Le coup de fil passé début septembre 2021 entre le président américain, Joe Biden et son homologue chinois, Xi Jinping inaugure une ère de coexistence pacifique entre les deux puissances mondiales. Ce premier échange téléphonique, après sept mois de silence radio, rappelle quelque peu la période de dégel installé entre les Etats Unis d’Amérique et l’Urss suite à la crise des fusées de Cuba en octobre 1961 où le monde a échappé de peu à une apocalypse nucléaire. Devant la catastrophe que provoquerait un affrontement entre elles, les deux puissances nucléaires ont décidé de mettre balle à terre et de coopérer sans pour autant mettre fin à leurs rivalités séculaires. Visiblement, Joe Biden qui s’est rendu à l’évidence qu’un bras de fer avec la Chine est improductif et nuisible, a brisé le mur de méfiance en établissant le « téléphone rouge » entre Washington et Pékin comme au temps de la guerre froide. Le locataire de la Maison blanche a fait passer le message selon lequel les Etats-Unis veulent s’assurer « que la dynamique reste concurrentielle et que nous n’ayons pas de situation à l’avenir où nous allons vers un conflit imprévu », a révélé un haut responsable de l’administration américaine. « Nous sommes pour une concurrence acharnée mais nous ne voulons pas que cette concurrence dégénère en conflit », a dit un haut responsable sous couvert d’anonymat. Le but de la conversation téléphonique de ce jeudi était de mettre en place des garde-fous afin que la relation entre les deux pays soit « gérée de manière responsable », pour « que l’on atteigne vraiment une situation stable entre les Etats-Unis et la Chine », a-t-il ajouté. Le président chinois n’a pas manqué de rappeler que l’hostilité entretenue par les USA contre son pays a causé de « sérieuses difficultés » pour les relations bilatérales, selon un média d’État. « Nos deux pays et le monde entier souffriraient en cas de confrontation sino-américaine », a indiqué Xi Jinping au locataire de la Maison Blanche. « L’avenir et le destin du monde dépendent de la capacité de la Chine et des États-Unis à bien gérer leurs relations. C’est la question du siècle, à laquelle nos deux pays devront répondre », a ajouté le premier responsable du Parti communiste chinois (PCC). Il a accusé une nouvelle fois les États-Unis d’être responsables de la détérioration des relations entre les superpuissances, en se mêlant en gros de ce qui ne les regarde pas selon Pékin sur des questions comme le Xinjiang, le Tibet, Hongkong ou les revendications chinoises sur Taïwan et les mers de Chine. Les relations entre les USA et la Chine sont passées par un moment difficile sous Donald Trump, qui avait lancé une guerre commerciale entre les deux premières puissances mondiales. Tout en défendant le multilatéralisme et en appelant à la fin de la politique de « l’Amérique d’abord » de l’ex-président républicain, l’administration Biden a maintenu les droits de douane et garde une ligne dure sur d’autres points de contentieux de la relation avec Pékin. Cet appel téléphonique vient mettre fin à l’impasse diplomatique qui est devenue intenable et potentiellement dangereuse pour les USA.
Nomel Essis