Alors que le Djidji Ayokwe, tambour sacré du peuple Atchan (Ébrié, peuple au sud de la Côte d’Ivoire), s’apprête à revenir sur la terre de ses ancêtres après plus d’un siècle d’exil, un hommage inédit et marquant lui est rendu… à plus de 700 kilomètres d’Abidjan, dans les salles de cours de l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), à Lomé.
En effet, dans le cadre de son mémoire de fin d’études, COULIBALY Chigata Isaaq-Elisée, étudiant ivoirien en Master 2 d’Architecture, a mis en valeur l’héritage du tambour sacré à travers un projet architectural intitulé
« Proposition d’un pôle d’échange intermodal à Abidjan – Côte d’Ivoire inspiré du Djidji Ayokwe. »
Avec ce projet audacieux, le jeune architecte redonne vie à un symbole historique. Comme un écho moderne au tambour qui, autrefois, rythmait la vie des villages lagunaires, le pôle d’échange qu’il imagine devient un « tambour urbain », un lieu où se croisent les gens et les cultures.
Conçu comme un carrefour des transports — terrestres et lagunaires — mais aussi comme un espace culturel, le projet allie modernité et tradition. La sculpture de la panthère sur le Djidji Ayokwe, symbole de force et d’autorité, inspire la forme architecturale, affirmant la place de la mémoire locale dans le paysage urbain d’Abidjan.
La valeur culturelle, l’innovation technique et la dimension symbolique du projet ont séduit le Grand Jury international de l’EAMAU. COULIBALY Isaaq-Elisée a reçu le Prix de l’Innovation en Architecture, une distinction rare pour un mémoire de fin d’études.
Son succès ne s’arrête pas là : il a aussi remporté le Prix du Meilleur Étudiant de sa promotion, devant plus d’une centaine de candidats venus de quatorze pays africains. Avec une moyenne générale de 14,95/20 sur l’ensemble de ses dix semestres d’études, il incarne la rigueur, la créativité et la profondeur intellectuelle.
Alors que la Côte d’Ivoire s’attache de plus en plus à valoriser ses talents et son patrimoine culturel, le parcours d’Isaaq-Elisée mérite d’être soutenu et mis en lumière. Ce jeune architecte, digne représentant de l’intelligence ivoirienne, souhaite désormais poursuivre ses études en Europe pour approfondir ses recherches sur l’architecture culturelle et urbaine africaine.
Il appartient à l’État de Côte d’Ivoire de reconnaître et de récompenser ce mérite en lui accordant une bourse d’excellence pour la suite de son parcours, comme le font beaucoup d’autres pays pour leurs meilleurs talents. Investir dans ce jeune homme, c’est investir dans une Côte d’Ivoire ambitieuse, ancrée dans ses traditions, créative et tournée vers l’avenir.
Alors que la nation se prépare à accueillir le retour du Djidji Ayokwe, ce projet rappelle que le patrimoine ne se limite pas aux musées : il vit aussi dans les idées, les gestes et les créations d’aujourd’hui.
Par son projet, COULIBALY Chigata Isaaq-Elisée relie tradition et innovation, mémoire et mouvement, et rend hommage à un élément essentiel de l’identité ivoirienne, avec une vision architecturale profondément ancrée et tournée vers l’avenir.
E.A