En plus des transactions dont ils ne bénéficient pas réellement des retombées, au regard de la faible marge bénéficiaire (un taux de gain de 4%), les gérants de cabines téléphoniques et tenanciers de points de mobile-money sont de plus en plus victimes d’agressions et d’arnaques.
Trois hors-la-loi sont prêts à investir, en pleine journée, un point de mobile-money situé dans le quartier Avocatier dans la commune d’Abobo. L’intention de ce gang est d’opérer un braquage et de s’emparer de la caisse du gérant. En fins stratèges, les malfrats décident de prendre un pot dans un maquis non loin de là, le temps de prendre le pouls de la situation. Après une heure, les bandits, armés de pistolets automatiques, pénètrent dans le point de vente. Fulbert, le jeune tenancier et ses clients sont tous menacés à l’arme. Soucieux de ne voir quelqu’un prendre une balle, Fulbert obtempère et vide sa caisse. Comme si la somme était insuffisante, les 3 individus dépouillent aussi les clients avant de prendre la fuite. Bilan du préjudice, 2 millions de F Cfa emportés. Cette scène réelle n’est certes pas propre à tous les gérants de point de transferts de crédits d’appel et d’argent, mais traduit bel et bien les dangers auxquels ils sont exposés. Les acteurs de ce secteur dit informel sont estimés à près de 100 000 sur toute l’étendue du territoire national. C’est un perpétuel bras de fer qu’ils mènent avec les bandits et autres arnaqueurs tapis dans l’ombre.
Et ce, afin de sécuriser les flux importants de ressources financières générées par leurs différentes transactions. Exerçant à ciel ouvert ou dans des box, ils en sont conscients. Mais Kanon André, tenancier de point de vente à Treichville s’en remet au bon Dieu et se fie à la bonne foi du voisinage. « Vous savez, l’argent attire toujours le regard, surtout là où il y a des transactions. Mais grâce à Dieu, je n’en ai pas encore été victime. Vu que nous nous connaissons tous au quartier, je ne pense pas que quelque chose puisse se passer. Les gens savent à qui ils ont affaire. Je suis familier des habitants du quartier. S’il doit y avoir vol, cela devrait venir de personnes étrangères », rassure-t-il. Puis, il précise que les délinquants évitent sûrement les gérants à ciel ouvert, assis sous des parasols et devant leur caisse, par peur d’être pris à partie par les riverains. « Mais sait-on jamais », prévient-il. Par peur de se faire tirer dessus la prochaine fois, certaines victimes exerçant dans des magasins ont dû tout arrêter.
Quand les arnaqueurs s’en mêlent
Ces escrocs ont une imagination fertile. La démarche qui consiste à appeler et se faire passer pour un proche ou une connaissance, puis demander de l’aide est démodée. De nouvelles techniques frauduleuses sont élaborées chaque jour au détriment des naïves populations et des gérants de cabine et tenanciers de points de vente. Ces arnaqueurs mettent tout le monde dans le même panier. Mais, les gérants de points de transfert d’argent, plus informés, les évitent facilement avec un peu de vigilance. Ce n’est pas toujours le cas selon Koffi Raoul, jeûne diplômé d’université, dans le milieu depuis près de 5 ans et résidant dans la commune d’Abobo. « Mon collègue a reçu le mois dernier, un appel à partir de sa puce mobile Money. Et sur un ton de responsable, l’interlocuteur au bout du fil lui a demandé s’il n’avait pas reçu un message d’un opérateur l’informant qu’il venait de recevoir un lot de cadeau. Mon collègue a dit qu’il n’avait rien reçu. Loin de se décourager, l’escroc invente une autre scène. Il prétend qu’il a effectué une transaction et s’est trompé sur le numéro. Il ressort le nom du fournisseur », confie-t-il. Et, de poursuivre : « Puisque mon collègue était débordé. Vu l’affluence de la clientèle, il n’a pas eu la présence d’esprit de se rassurer auprès du fournisseur en lui passant un coup de fil. Après avoir composé une syntaxe à la demande de l’inconnu au bout du fil, il s’aperçoit que tout son compte Mobile money est vide. Mais c’était trop tard. Mon collègue venait de se faire arnaquer ». Mais comment font-ils pour s’approprier les numéros des puces mobile-money ? Un gérant qui requiert l’anonymat nous révèle que le procédé est simple.
« Lorsque vous effectuez une opération, le message qui s’affiche sur votre téléphone en vous informant que vous avez reçu un transfert d’argent ou de crédits d’appels, précise également le numéro mobile money ou e-recharge du tenancier. Les malfrats se servent de cela ».
Isaac Kroman