La Journée mondiale de l’habitat et la Journée mondiale de l’architecture a été célébrée le 6 octobre 2025. A cette occasion, le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné s’est prononcé sur les enjeux de l’explosion urbaine observée en Côte d’Ivoire depuis 1975.
Chaque premier lundi du mois d’octobre, la communauté internationale célèbre deux journées complémentaires et porteuses de sens : la Journée mondiale de l’Habitat, instituée par les Nations Unies, et la Journée mondiale de l’Architecture, promue par l’Union Internationale des Architectes.Ces deux célébrations se rejoignent cette année autour d’une même conviction : il nous faut répondre à la crise urbaine en concevant la résilience. Elles nous rappellent que le logement et l’architecture ne sont pas seulement des réalités techniques ou économiques, mais des expressions profondes de la dignité humaine et des piliers essentiels de la stabilité sociale.Notre monde traverse une période de bouleversements profonds. Conflits, dérèglements climatiques, catastrophes naturelles et pressions démographiques fragilisant les villes, qui deviennent à la fois refuges et lieux d’expression des inégalités. Plus de 122 millions de personnes sont aujourd’hui déplacées de force à travers le monde, et près de 60% d’entre elles trouvent refuge dans des milieux urbains. Ces chiffres nous interpellent : les villes sont désormais au cœur des crises, mais elles sont aussi au cœur des solutions.En Côte d’Ivoire, l’urbanisation progresse à un rythme soutenu. Plus de 53,5% des Ivoiriens vivent aujourd’hui en milieu urbain, contre à peine un tiers en 1975.
Cette dynamique témoigne d’une vitalité économique et d’une aspiration légitime à de meilleures conditions de vie. Mais elle s’accompagne aussi de nouveaux déséquilibres : étalement urbain non maîtrisé, insuffisance d’équipements de base, précarité du logement et pressions croissantes sur les infrastructures.Dans nos grandes villes comme Abidjan, qui concentre à elle seule près de 40% de la population urbaine, mais aussi à Bouaké, San Pedro, Korhogo, Yamoussoukro et dans bien d’autres centres, la croissance démographique et la rareté du foncier accroissent les tensions et la vulnérabilité urbaine. C’est pourquoi, plus que jamais, nous devons repenser nos villes : les rendre plus inclusives, mieux planifiées, plus sûres, et surtout plus résilientes face aux crises.Sous la haute autorité de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, le Gouvernement s’est résolument engagé à transformer ces défis en leviers de développement.
Le Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, que j’ai l’honneur de conduire, traduit cette ambition à travers des réformes structurelles et des programmes concrets.Nous avons d’abord fait de la planification urbaine durable la clé d’une urbanisation maîtrisée.
Le Schéma Directeur d’Urbanisme du Grand Abidjan (SDUGA 2040), les Plans d’Urbanisme Directeurs (PUD) des chefs-lieux de région et de département, ainsi que le Projet d’Adressage du District d’Abidjan (PADA) et celui des villes de l’Intérieur du pays, traduisent cette volonté d’organiser la croissance urbaine pour la rendre inclusive et connectée aux besoins des citoyens.
Ces outils modernisent la gouvernance urbaine, favorisent la mobilité et contribuent à renforcer la sécurité.Ensuite, la sécurité foncière constitue l’un des fondements de la stabilité et de la paix sociale. À travers le Système Intégré de Gestion du Foncier Urbain (SIGFU) et l’instauration de l’Attestation de Droit d’Usage Coutumier (ADU), la Côte d’Ivoire se dote de mécanismes modernes et transparents de gestion du foncier. Ces réformes offrent à nos concitoyens la garantie d’une propriété sécurisée, tout en renforçant la confiance des investisseurs et la justice territoriale.
Le troisième axe de notre action concerne la promotion d’un habitat digne, accessible et résilient. Le Programme Présidentiel de Logements Sociaux et Économiques en constitue la traduction la plus concrète. Des projets d’envergure sont en cours à Akoupé-Zeudji PK24, Bouaké, Grand-Bassam, San Pedro et Yamoussoukro, après ceux déjà engagés à Songon, Modeste, Bingerville et Yopougon. Ils visent à offrir aux ménages modestes des logements décents, durables, bien localisés et économiquement accessibles, dans des environnements urbains mieux équipés et plus cohérents.
Au-delà de la simple construction, ce programme incarne une nouvelle politique de la ville, fondée sur la mixité sociale, la proximité des services essentiels et le respect du cadre de vie. Il traduit la volonté du Gouvernement de faire du logement un instrument d’inclusion, de cohésion et de progrès, au service du bien-être de tous les citoyens.Enfin, la résilience urbaine et architecturale constitue le quatrième pilier de notre action. Concevoir la résilience, c’est bâtir autrement : en intégrant les risques, en préservant le patrimoine, en privilégiant la qualité et la durabilité des constructions.
À travers des projets comme le Projet d’Aménagement des Quartiers Restructurés d’Abidjan (PAQRA) et le Projet AQABA à San Pedro, notre pays démontre que l’urbanisme peut être un instrument de justice sociale, d’inclusion et de stabilité. La résilience urbaine se traduit ici par des actions concrètes : améliorer les conditions de vie, sécuriser le foncier, renforcer les infrastructures d’assainissement et préserver les liens communautaires.
L’architecture, dans ce contexte, joue un rôle fondamental. Elle n’est pas seulement un art de bâtir ; elle est un acte de mémoire et de reconstruction. Comme le rappelle l’Union Internationale des Architectes, l’architecture est un instrument de paix, de cohésion et d’espérance. Elle relie les générations, préserve l’identité des territoires et donne un visage à la modernité ivoirienne. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire s’engage à promouvoir une architecture responsable, respectueuse de la vie et du climat ; inclusive, valorisant le génie local et les savoir-faire artisanaux ; et résiliente, capable d’affronter les chocs du temps tout en affirmant notre identité nationale.Mais ces ambitions ne peuvent se concrétiser sans une mobilisation collective.
Les collectivités territoriales, les architectes, les urbanistes, les promoteurs, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les citoyens, doivent être les acteurs de cette transformation. Chacun, à son niveau, a la responsabilité de contribuer à une Côte d’Ivoire urbaine, solidaire et durable, où l’habitat et l’architecture deviennent les fondations de la dignité humaine et du vivre-ensemble.Construire des villes résilientes, c’est bâtir la paix. Concevoir des architectures fortes, c’est affirmer la confiance dans l’avenir.
Répondre à la crise urbaine, c’est choisir la cohésion, la solidarité et la durabilité.En cette double célébration, la Côte d’Ivoire réaffirme sa détermination à bâtir des villes à visage humain, où chaque citoyen trouve sa place, sa sécurité et son espoir.Vive la Journée mondiale de l’Habitat ! Vive la Journée mondiale de l’Architecture ! Vive la Côte d’Ivoire urbaine, résiliente et solidaire !Je vous remercie.
Bruno Nabagné KONÉ