinq ans que je paie mon assurance sans avoir eu d’accident. La sixième année, je décide de ne pas la payer, et malheureusement, j’ai un accident et tue un homme. Je me retrouve devant un juge qui me condamne. Ce n’est pas un hasard. La loi m’oblige à faire quelque chose, et si je ne le fais pas, je serai pris à défaut. La CEI a une obligation légale à respecter, et ils doivent s’y conformer, c’est tout. »
Fulbert Yao