Au troisième jour des manœuvres militaires, le lundi 10 avril 2023, la Chine affirme avoir « achevé avec succès » ses exercices ayant visé pendant trois jours l’île « rebelle » de Taïwan revendiquée comme une de ses provinces. Au cours de cette nouvelle opération baptisée « Épée tranchante commune », des « frappes ont été simulées » près de Taïwan par des avions chinois « transportant des munitions réelles», fait savoir Pékin. « Si la patrie a besoin de moi, j’en serai le gardien. Pour protéger nos montagnes et protéger notre peuple, soyez assuré, nous serons toujours là ! » dit l’un de ces chants militaires créés pendant cette démonstration de force de la puissance militaire chinoise.
Dans la journée de lundi, la Chine avait mené des exercices à tirs réels dans le détroit pour simuler un « bouclage » de l’île. La Chine avait affirmé avoir mobilisé son porte-avions Shandong ainsi que des avions de chasse « transportant des munitions réelles » pour mener des « frappes simulées » près de Taïwan.
Des tirs réels ont été opérés au large de l’île chinoise de Pingtan, un petit archipel de 450.000 habitants. Le site a été choisi symboliquement : c’est le point le plus proche depuis la Chine des côtes taïwanaises, situé à 130 kilomètres environ des côtes de Taiwan et 190 km de la capitale Taipei.
En parallèle, elle a condamné l' »intrusion illégale » d’un destroyer américain dans un secteur de mer de Chine méridionale revendiqué par Pékin. Cette déclaration est intervenue après que la marine américaine a annoncé que l’USS Milius ait mené une « opération de liberté de navigation » à moins de 12 milles nautiques (environ 22 km) du récif Mischief, revendiqué par la Chine et d’autres pays de la région.
Cette campagne est la réponse de la Chine à la visite de la dirigeante de Taiwan, Tsai Ing-wen en Californie au président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy. Pékin avait promis une réponse musclée à cette visite Pékin a comparée à des « actes de collusion gravement erronés » entre les États-Unis et Taïwan. « La Chine prendra des mesures déterminées et efficaces pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale », a réagi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, sans mentionner explicitement des exercices militaires. La Chine avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan en août dernier, lorsque la démocrate Nancy Pelosi, prédécesseure de Kevin McCarthy au Perchoir, s’était rendue à Taïwan.
Au nom du principe d’une seule Chine, Pékin considère comme insupportable tout contact officiel entre Taïwan et les États-Unis. C’est une « ligne rouge » à ne pas franchir d’où cette réponse ferme et visible. « En nous concentrant sur la capacité fondamentale de préparation au combat et de destruction efficace, nous sommes prêts à l’action avec des bombes opérationnelles », a assuré un porte-parole de l’armée chinoise, Deng Yong.
Ces manœuvres militaires sont un message de la Chine destinées à montrer aux Américains que Taiwan demeure une partie à part entière du continent. Pour les aux autorités chinoises, l’île doit revenir dans le giron national comme Hong Kong et Macao. Dans une récente offensive de charme, Pékin a promis qu’après la réunification, l’île pourrait conserver son mode de vie, avec un degré d’autonomie élevé. Les Chinois considèrent la réunification avec Taïwan comme une priorité absolue, mais ils n’ont, à ce jour, fixé aucune échéance officielle.
La paix dans le détroit de Taïwan et l’indépendance de l’île sont incompatibles, a averti le gouvernement chinois, au troisième jour d’exercices militaires dans cette zone. « L’indépendance de Taïwan et la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan s’excluent mutuellement », a ainsi déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors d’un briefing régulier. » Si nous voulons protéger la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, nous devons nous opposer fermement à toute forme de séparatisme pour l’indépendance de Taïwan », a-t-il averti.
Nomel Essis avec RFI et Franceinfo