Retrouvé mort au CHU de Cocody après avoir été enlevé dans une cave à Angré-Petro Ivoire et déporté au campus universitaire de Cocody, l’âme de Déagoué Zigui Mars Aubin dit « Général Sorcier » semble plus puissante que la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) au sein de laquelle il a longuement été un redoutable militant actif. Les événements qui ont suivi la découverte de sa dépouille, dans un rythme effréné, l’attestent aisément.
Comme on le dit trivialement en Côte d’Ivoire, « ce ne sont pas toutes les âmes qui s’en vont sans réclamer justice ». Il semble que c’est bien à cela que l’on assiste après la découverte dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, du corps sans vie, portant des signes de torture, de « Général Sorcier ». Les choses sont allées vite. En tout cas, à la vitesse d’un éclair. Après le communiqué du Procureur de la République rassurant les Ivoiriens de traquer les auteurs de ce crime odieux pour qu’ils répondent de leur acte ignoble, un communiqué du gouvernement interdisant toutes activités syndicales en milieu universitaire en Côte d’Ivoire a suivi. Les heures qui ont suivi, Kambou Sié, Secrétaire général national de la FESCI et 5 de ses « lieutenants » ont été mis aux arrêts car présumés coupables de l’assassinat de leur « camarade de lutte ». Sept autres sont activement recherchés dans cette même affaire. S’en est suivi le déguerpissement des étudiants illégalement logés dans les cités universitaires. Une opération musclée d’assainissement lancée conjointement par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La mort de Déagoué Zigui permet de mettre de l’ordre dans l’environnement universitaire.
Face à cette situation qui continue de faire couler encre et salive, Eveline Kouamé, membre d’une plateforme de développement, est montée au créneau. « Comment des étudiants ont-ils pu en arriver à ce stade de la cruauté humaine ? Je dirais simplement à cause de la négligeance, du laxisme et de la démission des autorités ivoiriennes », accuse-t-elle d’entrée.
Poursuivant, elle n’a pas manqué de s’indigner du laxisme avec laquelle la question FESCI a été traitée jusqu’à ce drame. « Ce n’est pas la première fois que la FESCI est citée dans des affaires aux allures mafieuses. Je crois que les gouvernants qui se sont succédé dans ce pays ont été longtemps irresponsables si bien que la nébuleuse FESCI a étendu son champ d’actions macabres. On aurait évité tout cela si nos autorités avaient pris leurs responsabilités », critique-t-elle.
Compatissant à la douleur de la famille et autres proches du défunt, Eveline Kouamé a conclu son message en demandant aux autorités ivoiriennes de prendre effectivement leurs responsabilités pour ce qui concerne la FESCI et toutes les autres organisations syndicales estudiantines en Côte d’Ivoire. « Il est temps que nos autorités prennent effectivement leurs responsabilités pour réguler la vie syndicale en milieu universitaire en Côte d’Ivoire. L’école s’en portera mieux », a-t-elle conclu.
Fulbert Yao