Pour transformer une grande partie de son cacao, le premier producteur mondial de la fève brune se tourne vers la Chine pour financer ce projet qui tient à cœur le régime d’Abidjan.
L’État ivoirien, via le ministère de l’Économie et des Finances, a validé les projets de deux usines de broyage de cacao et de construction d’une dizaine d’entrepôts de stockage dans le pays.
Pour financer ces projets, le gouvernement envisage d’emprunter environ 330 millions d’euros, soit près de 217 milliards de Fcfa auprès de banques chinoises, sur garantie souveraine de l’État ivoirien.
L’octroi du crédit sera facilité par le partenaire asiatique du Conseil café cacao (CCC), la China Light Industry Design Co Ltd (CNDC) qui est une entreprise publique chinoise active dans les projets d’ingénierie, de passation de marchés, de construction et de mise en service dans l’industrie légère, l’agro-industrie ou encore la médecine. Sa maison mère est le conglomérat d’État China Haisum Engineering Co, coté à la Bourse de Shenzhen, où sa valorisation frôle 3 milliards de dollars.
Les fonds obtenus seront remboursés sur les revenus du CCC tant dans la fiscalité du secteur du cacao en Côte d’Ivoire, que dans la mise en relation entre exportateurs et négociants, d’une part, et les producteurs locaux de l’or brun.
Evoqué dès la fin 2019, le projet prévoit la construction d’unités industrielles de transformation de cacao à Abidjan et à San Pedro, d’une capacité de 50 000 tonnes, avec pour objectif une revalorisation des revenus des producteurs qui tirent le diable par la queue.
Le CCC entend aussi construire deux entrepôts pouvant stocker 150. 000 tonnes chacun, qui devraient permettre de contrôler la mise sur le marché du cacao et, par là, influencer l’offre et les cours de cette matière première, une des mamelles de l’économie ivoirienne.
« C’est la vision du président Alassane Ouattara que nous exécutons, pour permettre aux paysans d’avoir un prix décent. Ce plan ne nous mettra plus sous la pression du marché international » a confié à Jeune Afrique, Yves Koné, le directeur général du CCC. Une école de formation de formation aux métiers du chocolat est prévue. Le site d’Abidjan sera bâti dans la nouvelle zone industrielle du PK 24 d’Akoupé-Zeudji, au nord de la capitale économique.
Par le passé, la Banque chinoise d’import-export, China Exim Bank, a déjà financé l’extension du port d’Abidjan durant la décennie passée.
China Exim Bank connaît également l’industrie du cacao ouest-africain, pour avoir financé déjà les opérations du Cocobod, régulateur de ce secteur au Ghana.
Industrial and Commercial Bank of China ainsi que China Development Bank sont également très actives dans le financement de projets en Côte d’Ivoire.
Depuis deux ans, la Côte d’Ivoire et le Ghana oeuvrent à la création d’une « Opep du cacao » pour influencer les cours mondiaux. Les deux États qui représentent plus de 60% de l’offre mondiale ont instauré à partir de la campagne de commercialisation de la récolte 2020-2021, un mécanisme de différentiel de revenu décent (DRD) de 400 dollars la tonne sur tous les contrats conclus avec les négociants et exportateurs.
Nomel Essis