Présent au Sénat, le mardi 13 décembre 2022, pour présenter son budget-programme, le Garde des sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a été interpellé sur la population carcérale. Cette interpellation visiblement n’a pas été du goût du Garde des sceaux.
« Vous savez, quand on parle de son pays, il faut faire très attention. Je suis très attristé qu’on dise que nos prisons sont des mouroirs, c’est-à-dire des endroits pour tuer, pour laisser mourir. Je me lève contre cela. En tant que responsable administrative, je ne peux pas concevoir qu’on puisse penser un instant que nos prisons sont des mouroirs. », a vigoureusement réagi Sansan Kambilé.
Poursuivant, il a fait l’historique des prisons ivoiriennes. « Vous savez pour parler de certains sujets, il faut avoir les informations exactes. La question de la surpopulation est mondiale. Aujourd’hui en France, il y a 72 000 détenus dans leurs prisons. Nous sommes à 26 000 mais cela est fonction de notre capacité d’accueil. Des prisons que nous avons neuf (09) datent d’avant les indépendances. Grand-Bassam date de 1900, Daloa 1919 ; Séguéla 1932, Adzopé 1936, Tabou 1936, Aboisso 1938, Sassandra 1943, Bouaflé 1950. Celles construites entre 1960 et 1970, il y a en a 16. Les prisons qui ont été construites en 71 et 80, il y a en a 7. Et celles construites entre 81 et 90, il y a celle d’Oumé et nous avons la Maca. Entre 91 et 2018, nous avons Dimbokro. Nous sommes en train construire la prison de San Pedro qui sera fonctionnelle en 2023 ; Guiglo fonctionnelle en 2023 ; la prison de haute sécurité de Korhogo qui sera fin probablement entre 2023 et 2024 et nous envisageons construire une prison de haute sécurité à Abidjan et une prison pour femmes. », a fait savoir Sansan Kambilé.
Selon lui, l’évaluation du coût de réhabilitation de 11 prisons et de construction de nouvelles prisons s’élève à 1000 milliards de francs CFA. Il a attiré l’attention des Vénérables sénateurs sur la délicatesse de la question de la surpopulation carcérale. « Nous avons mis en place une alternative à la prison, les travaux d’intérêt général. Vous me demandez de lutter contre la surpopulation, je dis oui, je fais sortir les délinquants, on va me taper dessus, c’est ça le problème. Vous avez des criminels qui sont prison, leur place, c’est en prison, ce n’est pas dehors. (…). L’Etat fait des efforts et nous sommes en train de régler la question de surpopulation, mais nos prisons ne sont pas des mouroirs. », a insisté le ministre de la Justice.
Sur le ratio magistrat/justiciables, il a indiqué que celui-ci se chiffre à 1 magistrat pour 37 500 personnes et que la formation des magistrats est tributaire du Budget de l’Etat. La Côte d’Ivoire compte 754 Magistrats dont 212 femmes et 542 hommes.
Traoré Yacouba Diarra